Personnaliser vos contenus
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Mise en place depuis 2019, la co-intervention suscite chez nombre d’entre nous beaucoup d’interrogations concernant sa mise en œuvre. Ma première situation de co-intervention fut désastreuse : je n’avais aucune idée de la posture à adopter, malgré des séances rigoureusement préparées. Par ailleurs, les absences de l’une ou l’autre collègue ont questionné la posture du collègue restant : que faire ?
J’étais tentée de tenir le programme, mais il n’était pas l’objet de me réincarner en enseignante d’optique-lunetterie… J’avais également des difficultés à apporter une dimension littéraire à l’approche, sans doute ne sachant pas, du haut de ma petite expérience, proposer ces éléments à une collègue déjà très expérimentée. Ce qui questionne une forme de “gradient d’autorité” pour reprendre une métaphore aéronautique.
Quelques années après, et forte d’une expérience en la matière, voici quelques conseils afin de vous aiguiller et vous accompagner dans vos préparations et vos pratiques. Il vous sera fort utile de consulter en amont le Vade-mecum co-intervention pour disposer des éléments nécessaires à la mise en œuvre de votre pédagogie.
Il est important, en tout premier lieu, de prendre connaissance du référentiel de l’enseignement co-disciplinaire du vôtre. Chaque filière d’enseignement professionnel dispose d’un référentiel d’activités professionnelles (pour exemple, celui de la filière optique-lunetterie). Ce document peut représenter le point de départ de la réflexion commune quant aux objets d’étude à explorer dans le cadre de la co-intervention.
Ainsi, en consultant le référentiel, il est mentionné, page 93, un bloc de compétences relatif à la vente. Cela nous a donc permis, avec les collègues d’enseignement professionnel, d’envisager une séquence à propos de l’échange oral avec les clients. Ceci s’inscrit à la fois dans la perspective d’étude et l’objet d’étude de seconde en Bac pro la parole, le théâtre, l’éloquence. La filière en question ne se limite donc pas aux pratiques de conception de montures, mais englobe également un pôle non négligeable d’activités tertiaires, ici telles que la vente et la gestion.
Il faut veiller à investir l’enseignement général, non seulement dans la perspective d’étude lire, dire, écrire le métier (pour la co-intervention en français), mais aussi en interrogeant les objets d’étude disciplinaires relatifs au niveau d’étude.
L’objet d’étude s’informer, informer : les circuits de l’information (classe de seconde Bac pro) ne représente, à première vue, que peu de champ d’étude à explorer dans le cadre de la co-intervention français… Pourtant, celle-ci peut être exploitée pour une séquence sur la lecture d’image, transversale et adaptable à chaque filière d’enseignement. Elle est dans ce cas mobilisable pour la filière MRC (Métiers relation clients), où les élèves auront comme finalité de travailler l’étude de l’image au service de l’actualité économique et sociale. La proposition est inspirée de ce site, où vous retrouverez par ailleurs plusieurs propositions pour la filière AGORA.
Ainsi, l’analyse de l’image peut être interrogée dans n’importe quelle filière d’enseignement. De plus, il est judicieux de concevoir les situations abordées en co-intervention en lien avec les objectifs et objets d’étude de chaque discipline d’enseignement.
Afin de ne pas se retrouver à court d’idées durant l’année, il est important d’établir une progression annuelle dès le début de l’année scolaire en concertation. Par ailleurs, beaucoup d’objets d’études peuvent s’inscrire dans une temporalité qu’il est intéressant de prendre en compte dans la construction d’une progression annuelle.
Ainsi, en classe de 1ère Bac pro, l’objet d’étude créer, fabriquer, l’invention et l’imaginaire, tout comme celui de seconde Bac pro s’informer, informer, les circuits de l’information peuvent être respectivement mis en œuvre dans un contexte relatif au Printemps des poètes, ou lors de la Semaine de la presse et des médias, ce qui peut inviter à une planification disciplinaire et pour la co-intervention durant le mois de mars (ou dans les environs).
S’il est nécessaire d’établir une progression annuelle, celle-ci sera plus efficiente avec la conception d’un tableau synoptique commun. Celui-ci vous permettra d'avoir une photographie complète et concrète des situations annuelles, tout en établissant un calendrier (mensuel ou par séance), donnant à voir les vacances scolaires, les PFMP et d’éventuelles séances mobilisées à divers titres (projets d’établissement ou transdisciplinaires, etc.).
Poser une situation problématique professionnelle de départ (voir ici un exemple, ou en p.24 du Vade-mecum co-intervention) est essentiel afin de fixer un point de départ problématisé pour chaque séquence.
La problématisation de chaque situation de travail est un avantage à divers titres : elle permet en premier lieu d’identifier de façon concrète les contraintes d’une situation posée et va questionner, au moyen du déroulé de la séance, les éléments à prendre en compte et à mettre en œuvre afin de trouver résolution à cette situation posée, et enfin les objectifs à atteindre.
Comment développer chez nos élèves leur sens des initiatives et leur apprendre à gérer leurs émotions ? Comment leur apprendre à apprendre, afin d’être à l’aise et épanouis dans le milieu scolaire ?
