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Dès mes premiers pas en classe, j’ai cherché comment mettre en place du coenseignement. Bien que cette pratique reste contre-intuitive face à nos représentations traditionnelles de l'école, j'ai rapidement constaté la richesse de cette approche, mais aussi le nombre de difficultés à surmonter. Chaque prof apporte sa vision et ses méthodes, ce qui peut être à la fois stimulant et complexe à coordonner.
Cet article vous propose différents scénarios de coenseignement. Ces scénarios, applicables à diverses matières et niveaux, visent à augmenter l’implication des élèves, favoriser l’inclusion et renforcer l’efficacité pédagogique.
Que vous soyez novices ou expérimentés, ces suggestions vous permettront d’adopter des pratiques efficaces et adaptées à chaque situation !
Mettre en œuvre une sorte de symphonie pédagogique où chacun trouve sa place, élèves compris. Je me souviens de certains élèves qui décrochaient quand je passais les consignes à l’oral.
Grâce à mon collègue, qui illustrait en même temps au tableau la réalisation des consignes, nous arrivions à raccrocher l’ensemble des élèves.
Un enseignant verbalise, explicite, précise pendant que l’autre agit, manipule, illustre, écrit. Deux profs partagent la responsabilité d’une même classe, en donnant des consignes simultanément ou en se répartissant les tâches au sein de la classe.
Discipline : Français – Séance de compréhension d’un texte littéraire.
Astuce : Utilisation d’outils visuels, identifier en amont les phases ou les élèves à cibler lors de la séance.
Ce modèle est idéal pour les groupes hétérogènes ou pour prendre en compte de façon efficace les besoins des élèves.
Dynamiser une séance, augmenter les interactions avec les élèves.
Pédagogie : Différenciation facilitée, diversité des approches proposées.
Gestion de classe : Meilleur encadrement, gestion plus fluide.
Concertation : Échange enrichissant, innovation pédagogique possible.
Pédagogie : Nécessite un alignement des pratiques.
Gestion de classe : Pour les élèves, peut être perturbant si les consignes ne sont pas les mêmes.
Concertation : Demande du temps et une bonne communication. Les tâches doivent être précisément réparties, le temps de travail en commun est important.
Une écoute attentive, une réponse adaptée. Je me souviens souvent d’un de mes élèves, d’ordinaire très agité physiquement, toujours un peu en décalage par rapport au reste de la classe.
Alors que ma collègue poursuivait la séance de production d’écrits pour le grand groupe, j’ai pu remarquer en m’approchant qu’il n’avait rien écrit, semblant perdu. Avec quelques gestes, et une guidance légère, il a pu se raccrocher au groupe et produire un écrit avec ses camarades.
Dans ce modèle, un prof prend le rôle principal d'enseignement, tandis que l'autre se positionne en soutien, pour faciliter l'apprentissage de certains élèves au sein du groupe classe.
Discipline : Mathématiques – Séance de découverte de la notion de fraction
Il peut s'arrêter avec un petit groupe d'élèves qui ont des difficultés spécifiques, leur fournir des explications plus simples, utiliser des manipulations concrètes (comme des fractions découpées), et répondre aux questions individuelles. Il peut aussi guider certains élèves vers des exemples supplémentaires ou fournir des exercices de révision pour renforcer leur compréhension.
Astuce : Planifiez des activités et des supports différents en fonction des besoins des élèves pour que chacun des enseignants puisse intervenir de manière ciblée.
Les fractions s’accumulent au tableau et je vois une élève se crisper. Ma collègue au tableau poursuit les explications, mais je sens notre élève perdue. Je m’approche et lui demande si elle a besoin d’aide. C’est là que le co-enseignement en soutien prend tout son sens.
Apporter une aide immédiate auprès des élèves, mettre au travail, encourager, faciliter la compréhension des consignes. Un enseignant est expert d’un domaine, permet de prévenir les difficultés immédiates des élèves, d’anticiper les difficultés de compréhension ou de mise au travail de façon individuelle.
Pédagogie : Accompagnement individualisé possible, action vers les élèves en difficulté.
Gestion de classe : Meilleure gestion de l’hétérogénéité, permet de maintenir l’engagement.
Concertation : Échange de pratiques, meilleur suivi des élèves.
Pédagogie : Risque pour l'enseignant en soutien d’être perçu comme un assistant.
Gestion de classe : Peut créer une dépendance chez certains élèves. Temps de travail en commun limité.
Concertation : Nécessite du temps de coordination en amont.
Un regard attentif, une analyse précise, une action ciblée. Dans cette approche, pendant qu’un prof prend en charge l’apprentissage, l’autre peut se saisir ce qu’il se passe du côté des élèves et en saisir les détails afin de trouver des clés pour agir ensuite.
Dans cette approche, un prof est responsable de l'enseignement principal (explication, présentation du cours, guidage des activités), tandis que l'autre observe selon un objectif préétabli entre les deux enseignants.
Discipline : Français - étude de la langue. Séance sur l’accord du sujet et du verbe. Objectif : identifier les difficultés des élèves dans l’application de la règle d’accord sujet-verbe.
