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En salle des profs ou en salle des maîtres, voire même dans la tisanière de l’école maternelle, on entend souvent les mêmes phrases : "ils ne sont pas autonomes", "il faut toujours être derrière eux pour qu’ils commencent le travail"...
En tant qu’enseignant spécialisé depuis 2018, au travers, entre autres, de l’inclusion des élèves en situation de handicap dans les classes, j’ai pu aussi constater la trop grande dépendance à l’adulte, que ce soit le professeur ou l’AESH, des élèves. J'ai pu entendre, un trop grand nombre de fois chez les élèves, "j’ai pas compris ce qu’il fallait faire", ou encore "tu peux m'aider ?".
Mais comment faire au quotidien dans la classe ? Quelles clés donner aux élèves pour qu’ils développent leur compétence à travailler seuls et qu’ils apprennent à chercher leur propres ressources. L’autonomie, ça s’apprend ! Nous allons donc, à travers quelques conseils, tenter de proposer des clés pour rendre nos élèves autonomes, en élémentaire ou au collège.
L'autonomie, c’est tout simplement l’acte de faire une tâche précise seul(e). En réalité, les élèves ne sont pas censés être autonomes, comme on l'entend parfois. Ils sont plutôt censés être indépendants par rapport au travail précis qu’on leur demande en classe. C’est là un des principaux objectifs de l’école : que nos élèves soient en mesure de refaire une tâche seul, sans leur béquille c'est-à-dire sans leur prof ou leur tuteur omniprésent à leurs côtés.
C’est aussi un des grands questionnements de l’éducation inclusive, puisque l’autonomie de nos élève DYS, avec un TDA(H) ou HPI est souvent en question ; et de
la différenciation pédagogique, puisque pendant qu’une partie des élèves peut travailler davantage seule, le ou la professeure peut travailler avec ceux qui sont dans le besoin.
Dans les classes ou en accompagnement individuel, j’ai pu entendre un certain nombre de fois "j'ai rien compris de ce qu’il fallait faire", "mais ça, on l’a jamais travaillé avant", alors que nous, on sait bien que si ! J'ai pu aussi discuter avec des élèves qui connaissent leur leçon par cœur et qui pourtant, se retrouvent bloqués face à leur consigne.
Le b.a-ba pour rendre les élèves indépendants face à leur tâche me semble déjà être le passage de la consigne. La consigne doit être claire et aussi très souvent écrite au tableau et/ou sur la fiche de l’élève, pour que ce dernier puisse s’y référer.
On peut, au moment de l’explication de la consigne, expliciter : montrer comment faire pour pouvoir laisser faire seule lors du moment du travail. Il faut également expliciter au maximum les attendus et les critères des réussites.
Avant le rappel de la consigne, il semble important de bien faire ses rappels de cours en début de séance pour favoriser la mémorisation et donc après l’exécution seule de la tâche. Dernière chose, on a également tout intérêt à montrer, donner et expliciter les ressources et les aides disponibles pour l'élève pendant l’exécution de la tâche. Il pourra ainsi s’y référer et l’utiliser seul.
Par exemple, lors de la comparaison de nombre décimaux en cycle 3, on peut :
Si le passage d’une consigne n’a pas fonctionné, demandez-vous :
J’ai pu remarquer que de nombreuses difficultés des élèves venaient de la planification de la tâche. Les élèves ont beaucoup de mal à savoir par quoi commencer, à percevoir les étapes du travail. Très souvent, même les élèves en réussite ont du mal à énoncer les étapes qui leur ont permis de réussir.
À la question "comment as-tu fait ?", on doit souvent se contenter du célèbre"bah, j’ai juste réfléchi", alors qu’en réalité tout notre travail doit reposer dans le fait de leur faire prendre conscience des étapes du travail et leur permettre de réutiliser ces étapes dans d’autres contextes, pour d’autres travaux.
L’une des clés pour apprendre à faire seul est ainsi d'avoir les étapes pour atteindre l’objectif. On peut alors, avec le groupe classe à la fin du passage des consignes, ou lors de la réalisation d’un exemple, exécuter et expliciter un plan d’action pour atteindre l’objectif. On va ainsi clairement identifier et écrire les différentes étapes du travail. L’élève pourra le refaire seul et développera ainsi ses compétences méta-cognitives : une des clés pour l’autonomie.
