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Et si mon regard avait un impact sur les performances de mes élèves ?

Agathe Bouisset
24 janvier
7 mn

Avez-vous, dans votre classe, des élèves pour qui les efforts semblent vains ? Comme si un plafond de verre limitait leur progression ? Sentez-vous que certains élèves sont bloqués dans la matière que vous enseignez ? Alors cet article va vous intéresser !

Début d'année scolaire. Armée de mon café et de mes photocopies toutes fraîches sous le bras, j'arrive en classe de bonne humeur. Je scrute la salle et déjà, je me fais une idée du potentiel de chaque élève en espagnol : “Ce jeune Tiago est sûrement brillant. Par contre avec Rayan, ce n'est pas gagné, sans compter que ses parents l'imaginent déjà footballeur.” 

Avec toutes mes bonnes intentions, je viens d'enclencher un phénomène subtil à double tranchant par lequel je condamne (effet Golem) ou j'idéalise (effet Pygmalion - voir encadré ci-dessous) chacun de mes élèves via le regard que je porte sur eux. En tant que profs, nous avons un super pouvoir ! 

comprendre l'effet pygmalion

Conseil 1 - Avoir des attentes positives et élevées

En tant que coach scolaire, j'accompagne bon nombre de jeunes élèves considérés en difficulté scolaire, car ils ou elles sont, me dit-on, “TDAH”, “limités cognitivement” ou encore “totalement démotivés”. Je vous avoue que je m'applique à ignorer ces étiquettes : l'expérience m'a montré que me focaliser sur le problème ne faisait que l'amplifier... 

Aussi, je préfère me consacrer aux stratégies d'apprentissage personnalisées. Chaque élève est capable d'apprendre efficacement, dès lors qu'on lui propose une méthode adaptée et qu'on lui donne envie. C'est ma conviction profonde. Si nous souhaitons laisser leur chance aux élèves, nous avons tout intérêt à rester ouvert : il convient de ne pas les juger trop vite. Il se pourrait bien que l'élève assis au fond de la classe, dessinant des moustaches sur la couverture de son manuel, devienne le prochain Stephen Hawking.

S'affranchir des pensées limitantes

La prochaine fois que vous vous surprenez à avoir des pensées limitantes pour le potentiel de l'élève, telles que “cet élève n'est pas très doué” ou “ce n'est pas son fort”, peut-être pourriez-vous vous souvenir qu'il ou elle n'a simplement pas encore trouvé la bonne méthode

Vous pouvez aussi vous demander ce qui pourrait l'aider en termes de motivation, de compréhension ou de mémorisation. Et pourquoi ne pas lui en parler directement ? Lui dire sincèrement que vous croyez en lui ou en elle ? Cela pourrait faire toute la différence !

action !

Conseil 2 - Penser aux évaluations formatives

Lorsque j'accompagne des élèves en coaching scolaire, je commence toujours par faire un bilan de leurs points forts et des axes d'amélioration. Pour ce faire, il est important d'être le plus précis possible. Par exemple, il ne suffit pas de décider de progresser en français, encore faut-il savoir quoi faire pour y parvenir : revoir les techniques de rédaction ou réviser les figures de style, par exemple. 

Cela semble évident, mais on oublie trop souvent de faire une analyse détaillée des axes d'amélioration. C'est pourtant très efficace et motivant ! 

Permettre aux élèves de cibler les éléments à renforcer

Aussi, il peut être judicieux de démarrer l'année avec une évaluation formative. Après quoi, vous pouvez demander à l'élève de se constituer une liste personnalisée des éléments à réviser, en choisissant parmi un ensemble de suggestions au programme. 

Et rien n'empêche de refaire des évaluations formatives (pas nécessairement notées !) au cours de l'année. Il est toujours utile de faire le point : cela permet aux élèves d'évaluer clairement leur niveau, de mieux comprendre quels sont les leviers d'action et de développer leur potentiel.

 

action !

Conseil 3 - Adopter des modalités pédagogiques qui donnent des ailes

En cours d'espagnol, j'avais constitué des groupes de manière aléatoire afin d'organiser un world café. Les consignes étaient rappelées avant même de démarrer l'activité : bienveillance, écoute, créativité

Au sein de chaque groupe, un facilitateur était désigné, ainsi qu'un maître du temps. 6 ou 7 élèves coopéraient autour d'une thématique par îlot, par exemple, "à quoi vous fait penser l'Espagne ?” ou “quels champs lexicaux sont importants pour se débrouiller dans la vie courante ?”. 