La finalité de la co-intervention étant au service du champ disciplinaire, il est donc nécessaire de travailler capacités et compétences au service de cette finalité. Compte tenu du volume horaire limité au regard des disciplines d’enseignement traditionnelles, il faudra veiller à conserver, au moyen d’objectifs posés et éventuellement d’évaluations, une finalité utile.
Beaucoup d’élèves, au début de leur parcours scolaire en lycée professionnel, peinent à se positionner face à la co-intervention. Déterminez des objectifs à atteindre et effectuez une classification : quelles seront les compétences à mettre au service de la tâche intermédiaire ? Celles à mobiliser pour la tâche finale ? N’hésitez pas à inclure dans vos progressions des situations que les élèves rencontreront en PFMP. Ces objectifs, adossés ou non à un processus d’évaluation, doivent donc permettre d’entretenir la progression vers la finalité désignée.
Diverses situations d’apprentissage s’offrent à vous : co-enseignement (même espace et même rôle) ; co-présence (même espace mais rôle différent) ou co-intervention (même espace et mêmes rôles et/ ou rôles différents). L’académie de Nantes propose une mise au point de ces différentes situations pédagogiques.
Il conviendra, suivant les situations ou les capacités que vous souhaitez cibler pour chacune des séances, de choisir la méthode d’intervention qui vous semble la plus adaptée. Avec le temps et l’expérience, ces éléments vous viendront naturellement.
Avant de mettre en forme votre progression pédagogique commune, écrivez une charte. Faites-y figurer ce qui vous semble important : équité de la parole, équité du travail fourni, ce que vous pensez pouvoir apporter à cette collaboration, etc.
En plus des objets d’étude, il faut engager, dans le cas de la co-intervention français, la perspective d’étude lire, dire, écrire le métier. Elle concerne en premier lieu l’appropriation lexicale relative à une filière donnée, surtout en classe de seconde (CAP ou Bac pro). Cela permettra à l’élève de disposer d’éléments concrets afin de penser, lire, dire et écrire les tâches et les outils, notamment lors d’oraux de PFMP ou de mises en situation professionnelles.
Suivant les situations professionnelles problématiques que vous aurez déterminées ensemble, établissez des mises en situations orales et/ou écrites en lien avec la filière en question.
Dans le cas de la co-intervention français, certains romans sont plébiscités : Au bonheur des Dames de Zola, pour la vente et le conseil à la clientèle ; À la ligne, feuillets d’usine de Joseph Ponthus, pour le milieu ouvrier ; ou Stupeur et tremblements d’Amélie Nothomb, qui permet d’interroger les rapports internes entre les membres du personnel d’une entreprise.
Vous pouvez également vous tourner vers les écrits professionnels ou documentaires afin de compléter les références. Il peut être judicieux d’interroger des domaines tels que de la sécurité, de l’éthique du métier, de la communication, de la relation avec l’usager / le client / le patient ou des relations hiérarchiques. Concernant les documentaires, l’académie de Nice vous propose une petite anthologie de ressources à mobiliser suivant les filières concernées.
Vous pourrez également, suivant la filière dont vous disposez, envisager d’autres références littéraires. La recherche peut s’avérer plus facile pour certaines filières que pour d’autres : concentrez dans ce cas vos recherches vers les domaines pré-cités.
Si le principe de la co-intervention réside dans la mise en commun de deux champs disciplinaires, cette finalité ne se retrouve pas lors des examens finaux, hormis dans le cadre du chef d'œuvre. En d’autres termes, il n’y a pas d’épreuve de co-intervention aux épreuves certificatives du CAP ou du BAC PRO. Déterminez avec votre collègue les modalités d’évaluation de la co-intervention (des directives suivant les établissements sont peut-être établies : renseignez-vous à ce sujet).
Il faut donc convenir à deux de la démarche d’évaluation et de notation : les notes sont-elles renseignées dans chaque socle disciplinaire ? La co-intervention sera-t-elle reconnue comme discipline à part entière, avec notation et appréciation, sur le bulletin scolaire ? Il faut par ailleurs se renseigner sur les pratiques d’établissement quant à la mise en œuvre concrète de la co-intervention.
Concernant les lettres, des compétences transversales, telles que la maîtrise de la langue orale et écrite semblent, dans la perspective d’étude en rapport avec le métier, judicieuses à évaluer. Mais ce seul rapport à la langue dans la démarche d’évaluation n’est pas la seule finalité de l’apport du français dans la co-intervention, et révèle dans ce cas le caractère utilitariste et secondaire du français par rapport à l’enseignement professionnel.
Par ailleurs, le processus d’évaluation doit surtout interroger les compétences travaillées suivant chaque démarche de co-intervention, qui jusqu’ici ne font pas l’objet d’une requête précise en termes de compétences à travailler, du moins pour les disciplines d’enseignement général. Le référentiel de certification peut être une solution afin de concevoir et situations d’évaluation et ainsi cibler les compétences à faire développer tout au long des séquences.
Ce que la co-intervention ne doit pas être :
Professeure de lettres/histoire-géographie en lycée professionnel depuis 2016
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