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La dysorthographie, trouble spécifique de l'apprentissage de l'orthographe, est un défi pour de nombreux élèves. Présente chez environ 5 à 10 % des enfants, elle peut entraver la réussite scolaire et l'estime de soi. Comment la repérer ? Quelles sont les adaptations efficaces ? Dans cet article, je vous propose de mieux comprendre ce trouble dys et ses manifestations pour trouver la meilleure façon d’aider nos élèves dysorthographiques.
La dysorthographie est un trouble spécifique du langage écrit qui se manifeste notamment dans l’apprentissage de l'orthographe. Elle se caractérise par des difficultés persistantes et durables dans :
Ces freins à l’acquisition de l’orthographe sont marqués par :
félicite, fait licite, leçon, lesson
adapter, adaptez, adapté, adaptée, adaptés
vrai, frai, croupe, groupe
Je vois des femmes sur cette image. Il est en train de …
aujourd’hui, ojourdui, tout à l’heure, toutaleur
La dysorthographie est un trouble qui n'est pas du tout lié à un déficit intellectuel, mais à une altération des fonctions cognitives dont l’origine n’est pas déterminée à ce jour.
D'après les études, dans deux tiers des situations, les enfants dysorthographiques souffrent également de dyslexie. La dyslexie est un trouble de la lecture qui se caractérise par des difficultés dans la conversion graphème-phonème, la voie phonologique, et la compréhension du texte. La dyslexie phonologique est la forme la plus courante, mais il existe aussi la dyslexie lexicale.
La dysorthographie fait partie des troubles spécifiques du langage écrit (TSLE), eux-mêmes intégrés dans la grande famille des troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA), communément appelés « DYS ». Ce sont tous des troubles neurodéveloppementaux (TND).
L'Agence régionale de santé de Provence-Alpes-Côte d'Azur, en collaboration avec le dispositif Résodys, les Académies d'Aix-Marseille et de Nice, les représentants des professionnels de la santé et de l'éducation, ainsi que les associations de familles, a élaboré un guide incroyable sur les troubles dys : simple et pratique.
Il est destiné aux parents, enseignants, AESH ou toute autre personne qui intervient auprès des enfants en âge d'être scolarisé.
Le guide fournit des conseils pour identifier les TSLA en fonction de l'âge, ainsi que des précisions sur les expertises et la prise en charge de chaque professionnel de santé. Une véritable mine d'information. Consulter le guide sur paca.ars.sante.fr
Plusieurs indices peuvent alerter les enseignants sur la présence d'une dysorthographie chez un élève :
Les erreurs d’orthographe ne sont pas liées à un travail trop rapide ou à une mauvaise relecture. En effet, il est courant de penser que si l’élève se relit ou s’il fait un effort, alors il fera moins de fautes. Ce n’est pas aussi simple dans le cas des enfants dysorthographiques.
Pour repérer une dysorthographie, il est important d'observer l'élève lors des exercices d'écriture, de dictée et de copie, et de prendre en compte les signes d'alertes. En cas de doute, il est possible de demander conseil auprès des collègues au sein de l’établissement ou du RASED pour les enseignants du premier degré.
Les outils de repérage des TSLA destinés aux enseignants sont également de très bons indicateurs. Ils sont facilement accessibles et rapides à mettre en œuvre. Je les ai détaillés dans l’article sur les TSLE et en remets ici les intitulés :
Enfin, il est recommandé de prendre rendez-vous avec la famille afin d’évoquer le sujet avec tact et mesure.
Préparer le rendez-vous avec la famille d’un élève possiblement DYS
Nous avons identifié des freins durables et persistants dans les apprentissages, malgré les séances d’APC et les efforts fournis par Ines. Nous ne sommes pas médecins, cependant, nous avons un rôle à jouer dans le repérage des troubles des apprentissages. Nous avons utilisé un outil pédagogique de repérage et nous vous transmettons les résultats.
Avez-vous aussi observé des difficultés en écriture ou en lecture chez Ines depuis sa scolarité ?
C’est ensuite à la famille de faire le choix d’un diagnostic médical ou non, en faisant d’abord appel à son médecin généraliste ou pédiatre qui la guidera dans les bilans à réaliser.
Le diagnostic de la dysorthographie est posé en collaboration entre le médecin de l’enfant et le rééducateur spécialiste du trouble du langage, l’orthophoniste. Psychomotricien, ergothérapeute, psychologue clinicien et neuropsychologue peuvent également être sollicités. Dans le cas d’un diagnostic plus complexe, l'évaluation pluridisciplinaire est coordonnée par un médecin spécialisé dans les TSLA.
