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Il y a quelques semaines, Edouard Philippe, pour ne pas le nommer, proposait une réflexion sur le raccourcissement des vacances scolaires d’été. Militant pour une « profonde réorganisation des rythmes scolaires ». Idée reprise ici et là, mais globalement rejetée par les élèves, les professeurs. Et les parents aussi. Et pourtant, Monsieur Z, toujours prêt à tenter de nouvelles expériences, s’est laissé pénétrer par l’idée et a imaginé ce que serait l’école de juillet de demain.
Ne nous leurrons pas, pour que cette école fonctionne, il faudra intégrer notre nouveau compagnon de demain : le réchauffement climatique ! Oui, il va faire 52° dans les classes et vous imaginez bien qu’Enzo ne supportera plus son T-shirt Adidas, qu’il passera par-dessus tête tout en s’humectant les pectoraux à grands coups de brumisateur. Les mini-ventilateurs feront tournoyer les cheveux de Lina, ainsi que les pellicules de Lucas façon canon à neige.
Il faudra donc s’adapter ! Comment ?
Séance de géo hors les murs, à la mer ou dans les profondeurs des forêts. L’appel y sera plus difficile, c'est certain car Lucas se sera planqué dans un arbre résineux, on arrêtera Lina qui urinera sans vergogne sur sa camarade fraîchement piquée par une méduse durant notre séance sur les espaces de faible densité.
Philo dans l’eau sous le regard bienveillant de Jérôme le maître-nageur, braillant à la fois les gestes simples pour une brasse fluide et les citations platoniciennes. Ou encore les premières évaluations en nocturne, au chant des grillons qui couvriront les imitations porcines de Kyliane. La nuit tous les chats sont gris, et les copies aussi, ça tombe bien.
Enfin un troisième trimestre qui ne sera pas galvaudé ! Place à des conseils estivaux, avec des barbecues organisés par l’APPEL :
« On lui met quoi à Mathieu, il est saoulant non quand même ? »
« Mets-moi déjà une belle chipo stppppp avec de la mayo. Et un "avertissement travail", allez, il mérite le bougre ! »
Une ambiance donc bien plus détendue et bien plus propice à la bienveillance qui nous est chère… Chère à saucisse haaaaaaaaaaaaa. Le dirlo en tong, mais avec des chaussettes, le papa de Mathis a mené le même pack de binouzes que son fiston après-midi. On distingue les élèves pour leur travail, mais aussi pour leur présence alors qu’il n’y a plus de notes depuis deux mois, les stylos ayant fondu sous la chaleur.
Mais oui, reconnaissez-le : au bout de quelques semaines, on a bien fait le tour du sujet ! On n'a pas une thune pour partir loin de toute manière et on a bien rattrapé tout notre retard avec Netflix. Alors si tout le monde est prêt vers le 15 août, pourquoi ne pas revenir tranquillement sur les bancs de l’école pour dépoussiérer nos neurones, et retrouver Madame Touchard dans son état le plus positif (avant que la dépression hivernale de septembre ne l’emporte loin de nos regards).
On pourrait enfin reprendre le travail en amenant avec nous l’esprit des vacances, avant que septembre n’efface à la fois nos sourires et nos peaux hâlées par le soleil estival. Des profs radieux et des élèves encore cueillis entre Manhattan et le Péloponnèse. Oui, car eux ils partent.
Mais quoi ? Moins de vacances d’été pour nos amis flemmards. Je vois déjà le PDG de Meta s’élever contre cette manœuvre visant à faire baisser drastiquement le nombre d’interactions haineuses du milieu non professoral.
OUI, car la phrase toute faite de Tatie Suzanne qu’elle ressortait inlassablement quand vous vous occupiez de la dinde à Noël se détruira quasi instantanément : «Oui, mais tu as quand même deuxxxxxx………. » ET NON TATA. NON !
L’histoire ne nous dit pas encore si, de ce fait, une substantifique augmentation verra le jour (on veut bien se faire entuber, mais que ce soit au moins fait de manière professionnelle). Sans quoi il sera de toute manière encore plus difficile de trouver des masochist… je veux dire des maîtres auxiliaires. Les enseignants seront donc comme les autres, suant l’été arrivant sous les ventilateurs installés à la hâte par le factot'home. Mais il y a fort à parier que les dirigeants des chaînes infos trouveront un autre angle au prof bashing, prof par exemple responsable à lui tout seul des embouteillages perdurant l’été ainsi que des épidémies de rats et de méduses apprenantes.
Des années que l'on entend parler des systèmes nordiques où l’après-midi sert à taper dans le ballon avec tes bambins avant que la nuit tombe à 15h10. Comme aux États-Unis, où tu vas taper dans le carton avant d’aller racheter des munitions pour la prochaine tuerie de masse. Mais oui, inspirons-nous de ce qui marche dans d’autres pays ! Ne sacrifierait-on pas quelques jours de plage où les oursins te piquent, les moustiques te sucent et tes enfants te saoulent pour quelques jours supplémentaires post-réveillon. Tu reprends en général avec une haleine de vieille moule rance et le visage bouffi par l’alcool, comme si tu avais été la proie de ces mêmes moustiques. Idem pour février, profiter de la neige : dans vingt ans, il n’y en aura plus (sauf à Dubaï).
Alors que de la mer, il y en aura ENCORE PLUS grâce à la fonte de la calotte glaciaire. Ah ça oui, tu vas pouvoir barboter tranquille pépouze comme au Bangladesh.
Soyons donc rationnels.
Si on prend tout ça en compte, il serait donc logique d’être d’accord avec notre Philou. Voire même de proposer un référendum. On a le temps d’y songer. ON A DEUX MOIS DE VACANCES !!!
Prof de Lycée Pro (mais pour combien de temps encore ?) quelque part en France, dont l'humour sévit sur Facebook et sur Instagram.
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