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Dysphasie : ce trouble du langage oral qui perturbe mes élèves

Emilie
17 juillet
5 mn

La dysphasie, trouble spécifique du langage oral (TSLO) ou trouble développemental du langage (TDL), touche de nombreux enfants et perturbe leur développement ainsi que leur scolarité. En tant qu'enseignant du primaire ou de maternelle, il est important de connaître et de comprendre cette difficulté particulière, qui affecte la communication orale et écrite de l'élève présentant un trouble dysphasique. Qu'est-ce que la dysphasie ? Comment repérer les symptômes chez nos élèves ? Quels sont les professionnels à consulter pour poser le diagnostic de dysphasie et enfin, quand faut-il s'inquiéter face à des retards de langage chez un enfant ? Nous aborderons également le diagnostic et les réponses pédagogiques à mettre en place pour faciliter les apprentissages de nos enfants dysphasiques.

Qu’est-ce que la dysphasie ? 

Définition

La dysphasie, autrefois appelée audimutité, est un trouble neurodéveloppemental du langage oral et écrit, qui affecte la compréhension et l'expression du langage. Ce trouble primaire du langage se caractérise par des difficultés à comprendre et à utiliser les mots, les phrases et les consignes, ainsi qu'à produire un discours cohérent et structuré. La dysphasie peut toucher les enfants dès leur plus jeune âge et persister tout au long de la vie, avec des conséquences sur leur scolarité et leur avenir.

Les manifestations

Ce trouble se manifeste par un manque de fluidité dans l'expression, des retards dans l'acquisition du vocabulaire, de la syntaxe et de la phonologie, ainsi que des difficultés de compréhension des consignes et du discours en général. La dysphasie peut affecter le versant expressif et/ou réceptif du langage.

Les différentes formes

On distingue plusieurs formes de dysphasie, qui peuvent être isolées ou associées. Voici les principales :

1. La dysphasie phonologique : elle se caractérise par des difficultés à percevoir, à analyser et à produire les sons de la parole. L'enfant a du mal à distinguer les phonèmes, à les associer pour former des mots et à les articuler correctement.

2. La dysphasie sémantique : elle se manifeste par des difficultés à comprendre le sens des mots, à les utiliser à bon escient et à les associer pour former des phrases cohérentes. L'enfant a du mal à comprendre les consignes, à suivre une conversation et à exprimer ses idées.

3. La dysphasie syntaxique : elle se traduit par des difficultés à comprendre et à utiliser les règles de la grammaire, à construire des phrases complexes et à respecter l'ordre des mots dans la phrase. L'enfant a du mal à s'exprimer de manière claire et précise, et son discours peut être hésitant et confus.

4. La dysphasie pragmatique : elle concerne les difficultés à utiliser le langage dans des situations de communication concrètes, à adapter son discours en fonction de son interlocuteur et à respecter les règles sociales de la conversation. La mémoire auditive excellente permet la répétition de mots et de phrases sans en comprendre la signification. Certains spécialistes évoquent une pathologie à la frontière du spectre de l'autisme.  On parle parfois de syndrome sémantique pragmatique.

Comment repérer les symptômes de la dysphasie ?

Les symptômes de la dysphasie peuvent varier en fonction de l'âge de l'enfant et de la forme du trouble. Cependant, certains signes peuvent alerter les enseignants et les parents.

 Chez les enfants de 2 à 3 ans, on remarque :

  • un retard dans l'acquisition du langage, avec un vocabulaire limité et un manque de fluidité dans l'expression ;
  • des difficultés à comprendre les consignes simples et à suivre une conversation ;
  • des troubles de l'articulation et de la prononciation, avec une parole indistincte.

 

Chez les enfants de 4 à 6 ans, on observe :

  • des difficultés à comprendre et à utiliser les mots, les phrases et les consignes ;
  • un discours hésitant, confus et peu structuré ;
  • des difficultés à apprendre à lire et à écrire, à décoder le code écrit ;
  • des troubles de la mémoire à court terme et de l'attention.