La dysorthographie peut être vécue comme un véritable handicap au quotidien, notamment à l'école. Les élèves dysorthographiques peuvent se sentir en échec, découragés et isolés. Voici le témoignage d’Ines, 10 ans, atteinte de dysorthographie :
L'orthographe, pour moi, c'est un casse-tête. Je m'entraine mais je perds tout le temps, je ne sais pas quelle stratégie appliquer, quel mot choisir. Je fais des fautes d'orthographe, encore et encore, même sur des mots que j’ai appris par cœur. Mes camarades se moquent de moi quand je vais au tableau, et les maîtresses me disent que je ne fais pas assez attention. Pourtant, je travaille et je veux vraiment réussir. Parfois, j’ai envie d’abandonner. J'aimerais juste qu'on reconnaisse mes difficultés et mes efforts.
En tant qu’enseignant, on a tendance à se dire que l'entraînement et la concentration permettent d’acquérir les compétences. Si un enfant fait des fautes d’orthographe, alors on va y remédier avec plus de travail autour de la dictée, des règles orthographiques et grammaticales, des apprentissages de mots. Malheureusement, cela ne fonctionne pas avec les élèves qui souffrent de troubles dysorthographiques. Cela ne fera que les fatiguer et renforcer leur sentiment d’échec, malgré une bonne volonté et un travail acharné.
Il n’y a pas de guérison et la rééducation orthophonique n’est pas de notre ressort. Alors que faire ? En tant qu’enseignant, notre défi est de savoir lâcher-prise. Il faut accepter la neuroatypie, accueillir la neurodiversité, comme l’explique avec justesse et sans jugement Isabelle Ducos-Filippi, autrice de “Accompagner les élèves DYS, c’est possible !”.
Plusieurs moyens d'accompagnement peuvent être mis en place pour aider un élève dysorthographique, notamment en réfléchissant aux aménagements pédagogiques et à la valorisation de ses compétences. Mais avant d’en faire la liste, il est essentiel de rappeler l’objectif de ces adaptations : permettre à l’élève dysorthographique d’accéder aux apprentissages, en proposant une compensation au regard de ses freins, pour favoriser sa réussite scolaire.
Il est important de retenir que la dysorthographie peut être associée à la dyslexie ainsi qu’à d'autres troubles, tels que la dysgraphie ou les troubles déficit de l'attention (TDA, TDAH). Dans ce cas, une prise en charge pluridisciplinaire est recommandée.
La mise en place des rampes cognitives adaptées à nos élèves permet d’éviter la surcharge et de favoriser leur motivation. Voici quelques idées d'aménagements pédagogiques à tester en fonction des besoins, de votre organisation et du matériel disponible :
Côté profs, on peut penser à :
Merci à Francedyslexia pour ce judicieux rappel.
Sonodingo, Asmodée éditions, pour jouer avec 76 syllabes phonétiques.
Adapté aux enfants dysorthographiques, éditions Hatier, pour remédier à la dysorthographie avec des fiches d’aides visuelles en français.
Un recueil d'idées, aux éditions Tom Pousse, imaginé par Monique Touzin.
L’ouvrage indispensable d'activités pratiques et adaptées, aux éditions Larousse, écrit par Françoise Chée.
Le livre pour parents et intervenants, aux éditions de Mortagne, conçu par Annie Tessier, orthopédagogue et Priska Poirier, enseignante.
La dysorthographie, trouble spécifique de l'apprentissage de l'orthographe, peut être un véritable frein à la réussite scolaire des élèves qui en souffrent. En tant qu'enseignant, il est important de savoir la repérer, de proposer des moyens d'accompagnement adaptés, et de favoriser des activités qui permettent à ces élèves de s'épanouir et de progresser. Ensemble, nous pouvons aider les élèves dysorthographiques à (re)trouver le plaisir d’apprendre à l’école et la force de croire en eux.
Émilie Kalifa, professeure des écoles depuis 2018
SOURCES
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Merci à vous.
Bonjour, je suis orthopédagogue (Québec). Pour aider mes élèves qui ont un trouble d’apprentissage de l’écriture, je leur enseigne les régularités orthographiques. Lorsqu’on découvre avec les enfants les régularités orthographiques, ils sont bien heureux de constater qu’ils n’ont plus à apprendre les mots isolément. Leur motivation augmente lorsqu’ils comprennent qu’il leur suffit d’apprendre la régularité pour mémoriser une quantité importante de mots. Si vous souhaitez voir les 50 régularités orthographiques que je présente aux élèves, je vous invite à visiter le site web Découvrons l’orthographe. Si vous souhaitez voir les fondements théoriques de mon approche pédagogique, je vous invite à visionner les vidéos dans le menu « Communauté ». Vous y trouverez aussi les stratégies que je suggère pour faciliter la répétition espacée (activités de réactivation et dictées réflexives). Vous pouvez aussi suggérer à vos élèves de faire les jeux que vous trouverez sur mon site web (gratuits).
Merci Rita, merci Clara pour vos conseils avisés !