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Dysgraphie : des solutions pour nos élèves

Émilie Kalifa
5 juillet
5 mn

La dysgraphie est un trouble spécifique de l'apprentissage qui affecte durablement les capacités d'écriture manuscrite. Les élèves dysgraphiques peinent à automatiser le geste d'écriture, ce qui rend leur production lente, illisible et désordonnée. Ce trouble moteur et cognitif impacte la formation des lettres, leur tracé et leur liaison. Souvent associée à d'autres troubles DYS comme la dyspraxie ou le TDAH, la dysgraphie engendre une surcharge cognitive importante qui peut freiner les apprentissages. Un dépistage précoce et la mise en place d'aménagements adaptés, comme le passage au clavier, sont essentiels pour permettre à ces élèves de contourner leurs difficultés d'écriture et de suivre un rythme scolaire normal. Dans cet article, nous explorons les caractéristiques de la dysgraphie, les moyens de la repérer et les aides concrètes pour accompagner au mieux les élèves dysgraphiques à l'école comme à la maison.

Qu'est-ce que la dysgraphie ?


Définition

La dysgraphie est un trouble persistant de l'écriture, caractérisé par des difficultés à automatiser le geste graphique. Les enfants dysgraphiques dessinent les lettres au lieu de les écrire, ce qui rend leur écriture lente, illisible et peu soignée. Ce trouble spécifique des apprentissages (TSLA) affecte la forme des lettres, leur tracé et leur liaison, et se traduit par une écriture manuscrite inefficace et laborieuse.

Le dépistage de ce trouble durable et persistant se fait en général entre 8 et 12 ans, en fonction des stades calligraphiques.


Les stades calligraphiques

L'apprentissage de l'écriture passe par plusieurs stades calligraphiques.

Stade pré-calligraphique : Ce stade commence au niveau du CP, vers 6/7 ans. L'enfant apprend à respecter les normes de la calligraphie, mais les exigences motrices sont importantes. Les traits sont souvent tremblants et retouchés, les liaisons maladroites entre les mots, et les lettres montent ou descendent par rapport à la ligne. Il faut généralement 2 ans pour franchir ce stade. Les enfants dysgraphiques ne franchissent pas cette étape.

Stade calligraphique : L'écriture s'équilibre et l'enfant commence à maîtriser son geste. Les difficultés motrices s'estompent et l'écriture devient plus régulière et liée. À ce stade, l'enfant développe une "jolie écriture". Les enfants dysgraphiques n'atteignent pas ce stade.

Stade post-calligraphique : Après 10-12 ans, l'écriture est acquise dans son geste et sa vitesse. L'écriture devient un moyen de poser sa pensée, et la personnalisation des formes commence.

Stade de personnalisation : L'écriture se modifie pour s'adapter à la rapidité de la pensée. C'est le début de la personnalisation des formes, mélangeant script et calligraphie.


Dysgraphie et troubles associés

La dysgraphie peut être associée à d'autres troubles comme la dyspraxie visuo-spatiale, la dyslexie, la dysorthographie ou le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ces troubles spécifiques du langage écrit peuvent aggraver les difficultés d'écriture et augmenter la surcharge cognitive de l'élève, affectant ainsi sa capacité à suivre le rythme scolaire normal.

La dysgraphie, étroitement liée à la dyspraxie

La dyspraxie se manifeste par deux types de troubles :

  • les troubles visuospatiaux ;
  • les troubles d’acquisition de la coordination (TAC).
     

Une personne dyspraxique rencontre de grandes difficultés à coordonner ses mouvements et ses gestes, en particulier lors de taches de praxies visuo-constructives. Les enfants atteints de dyspraxie ont donc des difficultés à coordonner les mouvements nécessaires à l'écriture (pression sur le stylo, posture, orientation spatiale dans la feuille, manque de repère visuel).

En effet, l'écriture est une praxie visuo-constructive ; autrement dit, elle associe tracé repères spatiaux (mouvement de gauche à droite, rotation anti-horaire...). C'est pourquoi les enfants dyspraxiques sont généralement aussi dysgraphiques, avec une écriture illisible et désorganisée spatialement.

C'est pourquoi une dyspraxie peut être la cause d'une dysgraphie, et à l’origine d'une écriture illisible et mal organisée au sein de l'espace disponible.

 Un bilan psychomoteur peut être réalisé si une dyspraxie est suspectée. 

Comment repérer un élève dysgraphique ?


Les signes d'alerte

Les signes d'alerte de la dysgraphie incluent une écriture illisible, une lenteur excessive, des productions peu soignées, et une incapacité à accélérer le geste d'écriture sans que l'écriture devienne chaotique. Les élèves dysgraphiques lèvent souvent leur stylo plus que la moyenne et ont des difficultés à lier les lettres : l'écriture cursive représente un véritable effort. Ils peuvent également présenter une mauvaise posture et une prise en main incorrecte du crayon.


Les outils de repérage

Pour repérer la dysgraphie, un bilan pluridisciplinaire est nécessaire. Ce bilan peut être réalisé par un ergothérapeute, un psychomotricien ou un graphothérapeute. Il inclut des tests étalonnés qui mesurent les écarts par rapport à la norme attendue pour l'âge de l'enfant. Un écart de deux points ou plus par rapport à cette norme confirme un problème possiblement lié au trouble de la dysgraphie.