 

Chez les enfants de plus de 6 ans, on retrouve :

  • des difficultés persistantes en lecture, en écriture et en compréhension de texte ;
  • un manque de fluidité dans l'expression orale et écrite ;
  • des difficultés à suivre les cours et à réaliser les exercices scolaires ;
  • un manque de confiance en soi et des difficultés à s'intégrer socialement ;
  • des problèmes pour réciter des leçons, raconter une histoire oralement ou construire un récit.

 

RESSOURCES COMPLEMENTAIRES

Retrouvez les articles concernant les différents troubles spécifiques des apprentissages :  

Quels professionnels consulter pour dépister une dysphasie ?

Face à des symptômes évocateurs de dysphasie, il est important d’en discuter avec les familles.  Si elles le souhaitent, elles pourront solliciter les professionnels de santé spécialisés dans le langage et la communication. Ces experts écarteront les inquiétudes ou poseront un diagnostic précis et proposeront une prise en charge adaptée.

Le médecin généraliste ou le pédiatre 

Ils sont les professionnels à consulter en première intention. Même si leur formation généraliste ne leur permet pas de diagnostiquer la dysphasie, ils vont faciliter le parcours de soin et peuvent aider les familles à mieux comprendre les différentes étapes du diagnostic. Ils peuvent également aider à orienter l'enfant vers un neuropsychologue, un orthophoniste ou un centre de référence en fonction des structures locales. Ils peuvent également prescrire des examens complémentaires, tels qu'un bilan auditif ou neurologique, pour écarter d'autres causes possibles des difficultés langagières.

Le neuropsychologue 

C'est le professionnel de référence pour le dépistage puis la prise en charge de la dysphasie. Il s’agit d’une personne formée à la psychologie et spécialisée dans les troubles neurologiques qui pourra proposer un bilan sur les compétences cognitives générales de l’enfant.

L'orthophoniste 

Cet expert réalise un bilan orthophonique complet, qui permet d'évaluer les compétences langagières de l'enfant et de déterminer les difficultés rencontrées, sur le plan qualitatif et quantitatif. Ce bilan peut se faire en présence ou non de la famille. En revanche, l’entretien préalable avec les parents est indispensable pour retracer l’histoire de l’enfant et identifier les potentiels antécédents familiaux. Il propose ensuite une rééducation orthophonique personnalisée, visant à améliorer la compréhension et l'expression du langage oral et écrit.

Le psychologue 

Il peut être consulté pour évaluer les répercussions de la dysphasie sur le développement psychologique et émotionnel de l'enfant, et proposer un accompagnement hebdomadaire. On sous-estime parfois la répercussion sur la vie de la famille ou sur le quotidien des parents. Les séances de guidage parental proposées par les psychologues peuvent aider et soulager la charge mentale et émotionnelle des parents.

Quand faut-il s'inquiéter face à des retards de langage chez son enfant ?

Il est normal que les enfants n'acquièrent pas toutes les compétences langagières au même rythme et que certains aient des retards de langage par rapport à leurs pairs. 

Cependant, il est possible de se poser des questions et de consulter un professionnel de santé lorsque :

  • les retards de langage persistent au-delà de 3 ans ;
  • l'enfant présente des difficultés importantes à comprendre et à utiliser le langage, qui affectent sa scolarité et sa vie quotidienne ;
  • l'enfant présente des troubles associés, tels que des troubles de l'attention, de la mémoire ou des apprentissages ;
  • les difficultés langagières s'accompagnent de troubles du comportement, de l'humeur ou de la socialisation.

 

Quelle prise en charge et quels aménagements pédagogiques ?

La prise en charge de la dysphasie nécessite une approche multidisciplinaire, impliquant les professionnels de santé, les enseignants et la famille. Voici quelques éléments clés pour aider les enfants présentant des troubles dysphasiques.