Analyser les besoins d’un élève, repérer les difficultés des élèves ou observer des pratiques pédagogiques. Permet une observation fine et un échange de pratique. En alternant de rôle, cette modalité peut permettre de choisir ensuite la modalité la plus pertinente.
Pédagogie : Analyse des pratiques, retour constructif.
Gestion de classe : Permet d’identifier les dynamiques de classe et les besoins des élèves.
Concertation : Échange de pratiques, réflexions pédagogiques enrichies.
Pédagogie : Le fait d’être observé par un collègue peut parfois être difficile.
Gestion de classe : Les élèves peuvent être perturbés par la présence d’un observateur.
Concertation : Nécessite du temps de débriefing structuré.
Imaginez une classe transformée en véritable laboratoire ! Ici, les apprentissages se vivent et chaque élève devient acteur. Des groupes tournent, les découvertes s'enchaînent et les concepts prennent vie. On allie ici dynamisme, collaboration et autonomie.
Le contenu à enseigner est divisé entre les enseignants. Des groupes hétérogènes sont ensuite formés et tournent pour effectuer l’ensemble des ateliers. Des ateliers autonomes sous forme d'entraînement et de jeux, ou des plans de travail peuvent être mis en place, afin de réduire le nombre d’élèves par groupe.
Discipline : Histoire - La Révolution française.
Ateliers dirigés :
Ateliers autonomes :
Rotation : Les élèves tournent entre les ateliers toutes les 15-20 minutes.
Astuces : Préparer en amont le matériel et l’espace, expliquez clairement les consignes et donnez des rôles dans les ateliers autonomes.
Pense aux transitions et à l’autonomie : un timer et les groupes sont affichés, un signal sonore permet de se repérer, des outils sont mis à disposition pour aider les élèves en autonomie.
Aborder une notion sous plusieurs angles et rendre l’apprentissage plus actif. Permet de travailler en groupes réduits, et donc d’intervenir de façon efficace auprès des élèves.
Pédagogie : Différenciation facilitée, apprentissage actif, suivi plus précis.
Gestion de classe : Favorise l’engagement et l’autonomie des élèves.
Concertation : Collaboration enrichissante, ajustement des activités en fonction des besoins.
Pédagogie : Nécessite une bonne planification des ateliers : composition des groupes, ateliers autonomes, apprentissage des règles de fonctionnement aux élèves, structuration de l’espace.
Gestion de classe : Peut être bruyant.
Concertation : Demande du temps pour concevoir et harmoniser les ateliers.
Deux groupes, deux approches, mais un même objectif. Les élèves, acteurs de leur apprentissage, naviguent entre les ateliers, enrichissant leurs compétences à chaque étape.
Chaque enseignant travaille simultanément avec des groupes d’élèves distincts sur le même contenu, mais avec des approches complémentaires.
Discipline : Lecture - Décodage.
Rotation des groupes : Après 20-25 minutes, les élèves changent de groupe, puis retour collectif pour récapituler les compétences travaillées et lire quelques mots ou phrases ensemble.
Astuce : les petits groupes permettent d’imaginer des activités plus ludiques et d’utiliser du matériel de manipulation plus facilement.
Réduire l’effectif par groupe, permettre des interactions plus importantes avec les élèves. Favoriser la division du travail en permettant à chaque enseignant de se concentrer sur un sous-ensemble du contenu, tout en offrant une attention plus ciblée à chaque groupe d’élèves.
Pédagogie : Effectifs réduits, interactions plus riches, différenciation facilitée. Diversifie les approches pédagogiques.
Gestion de classe : Moins de gestion disciplinaire, plus d’attention auprès des élèves.
Concertation : Partage des responsabilités, complémentarité des approches.
Pédagogie : Risque de variation dans les apprentissages entre les groupes
Gestion de classe : Exige un espace adapté et une bonne synchronisation.
Concertation : Demande une coordination précise en amont.
Le co-enseignement avec groupes différenciés repose sur la division de la classe en plusieurs groupes de besoins, chacun encadré par un enseignant. Cette approche permet d’adapter l’enseignement aux besoins spécifiques des élèves.
Discipline : Mathématiques - géométrie. Construction de triangles (utilisation du compas et de la règle).
Astuce : Les groupes sont fixes pendant la séance et évoluent en fonction des progrès. Un carnet de suivi partagé peut permettre un suivi plus fluide.
Différencier l’apprentissage selon les élèves, s’adapter à leur rythme et gérer l'hétérogénéité pour un engagement plus actif.
Pédagogie : Adaptation aux besoins de chaque élève.
Gestion de classe : Effectifs réduits, meilleure attention et suivi.
Concertation : Permet une répartition efficace des tâches et des objectifs.
Pédagogie : Risque de stigmatisation des élèves en difficulté.
Gestion de classe : Peut être difficile à gérer quand les groupes sont déséquilibrés.
Concertation : Demande une planification rigoureuse et du temps de coordination.
Le co-enseignement, grâce à ses multiples modalités, est une approche flexible et inclusive qui permet de rendre accessible les apprentissages en transformant la manière d’apprendre et d’enseigner. Bien planifié et mis en œuvre avec réflexion, il devient un véritable moteur de réussite et d’engagement pour tous les élèves !
Lucie Beauverger, enseignante spécialisée et formatrice
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