“Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille !” Mais qui a déjà vu une vraie grenouille ? En milieu rural, c’est plus facile, mais pour nos petits urbains, c’est une aventure. Alors une mare, un petit cours d’eau peut faire l’affaire. Je me souviens d’une découverte du petit rû situé près de l’école. 

L’émerveillement dans les yeux de mes élèves face à une cane et ses canetons m’a convaincue définitivement de tester l'école du dehors. D’autres ont pu observer des poissons, des insectes, alors même qu’ils passent devant ce cours d’eau sans jamais s’y poser. 

Accepter les aléas de la météo

Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que de mauvais vêtements ! Donc, quelle que soit la météo, on peut sortir (hormis les cas de vigilance météorologique) et profiter des bienfaits du dehors. 

Il pleut ? Pourquoi ne pas sortir pour humer le petrichor (odeur de la pluie qui tombe sur le sol) et se reconnecter avec notre sensorialité parfois enfouie, voire oubliée ? Et hop, on travaille sur la sensorialité ! 

On peut aussi sortir lors d’une belle journée présentant de beaux cumulus pour les prendre en photos et jouer avec la paréidolie (imaginer des formes sur les nuages, les arbres), comme sur ce document.

Et hop, on travaille l’imagination, la créativité, le plaisir, la baisse du niveau de cortisol. Bref, que du bonheur, en plus de productions plastiques à réaliser une fois de retour en classe (ou mieux, dehors si on dispose de tablettes : on pourra travailler directement sur les photos prises des nuages dans le ciel).

Faire école dehors  c’est avoir conscience de tous les bienfaits que cela entraîne : motivation facilitée ; sensorialité augmentée ; attention améliorée ; créativité favorisée ; coopération soutenue ; autonomie favorisée ; estime de soi consolidée ; baisse du niveau de cortisol, hormone du stress ; santé mentale préservée ; rééquilibrage réel/virtuel ; développement de l’empathie.

Changement d’heure, fruits de saison, météo et pluviométrie : rien de tel pour créer des situations pédagogiques qui feront sens pour les élèves !

Avec les fruits de saison, on profitera d’un petit déjeuner à l’école pour faire des salades de fruits, parler nutrition et alimentation, et créer des recettes de salades uniques pour l’automne. 

Alors oui, on transpire un peu avec l’utilisation des couteaux (on les choisit avant), les élèves coupent parfois pour la première fois un fruit par eux-mêmes et je vous assure que c’est une véritable aventure de devoir manipuler un couteau ! 

Texture, goût, motricité fine, tout y passe, et à tous les âges, même chez les plus grands, en cycle 3. Et d’un seul coup, vous verrez les enfants aimer des fruits qu’ils n’avaient jamais osé goûter.

Et pourquoi ne pas envisager (après vérification d’éventuelles allergies alimentaires bien sûr), de faire quelques recettes de potiron, potimarron, soupe, gâteau, ou simple préparation de cookies de l’automne avec nos élèves ? Rien de mieux pour lire, faire, lire, écrire et faire écrire, mesurer, planifier, coopérer, compter ! 

Le changement d'heure : un sujet de sciences tout trouvé ! 

En établissant un tableau des relevés des horaires de levés et de coucher du soleil, l’étude des raisons de cycles des saisons sera bien plus concrète pour les élèves, surtout s’ils créent eux-mêmes leur graphique, jour après jour.

On peut imaginer faire la même chose en effectuant des relevés de pluviométrie. On répond à la fois aux programmes de sciences mais aussi à ceux des mathématiques. 

On peut d’ailleurs évoquer, en parlant de la révolution de la Terre, le fait que le manque de luminosité naturelle influe sur l’humeur, donc on se motive à sortir plus en automne pour favoriser le contact avec la lumière naturelle.

L’automne est bien la période idéale pour se plonger dans les livres et les projets d’écriture ! Comme j’aime profiter de cette période pour bouquiner, j’aime aussi proposer à mes élèves des temps plus longs de lecture-plaisir. 

Sacraliser des temps de lecture

J’ai fait le choix de prendre un temps de lecture après chaque retour en classe (entrée du matin, retours de récréations, retour de cantine). Et hop, on passe vite des 15 minutes de “chut je lis”, à une heure, voire une heure et demie. 

Et, en laissant le choix de la lecture aux élèves, on facilite la motivation dans l’activité. En plus, ça nous fait de formidables supports de discussions, d’échanges, de productions, d’organisation !

Alors on peut investir la bibliothèque de l’école, la médiathèque de la ville, une fois par semaine au minimum, sans oublier évidemment de prévenir votre direction, vos collègues, les familles ! Vous verrez vos élèves papillonner dans les étals de la bibliothèque, farfouiller dans les étagères. 

Pourquoi ne pas solliciter un référent de cette bibliothèque pour une lecture offerte, un atelier de découverte sur une thématique, ou tout bonnement demander à ce qu’une malle de livres vous soit prêtée pour votre classe ? 

Et pourquoi ne pas solliciter l’intervention d’un auteur, d’un écrivain dans votre classe ?

Et pour les productions écrites ?

À partir d’une sortie en forêt, d’une recette de cuisine, d’un travail de recherche scientifique, d’un atelier lecture à la médiathèque : rien de tel pour nous offrir des occasions de raconter ce qu’on a vécu, ce qu’on a ressenti lors de ces temps de vie de classe !

Vous le savez, on prépare, on anticipe, on propose du lexique, on travaille le vocabulaire des émotions, des sensations, et on écrit avec les élèves pour commencer. Puis, on propose de s’essayer seul à verbaliser puis écrire sur ce qu’on a ressenti, découvert, appris lors de ces temps qui sont comme des parenthèses de vie de classe.

Profiter de l’automne pour redécouvrir sa sensorialité, c’est possible. Ça nous fait du bien, mais ça initie aussi nos élèves à leur propre fonctionnement, leur propre sensorialité en plus de répondre à bon nombre des items de nos programmes. 

Donc que vous choisissiez de vous lancer au dehors, de vous plonger dans de bonnes recettes d’automne ou que vous investissiez la médiathèque de la ville, n’hésitez pas à travailler sur tous ces ressentis agréables que cette période, que cette saison peut nous apporter. Cela permettra de ne pas voir que la tristitude et la morosité de l’instant !

Et vous, comment profitez-vous de l'automne en classe ?

Claire Le Gall-Donot, professeure des écoles en élémentaire depuis 2002 et PEMF