La norme vitesse d’écriture et âge  :

  • à 10 ans : 47 caractères/min ;
  • à 11 ans : 57 caractères/min ;
  • à 12 ans : 62 caractères/min.


Le diagnostic

Le diagnostic de la dysgraphie est posé après une évaluation complète qui inclut l'observation des gestes d'écriture, l'analyse de la lisibilité et de la vitesse d'écriture, ainsi que l'évaluation de la surcharge cognitive. Ce diagnostic, posé par les professionnels de santé, permet de mettre en place des adaptations pédagogiques adaptées pour l'élève.

Comment soulager un élève dysgraphique en classe ?


Le témoignage de Tom, diagnostiqué dysgraphique à 9 ans 

Écrire, pour moi, ça demande un effort énorme, et je ne suis jamais content du résultat. Mes lettres sont moches, je n'arrive pas à les aligner, et je suis tout le temps en retard. Je vais en rééducation tous les mardis matin. Je loupe des cours pour aller à mes rendez-vous et je dois les rattraper en plus de mes devoirs. Je suis fatigué le soir alors ça me soulage quand je peux dicter mes phrases à mes parents. Ce n'est pas eux qui font mes devoirs, ils font simplement mes secrétaires en écrivant exactement ce que je leur dicte.


Les adaptations

Pour soulager un élève dysgraphique, il est crucial de réduire la surcharge cognitive liée à l'écriture manuelle. Le passage au clavier est souvent recommandé. L'utilisation d'un ordinateur permet à l'élève de se concentrer sur le contenu plutôt que sur le geste d'écriture. Dans cette perspective, il est nécessaire d'accompagner l'élève dans sa découverte de l’outil : comment taper au clavier, organiser ses documents, ou quels logiciels de traitement de texte utiliser. Les professionnels de santé en charge des enfants dysgraphiques, comme les ergothérapeutes, proposent souvent des exercices et conseils avisés pour faciliter cette prise en main.

D’une manière générale, il est recommandé d’engager les démarches pour un projet personnalisé de scolarisation (PPS) ou un plan d’accompagnement personnalisé (PAP) le plus tôt possible dans la scolarité et cela afin d’éviter une démotivation.


Les demandes d’adaptation lors d’un examen

Une demande de tiers temps (temps supplémentaire) lors des examens peut être effectuée. La procédure est détaillée dans le texte officiel sur l’organisation des adaptations et aménagements des épreuves d’examen et concours pour les candidats en situation de handicap. Il faudra présenter une procédure complète ou une simplifiée en fonction de la situation du candidat.

5 outils et jeux pour aider un élève dysgraphique


Je détaille ici quelques exemples de pistes concrètes pour aider un enfant dysgraphique dans son organisation et notamment dans sa prise en main de l’outil numérique. Les outils sont de plus en plus nombreux, il est donc important de les tester et de vérifier leur adaptation aux besoins des élèves.

1. Typing club pour s'entrainer à utiliser le clavier
 

Le site propose une méthode progressive d’apprentissage du clavier de l’ordinateur avec ses deux mains et de façon organisée. Les consignes sont données à l’oral (large choix de langues) et engage l’élève progressivement dans la découverte du clavier. 

2. Dactylo run pour exercer ses doigts sur le clavier tout en s’amusant


Ce jeu vidéo éducatif est conçu pour aider à mieux maîtriser l’agilité des doigts sur le clavier sous forme d’aventure. Le cerveau développe des automatismes au fur et à mesure de la progression dans l’aventure. L’objectif est de pouvoir taper sur le clavier au bon endroit sans le regarder et sans trop réfléchir. 

3. Les barres d’outils gratuites pour les disciplines physique - chimie, technologie et électricité


Les barres d’outils gratuites permettent d’insérer facilement des dessins schématisés aux leçons ou exercices. Il faut les télécharger puis les installer. Elles se retrouvent dans le menu « complément » du traitement de texte.

4. Les prédicteurs de mots


Ces logiciels proposent aux élèves un choix de mots à chaque lettre tapée à l’ordinateur. Cet accès rapide expose les enfants à la bonne orthographe des mots et les accompagnent dans la production des textes écrits à l’ordinateur. Il y en a plusieurs et il faut prendre le temps de les tester. Leur fonctionnement varie et peut davantage convenir aux besoins d’un élève ou d’un autre.



Les plus vus en classe : Lexibar, Dicom (gratuit), Phonowriter (gratuit)

5. La dictée par reconnaissance vocale et commande de l’ordinateur par la voix
 

Utilisable dans 24 langues, le logiciel DysVocal propose d’utiliser la dictée vocale pour réduire la charge liée à l’écriture (entre autres).


La dysgraphie est un trouble persistant qui nécessite des adaptations spécifiques pour permettre à l'élève de suivre un rythme scolaire normal. Le passage au clavier et l'utilisation de logiciels adaptés sont des solutions efficaces pour compenser une partie des difficultés d'écriture. En mettant en place ces adaptations, les enseignants peuvent aider les élèves dysgraphiques à mieux réussir en classe et à réduire leur charge cognitive, tout en renforçant leur confiance en soi.


Émilie Kalifa, professeure des écoles depuis 2018

SOURCES

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