Je ne vous apprends rien en parlant de planification… Planifier les objectifs, les étapes pour les réaliser et l'évaluation finale, vous le faites tout le temps. Mais la CUA entre en compte si toutes ces étapes sont expliquées et détaillées aux élèves. Ce qui va permettre à tous de s’impliquer, ce sont les outils d'accompagnement que vous allez leur proposer.

Tout d’abord, bien leur préciser la finalité de la tâche, ce qu’ils doivent apprendre et pourquoi. Ne pas oublier de faire un rappel des connaissances antérieures dont ils ont besoin si c'est le cas, ou alors expliquer clairement qu’ils vont découvrir une toute nouvelle notion. 

Ensuite, faire une planification détaillée dans le temps et dans l'organisation. Par exemple, pour le temps :"nous avons 15 jours pour le faire et nous aborderons le sujet mardi et jeudi matin". Pour l’organisation, expliquer à l’avance les différentes tâches qu’ils vont devoir effectuer :"des exercices, des manipulations et une fiche auto-corrective".

Enfin, détailler les étapes d’apprentissage pour arriver à la compétence finale. Faire ce travail va vous permettre de diversifier les parcours des élèves. Il rendra lisible les critères de réussite qui mènent à l’évaluation finale. 

Non seulement vous allez expliquer ces étapes, mais aussi il est indispensable d’en laisser des traces : un emploi du temps, une affiche donnant les objectifs, une carte prenant les différents aspects de la notion, une frise temporelle sur les temps consacrés à cette notion, des fiches précisant les étapes et/ou les critères de réussite, etc.

La CUA insiste beaucoup sur la rétroaction (ou le feedback) comme moyen de soutenir les efforts des élèves. Tous les élèves ont besoin d'être valorisés et accompagnés dans leur effort. Ces temps de feedbacks doivent suivre au plus près les apprentissages et toutes les étapes de la construction de la notion. 

Ce temps n'est pas juste un retour ("juste ou faux") sur les exercices proposés, même si cette première étape est indispensable. Elle peut d’ailleurs être facilement organisée avec des fiches d’auto-correction. L'essentiel de ce feedback doit s'organiser au travers d’interactions entre vous et les élèves : comment ils s'y prennent pour aborder la notion ? Quelles stratégies ils emploient ? 

En revenant à leur stratégie et en vérifiant leur efficience, vous accompagnez au plus près vos élèves. Vous les rassurez sur l’avancée de leur travail. Cette interaction se fait de manière variable en classe entière, en petits groupes de besoins selon l’avancée de chacun. C'est aussi au regard de leurs erreurs que vous pourrez les aider au mieux à franchir les difficultés et les accompagner en mettant à disposition différents outils : fiche de manipulation, vidéo explicative, etc.

Motiver et engager les élèves sur le long terme reste un défi permanent, en toutes circonstances. Ici, toute votre attention sera portée sur la flexibilité que vous pourrez offrir aux élèves. Pour les motiver, il faudra les rendre plus acteurs de leur savoir en misant sur l’autonomie et le choix. L'autonomie commence par le fait d'organiser des temps de travail seuls, sans vous. 

Cela peut prendre la forme d’un plan de travail, où les activités proposées viendront compléter les notions vues de façon plus ludiques : jeux de manipulation, fiche jeux, exercices en ligne. L'avantage du plan de travail est aussi que l'on donne le choix aux élèves. Ils choisissent l’ordre des activités demandées. 

En proposant une auto-correction des exercices, vous favorisez également cette autonomie. Bien sûr, à condition qu’elle soit suivie de remédiation si nécessaire. L'auto-évaluation les rend acteur car ils peuvent choisir de passer l'évaluation ou de s'entraîner encore sur le sujet. L’évaluation qui suit pourra être flexible : écrite, orale, construction d'une carte mentale, dessin, enregistrement d’une réponse. 

Proposer du choix quant aux modalités de travail reste aussi un bon levier pour maintenir la motivation en classe. Laisser aux élèves la possibilité de travailler seul ou en binôme ou encore dans un petit groupe de besoins où vous guidez les élèves aux stratégies encore fragiles. 

Enfin, laisser le choix aussi des outils à utiliser, si dans la classe vous avez des lieux bien précis dédiés à des aides : fiches outillantes ou supports pour manipuler. Ils pourront choisir d’y aller ou pas, selon leurs besoins.

La CUA est avant tout un état d’esprit où vous réfléchissez, anticipez vos actions pour que les difficultés que pourraient rencontrer certains de vos élèves, servent les apprentissages de tous. 

Virginie Giraud-Augerat, professeure des écoles depuis 1998, formée à la pédagogie institutionnelle et au projet Atole