Les élèves disposaient d'un temps de réflexion personnelle, d'échange et de prise de notes. Puis, ils changeaient d'îlot. Une fois que la boucle était bouclée, chaque groupe était chargé de faire une synthèse de l'une des thématiques à l'oral, avec un petit temps de préparation en amont. 

Dans ce contexte propice à la coopération, j'ai été agréablement surprise d'observer l'esprit d'entraide entre les élèves. C'est une modalité intéressante pour favoriser le partage du savoir sous une forme non magistrale.

Varier les niveaux au sein des groupes

Cela évite de cloisonner les élèves et donc leur permet d'évoluer. Vous pouvez aussi prévoir des jeux de rôle en binômes où l'un fournit des explications à l'autre, et vice versa.

Ensuite, afin que tout le monde y trouve son compte, il est souhaitable de diversifier les façons de communiquer, les supports : la voix, le tableau, une fiche explicative, des illustrations, une vidéo, des démonstrations, un exposé, une infographie, etc. 

Enfin, faites participer les élèves le plus souvent possible, surtout ceux qui semblent avoir des difficultés dans la matière en question, permet de sortir d'une posture fataliste en les impliquant. S'ils ne participent pas d'eux-mêmes, il est bon de les y inviter individuellement. 

Afin de dédramatiser, nous pouvons d'ailleurs leur rappeler que l'erreur est un excellent moyen pour apprendre. Le fait d'être actifs dans leur apprentissage leur permettra de mieux mémoriser le cours (et avec un peu de chance, de plus l'apprécier).

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Conseil 4 - Entretenir un climat de classe chaleureux

Si vous cherchez bien, vous vous souvenez certainement d'un ou une prof dont la morosité vous rebutait et/ou d'un(e) prof dont la gaieté vous mettait en joie, vous donnant envie d'apprendre. 

On ne peut pas dire le contraire : votre humeur joue un rôle clé sur l'ambiance en classe et les dispositions pour apprendre. A-t-on vraiment besoin de faire appel à une étude scientifique pour se convaincre que le sourire donne envie d'apprendre ? Il suffit de se mettre à la place de l'élève !

Souriez ! C'est quand même plus sympa, pour vous et pour vos élèves ! Certes, il y a des jours où l'on n'a pas la tête à cela, inutile de se forcer bien sûr. Mais, pour toutes les autres fois, il suffirait de pas grand chose pour réchauffer l'atmosphère. Un sourire met du baume au cœur et donne du cœur à l'ouvrage.

Féliciter les élèves pour leurs efforts

Apportez de nombreux feedbacks positifs et constructifs, que ce soit pour féliciter ou partager des pistes d'améliorations. Mieux vaut se baser sur des descriptions le plus précises possible afin de permettre aux élèves de comprendre ce qui fonctionne ou de leur donner des pistes d'actions concrètes. 

Une étude de Claudia Miller et Carol Dweck montre que féliciter les enfants pour leurs efforts et non pour leur intelligence est nettement plus motivant. Quand ils sont félicités pour leurs efforts, les élèves choisissent les exercices difficiles dans 90% des cas, contre 35% des élèves félicités pour leur intelligence. 

La conclusion de l'étude mentionne que "quand on félicite un enfant pour ses efforts, on l'encourage à faire de son mieux, sans se soucier des résultats et sans craindre l'échec. Ainsi, le désir d'apprendre dépasse la peur d'avoir une mauvaise note et ils n'évitent pas les difficultés. Ces enfants ont plus de chance de réussir. Ils interprètent les échecs comme un manque d'effort et non un manque d'intelligence."

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"Dès que les professeurs commencèrent à le traiter en bon élève, il le devint véritablement", écrivait Marcel Pagnol. En croyant sincèrement au potentiel de chaque élève, on devient un peu comme un magicien ou une magicienne de l’éducation. 

Si vous croyez fermement que vos élèves peuvent décrocher la lune, ils pourraient bien commencer à apporter des fragments de poussière lunaire dans leurs devoirs. Pour Pygmalion, c'est en croyant à la statue qu'elle a pris vie. Pour le prof, c'est en croyant au bon élève qu'il prend vie !

 

Agathe Bouisset, professeure de français, coach scolaire et conférencière depuis une dizaine d'années, spécialiste des stratégies d'apprentissage et de l'estime de soi des adolescents

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