La rééducation orthophonique

Un suivi régulier avec un orthophoniste est essentiel pour travailler sur les aspects spécifiques du langage affectés par la dysphasie. En effet, ce professionnel du langage joue un rôle central dans la prise en charge de la dysphasie, en proposant une rééducation orthophonique personnalisée et en collaborant avec les enseignants pour mettre en place des aménagements pédagogiques adaptés. Grâce à cette prise en charge précoce, les enfants dysphasiques peuvent progresser et s'épanouir dans leur scolarité et leur vie quotidienne. 

Les aménagements en classe

L'enseignant peut mettre en place des adaptations pédagogiques, comme l'utilisation d'outils numériques, la simplification des consignes, ou l'adaptation des évaluations. La dictée à l’adulte, le dictaphone où vous avez enregistré l’énoncé des exercices ou la langue universelle comme les pictogrammes peuvent être des pistes d’aménagements à tester dans votre classe. Des exemples d’aménagements et de ressources sont détaillés sur les sites du SAIS92 et de l’académie de Lyon (à retrouver dans l’encadré Sources). 

Le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) : des aides matérielles et humaines

Ce document, élaboré avec la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), définit la qualité et la nature des aménagements nécessaires pour la scolarité de l'élève dysphasique. Il peut s’agir de matériel, mais aussi d’une aide humaine (AESH) mutualisée pour écrire, reformuler, réduire le stress ou les sources de distraction… Les étapes dans le cadre de l’obtention du PPS sont menées conjointement avec la famille qui saisira la MDPH et l’Éducation nationale qui complètera un GEVAsco et organisera une équipe de suivi de scolarisation (ESS).

La stimulation du langage : garder le lien

Il est important de créer un environnement propice à la communication, tant à l'école qu'à la maison, pour encourager l'enfant à s'exprimer. Concrètement, cela signifie qu’il faut adapter son rythme de parole, simplifier le vocabulaire utilisé et ne pas hésiter à recourir au langage non-verbal. L’objectif est de favoriser toutes les interactions et de préserver la relation langagière. Pour cela, il est important de ne pas couper la parole de l’élève et d’accepter de répéter ou reformuler la consigne à chacune de ses demandes.

Le soutien psychologique : un cadre ferme et un regard bienveillant

Un accompagnement peut être nécessaire pour travailler sur l'estime de soi et prévenir les risques d'isolement social. En effet, même si l’enfant dysphasique a un autre rythme ou processus d’apprentissage en comparaison des enfants de son âge, il n’en est pas moins curieux ou moins volontaire. Les barrières qu’il va rencontrer vont donc être une véritable souffrance qui peut donner lieu à des colères, des comportements agressifs ou de repli sur soi. Ces agissements hors cadre ne doivent pas être niés. En revanche, la réponse pédagogique doit prendre en considération le trouble et les répercussions du quotidien sur la vie de l’élève.

L’essentiel à retenir

La dysphasie est un trouble durable qui persiste souvent à l'âge adulte. Cependant, avec un accompagnement approprié et une collaboration étroite entre les professionnels de santé, les enseignants et la famille, les personnes dysphasiques peuvent développer des stratégies pour surmonter leurs difficultés et réussir dans leur vie personnelle et professionnelle.

Pour plus d'informations et de soutien, vous pouvez contacter des associations spécialisées comme la Fédération Française des DYS ou l’Association Avenir Dysphasie France.

La dysphasie est un trouble spécifique du langage qui affecte la compréhension et l'expression du langage oral et écrit. Elle peut perturber les apprentissages scolaires et la vie quotidienne de nos élèves. En tant qu'enseignant, on a la possibilité de repérer les symptômes de la dysphasie et d'identifier les signes d'alerte pour en discuter avec les familles. Les parents pourront ensuite consulter les professionnels de santé compétents afin d’obtenir un diagnostic et envisager une prise en charge adaptée.

 

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Émilie Kalifa, professeure des écoles depuis 2018

Sources

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