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« […] que le théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine, parce que cela donne confiance à la jeunesse… »
Les mots du chef de l’Etat résonnent en nous comme les trois coups avant le lever de rideau. Le défi était donc lancé. Mais le monde est une scène, comme disait Shakespeare.
Et notre lycée, notre collège, notre salle des profs ou de classe sont les lieux privilégiés où se mêlent comédies et tragédies. Des classiques s’y jouent chaque jour. Monsieur Z en a compilé quelques-uns très bien adaptés….
Un Amour intemporel et impossible. Juliette Honorine Clara Tulipe Montaigu. Premier rang. Toujours le doigt levé. La dernière fois, elle a même rappelé à l’enseignant qu’il y avait évaluation. D’où les multiples jets de gomme et les traces de papier mâché sur sa chemise.
Enzo Nolan Crapulet. Le gars du dernier rang. Celui qui sort son deo axe à chaque suée. Normal, il est assis sur le radiateur. Sacoche au niveau de la gorge. Une feuille de papier. La même. Depuis sa cinquième. Le coup de foudre en cours de chimie. Quand le destin les a mis ensemble. Le destin, c’est madame Grilbert, qui revenait de maladie et qui n'avait pas vraiment prévu de séance. Leur amour survivra-t-il à l’évaluation sommative ?
Être ou ne pas être. Hamlet se questionne. Hamlet Letourque. Prof de SVT. Qui vient d’avoir les troisièmes B4 avec qui il a passé deux heures vendredi après-midi, de 15h20 à 17h20. Être ou ne pas être, cet enseignant qui a décidé de braver les affres de la barbarie collégiale pour placer là le cours d’éducation sexuelle qu’il redoutait tant.
Être ou ne pas être. Cet enfant qui demande si une fourmi peut enfanter et si elle a du sperme. Et si donc, la nature est si bien faite qu’une femme pourrait enfanter d’une fourmi. Ou bien enfanter lors d’un rapport anal si l’homme sait s’y prendre. Être ou ne pas être.
Ou la quête de celui qui ne viendra jamais. Même si l’auteur a réfuté que ce soit Dieu. Ici, la puissance divine est représentée par cet IPR dont on vante les mérites, puisqu’il est capable de faire passer hors classe par simple imposition des mains. De faire régner le silence par seule inspiration. Et pourtant. Assis sur ce banc en face de la B202, vous êtes là à voir voleter les avions à papier venant s’écraser sur le visage du CPE rubicond. À attendre ce messie pédagogique.
Le descendant des Labdacides et héros tragique résoudra l’énigme du Sphinx dans une formation FORMIRIS située bien loin de chez lui. Sans indemnités de transport. Et revenant chez lui dans son fief, il tuera le Père.
Le Tuteur avec qui il a passé tant de temps et qui lui a conseillé tant de pratiques inopportunes et casse-gueules. Dont la célèbre pédagogie inversée qui a vu la possibilité de s’auto-octroyer des heures de retenue. Il finira par épouser sa mère. La Dame du CDI, ou Dame des Livres, qui lui a passé tous ses premiers manuels. Ceux du précédent collègue parti en dépression après une tentative de pédagogie inversée.
Ou la passion contrariée. Celle de Lucas. Qui, en terminale Melec, a ce funeste dilemme face à deux choix coronariens. Continuer dans l’électricité et la domotique en ayant 1.5 en enseignement professionnel, ce grand incompris du câblage.
Ou accepter son destin et embrasser la carrière de neurochirurgien qui l’attire depuis qu’il a regardé l’intégrale de Grey’s Anatomy quand il s’était blessé au canal carpien du pied droit lors d’un match de foot. Il est prêt à tout pour signer le serment d’hypocrite et mettre la médecine sur son pied d’esclave.
L'Éternel amoureux romantique cachant son amour au grand jour. Défiant les interdits et se moquant des artifices physiques. La protubérance nasale étant remplacée ici par une autre bien plus galvanisante. Tellement sacralisée qu’elle orne la plupart des cahiers. Des classeurs. Des bureaux. Des chaises de l'établissement. Cyrocco. Mais rien à voir avec le vent. Que dis-je c’est un roc, c’est un pic, c’est un cap… c’est MA TEUB LES GARS !
Rien de rien. Pas un stylo. Pas une gomme. Pas l’ombre d’une réponse bonne ou même mauvaise demandée à voix feutrée lors d’évaluations. Arc-bouté sur ce qu’il appelle sa cassette. « Ma cassette, ma cassette ! », crie-t-il lorsqu’un gredin semble s’en approcher. Normal, elle contient fortune, gloire et scolarité : un chargeur pour son tel. Un déo Axe cannelle et menthe forte. Trois Milky-Way. Deux paquets de Capri Sun. Une vapoteuse vide parfum vanille-ananas. Deux cotons-tige. Un stylo. Ah merde, il est cassé.
Le classique joué chaque année en cours d’EPS. Ou l’art de la dispense prend son envol et révèle des maladies que l’on croyait disparues. Herpès diphtérique pour éviter la natation. Rage aiguë pour la course en relais. Potomanie lors du sprint hebdomadaire. Fibrodysplasie ossifiante, ou la maladie de l'homme de pierre, pour aller chercher le ballon dans les vestiaires.
L’enfer, c’est les autres. Cette pièce, sans cesse réadaptée en salle des profs, avec ces collègues qui feraient passer les affres démoniaques pour des activités de bac à sable. Le parano qui pense qu’on lui pique des photocopies. Celui qui montre la même vidéo du chat qui pète à chaque personne, attendant un rire qui ne viendra jamais. L’énervé récurrent pour qui la qualité de la touillette dans le café va en décroissant. Et ça. Ça, c’est pas normal. Ou l’optimiste compulsive et convulsive qui va s’extasier pour un rien : « T’as vu, ils ont changé le pichet d’eau à la cantine il est GÉ-NIAL. »
Monsieur Z, professur de lettres-histoire géo en lycée pro, sévissant sur FB Zarp In Lep et Insta @Zarpinlep
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