Par exemple, pour réussir à comparer deux nombres décimaux allant jusqu’au centième, on doit obtenir avec les élèves les étapes suivantes, que l'on pourra écrire au tableau ou donner sur une fiche individuelle pour les élèves qui en auraient besoin :
L’autonomie est souvent mise en lumière dans la classe par une trop grande dépendance à l’adulte, alors que les élèves pourraient utiliser leur pairs comme une aide, dans un premier temps. Je peux voir en classe alors des élèves qui n'osent pas questionner, s’entraider et apprendre au contact de leurs camarades. Le plan de travail est un formidable outil pour cela.
La pédagogie coopérative utilise le plan de travail pour permettre aux élèves d’avancer à leur rythme et de manière plus individualisée. Le plan de travail repose sur l'idée du tutorat en élèves. Certains élèves seront alors experts pour certaines compétences (l’idée étant de valoriser à un moment donné tout élève) et d'autres pour bénéficier de leur aide s’ils bloquent par exemple sur un exercice.
Vous voulez vous lancer dans le plan de travail et la coopération ?
En classe, j'observe des élèves qui ont très souvent du mal à accepter l’erreur. Ils ne vont pas accepter de commencer en étant dans l’erreur et être perfectionnistes, entamer leur travail au crayon ou stylo effaçable, puis gommer, et ne pas montrer leurs erreurs pour montrer à l’adulte un travail parfait. Ce sont ces mêmes élèves que je vais entendre demander de nombreuses fois la consigne, se rassurer sur ce qu'il faut faire, et finalement, ne pas être très autonomes.
"Ce n’est pas grave, c’est comme cela que l’ on apprend en faisant des erreurs" : cette phrase, il faudrait presque la dire chaque jour dans toutes les classes de France et de Navarre. C’est important de dédramatiser l’erreur, pour que l'élève soit rassuré sur l’école, mais aussi sur les objectifs. Parfois, si l’élève ne commence pas le travail seul, c’est aussi par peur de l’erreur, par volonté d’avoir juste tout de suite. Il méconnaît ainsi le rôle de l’erreur dans son apprentissage.
Par exemple, avant de commencer les exercices sur les décimaux, découvrez la notion par une situation de recherche ou de découverte, mais surtout, mettez des pièges pour que les élèves se trompent et apprennent de leurs erreurs. Les situations problèmes sont l’occasion rêvée pour tâtonner, chercher, se tromper, se corriger et progresser.
Pour permettre aux élèves de prendre comprendre l’intérêt de faire des erreurs pour apprendre :
Au moment du début de séance et du rappel de ce qui a été fait avant, j’entends des élèves ne pas se rappeler de ce qu’ils ont fait les séances précédentes... Au moment de réutiliser leurs compétences ou connaissances acquises, leur efficacité sera alors moindre. Comment favoriser leur mémorisation et la réutilisation de leurs compétences ?
Pensez aux temps de bilan ! Ce n’est pas forcément une correction collective, car les élèves peuvent aussi s’auto-corriger selon l’exercice donné, mais plutôt comment on a réussi, quels obstacles on a surmontés.
On court parfois après le temps et les bilans de fin de séance sont parfois raccourcis… Et il n’y a pas de mal à ça. Mais de temps en temps, prévoyez une séance plus courte pour questionner vos élèves en fin de séance, afin qu'ils fassent leur propre bilan. C’est cela, développer la métacognition chez nos élèves et les rendre autonomes face à une tâche nouvelle !
À la fin d'un exercice, on peut :
Attention, il est important d’apporter un point de vigilance au trop d’autonomie donné aux élèves sur un temps trop long. Les laisser devant une tâche seuls, cela s’apprend. On apprend à être autonome et on fait attention à ne pas laisser seul les élèves pendant des heures avec du travail, sans guidage, sans retour ni feedback sur ce qu'ils ont fait.
Voilà donc quelques clés pour "apprendre aux élèves à faire seul", comme le disait Maria Montessori au siècle dernier, qui est encore d’actualité aujourd’hui et encore pour longtemps !
Alexis Brunel, professeur des écoles spécialisé depuis 2014
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