Pour une fois que j’avais préparé tout mon cahier de texte à l’avance… Au final, après une bagarre entre K. et L. pendant la récréation, dont les effets ont largement empiété sur mon cours, je n’ai pas pu faire tout ce que j’avais prévu… Et bim, je dois quand même retravailler mon cahier de texte pour retirer ce que je n’avais pas fait ! Et puis, impossible de faire un copier-coller d’une séance d’une autre classe, car depuis l’exercice incendie, j’ai un décalage que je n’arrive pas à compenser. 

Dès le début de mon chapitre, lorsque j’ai créé l’ensemble de mes activités et ressources pour un niveau de classe, je crée une arborescence dans l’outil “progression” du cahier de texte de Pronote. Dans le dossier de mon chapitre, j’ajoute, dans des contenus différents, chaque petite activité, phase de mise en commun, correction, exercice, évaluation mais aussi devoirs à la maison. 

Cela me permet d’ailleurs de bien programmer l’ensemble des contenus que j’ai à travailler avec les élèves. Je peux tranquillement chez moi ajouter les pièces jointes nécessaires, identifier les compétences travaillées et ajouter des liens pour enrichir si besoin.

En fin d’heure, je n’ai alors plus qu’à affecter, à l’aide d’un simple glisser/déposer, le contenu réellement travaillé en classe. Gros bonus : l’année prochaine, je vais retrouver toutes mes progressions ! Je pourrai modifier les contenus que j’aurai adaptés, transformés et en ajouter de nouveaux. 

Chaque samedi ou dimanche matin, je programmais ma semaine à venir avec le contenu de mes séances. Puis, une fois la séance terminée, je me replongeais dans le contenu de chaque séance pour remplir le cahier de textes… Bref, je perdais un temps fou à me “remettre dedans”.

Pour gagner en efficacité et s’économiser, je propose, un peu à la façon du batch cooking, de préparer l’ensemble du cahier de texte de votre semaine à venir. En affectant toutes vos petites tâches pour plusieurs séances de suite, vous aurez une vue d’ensemble plus cohérente.

Si, pour une raison ou une autre, vous avez fait plus ou moins que prévu, il vous suffira de supprimer un contenu ou de faire un glisser déposer en fin de séance et donc d’avoir un cahier de texte à jour en moins d’une minute. Vous pouvez aussi utiliser la vision planification, qui offre une vue classe et non pas sous forme d’un semainier. 

Remplir en amont permet aussi de vous assurer que vos élèves trouveront le travail à faire dès leur retour à la maison, même si vous vous n'êtes pas disponible en quittant votre établissement. Oui, car vous commencez votre autre mission de parent, qui gère les devoirs de ses propres enfants !

C’est aussi précieux pour vos collègues qui encadrent devoirs faits le soir après votre cours et qui ont le droit régulièrement à “on n’a rien à faire” ou à “je n’ai pas le cahier de cette matière”. Là, automatiquement à la fin de votre heure de cours, Pronote publie les contenus affectés à la séance du jour.

Et voilà, un élève a posé une question pertinente et je me rends compte que je n’ai pas prévu de traiter cette question… Ou alors j’ai complètement zappé de créer un contenu lorsque j’ai fait ma programmation, ou je n’ai carrément pas eu le temps de remplir en amont mon cahier de texte cette semaine ! Eh oui, on ne prévoit pas toujours tout en avance.

Il est possible de saisir un contenu dans le cahier de texte directement en mode “saisie” classique et ensuite d’affecter ce contenu dans la progression déjà commencée pour l’enrichir.

Cela permet de rester souple et de passer d’un système à l’autre de façon fluide. Le contenu créé sur le moment pourra resservir en glisser/déposer ensuite pour les autres classes au même titre qu’un élément de la progression. 

J’ai été surprise de voir l’interface côté élèves : ce n’est pas toujours identique à la vue prof ; et je n’avais pas anticipé que mes élèves n’allaient pas réussir à suivre mes indications imprécises, voire erronées ! Et en REP, lutter contre la fracture numérique, c’est aussi et surtout accompagner pour les usages au-delà de la question des équipements (fournis par le Département pour les boursiers).

Il est important, notamment pour les plus petits, de bien connaître nous-même l’interface pour pouvoir les guider, et évidemment de ne pas se contenter d’expliquer oralement. Prendre un temps en classe pour monter au vidéoprojecteur voire même, mieux, autoriser les élèves à utiliser leur téléphone pour aller consulter le cahier de texte, c’est vous assurer qu’ils et elles sauront ensuite le refaire seuls à la maison. 

Les accompagner pour ouvrir les ressources en PJ, suivre les liens, renvoyer un travail : cela nous paraît évident, mais c’est un réel apprentissage qui doit être pris en compte. Notamment si l’on veut réduire les inégalités. Il est possible de créer un challenge façon chasse au trésor, ou un escape game pour s’approprier Pronote.

Le cahier de textes est une obligation de service. Mais il est possible de profiter de cette injonction pour donner du sens à cet outil et en faire un vrai élément enrichissant dans votre pratique pédagogique. 

Depuis que je fonctionne ainsi, j’ai considérablement diminué ma charge mentale. Je n’ai plus cette petite voix en arrière-plan qui dit “Tu n’as pas encore rempli ton cahier de texte” qui m’usait… Cette organisation m’a permis de gagner en efficacité en réduisant le temps de connexion et de concentration sur le sujet grâce à un temps dédié pour faire l’ensemble du chapitre et non pas de multiples temps de travail. 

Ségolène Paris-Lefel, professeure de sciences au collège depuis 2007