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Comment faire rentrer les parents dans la classe ? 10 idées d'activités

Natacha Cazogier
22 juillet
5 mn

Certains matins, en laissant les parents entrer pour quelques minutes d’accueil, je sentais que cela bousculait mon organisation. Comment gérer à la fois les enfants qui s’installent, ceux qui pleurent, et les parents qui ont besoin de parler ? 

Ma prise de poste en dispositif d’accueil des moins de trois ans a changé mon rapport aux parents et a changé ma façon de percevoir leur place au sein de la classe. De retour sur une classe “ordinaire”, je me suis interrogée : comment les faire entrer en classe et faire en sorte qu’ils deviennent de vrais alliés ? 

Et si les parents franchissaient plus souvent la porte de la classe !

Accueillir les familles à l’école, ce n’est pas seulement partager un moment convivial : c’est aussi construire une relation de confiance qui profite à tous, enfants en premier.

Faire entrer les parents dans la classe ne signifie pas seulement ouvrir la porte physiquement. Cela implique de repenser sa posture, de créer des espaces d’échange, de coéducation et de compréhension mutuelle, et une progression des actions proposées, avec une vraie réflexion sur la place donnée aux familles.

Pourquoi faire entrer les parents en classe ?

Il est 8h25. Comme chaque matin, les enfants accrochent leurs manteaux, choisissent un atelier, s’installent. Ce matin-là, Lou hésite, reste collée à sa maman. Je m’approche, propose :

 « Tu veux montrer à ta maman ce que tu fais avec les perles ? »

Lou me regarde, puis regarde sa mère. Pendant cinq minutes, elles partagent ce petit moment. Cinq minutes qui ont tout changé : Lou est restée sans pleurs. Le lendemain, c’est elle qui a tiré sa mère pour lui montrer ce qu’elle savait faire. 

Cette anecdote n’est pas isolée. En maternelle, la séparation du matin est un moment-clé, souvent chargé émotionnellement. Elle permet de démarrer une journée sereinement. 

La séparation est parfois mieux tolérée lorsque les parents sentent qu’ils ne sont pas seulement tolérés, mais accueillis dans la classe. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent rester longtemps ou intervenir sans cadre. Mais créer ces espaces de lien, ponctuels, choisis, pensés, peut tout changer pour l’enfant.

Faire entrer les parents en classe, c’est leur permettre de mieux comprendre le quotidien de leur enfant

C'est donc comprendre ce que représente l’école et ce qu’on attend de leur enfant, les gestes professionnels de l’enseignant et les apprentissages en maternelle. C’est également un bon moyen de poser les bases d’une coéducation, qui permettra de poser les bases d’une scolarité apaisée. 

Cela peut angoisser ou gêner un certain nombre d’entre nous, ou soulever des peurs : perte de contrôle, peur du jugement, sentiment d’intrusion… Et pourtant, avec un cadre clair, l’expérience montre que les effets sont bénéfiques.

en bref...

Pour instaurer une relation de confiance

La présence des parents en classe permet d’atténuer la coupure brutale entre la sphère familiale et la sphère scolaire, notamment lors de l’entrée à l’école. Elle rassure l’enfant et donne aux familles une image plus concrète et positive de l’école. 

Cela permet de donner plus de sens à l’école. Viviane Bouysse souligne ici que l’accueil des familles est un élément-clé de la réussite de la scolarisation des jeunes enfants, notamment dans les milieux populaires.

Pour valoriser les compétences parentales

Le fait de faire une place aux parents dans la classe permet de reconnaître la légitimité éducative des familles. Cela renforce l’alliance éducative, particulièrement précieuse dans les contextes de fragilité sociale ou linguistique. Jean Houssaye rappelle ici que « l’école ne peut réussir seule : elle a besoin de la coopération des familles ».

Pour mieux comprendre les enfants

La collaboration avec les parents permet aux enseignants d’affiner leur compréhension des besoins spécifiques des élèves : leur rythme, leur vécu, leur langue maternelle, leurs habitudes de jeu, etc. Cela permet des pratiques plus ajustées

En effet, en créant du lien avec les familles, on en apprend plus sur l’histoire des enfants et leur parcours avant d’entrer à l’école. Cela demande un positionnement de non jugement et d’acceptation des différences éducatives, culturelles.

Pour favoriser l’engagement des familles dans la scolarité

Lorsque les parents se sentent bienvenus à l’école, ils sont plus enclins à s’impliquer durablement dans le parcours scolaire de leur enfant, y compris à travers des discussions informelles, la participation à la vie de l’école ou la lecture à la maison. 

Cette relation de confiance établie dans les premières années scolaires, et notamment en maternelle, est primordiale et permettra aux parents de s’impliquer davantage dans la scolarité de leur enfant, d’établir une relation de confiance et ira de pair avec une plus grande réussite scolaire

Ouvrir la porte de la classe, ce n’est pas perdre le contrôle, c’est gagner une alliance avec les familles. C’est une main tendue vers les familles et peut-être un sourire d’enfant qui dit « Regarde ce que je sais faire ». C'est un lien qui se tisse tout simplement.. Et si cette année, vous faisiez le premier pas ?

3 petits pas pour se lancer

3 réflexes à mettre en place pour faire entrer les parents dans la classe

Lors de mon année en PS/MS, j'avais programmé une classe découverte sans nuitée de deux jours dans le cadre de la classe dehors. La seconde journée, j’ai donné la possibilité à l’ensemble des parents d’être présents. Onze parents ont participé à cette journée !  

Pas un grand musée, pas une sortie "à encadrer", juste des activités extérieures à partager avec leur enfant, avec les enfants de la classe, un temps de découverte, une rencontre entre parents… et surtout un prétexte pour faire entrer les parents dans notre quotidien

Les parents ont appris à se positionner en tant que parent accompagnateur, ils observaient mon positionnement et je voyais leur attitude évoluer au fur et à mesure des journées.

Mettant en place des temps de classe ouverte, certains parents viennent régulièrement à l’école, en sortie. Et je profite de ces temps pour accompagner les familles dans leur positionnement face à leur enfant et face aux autres enfants. Les parents ont beaucoup échangé avec eux, pour expliquer les attentes de la maternelle… L’école leur semblait soudain un peu plus accessible.

ce que ça a permis

Les réactions des parents à la journée proposée.

1. Instaurer un accueil échelonné en début d’année pour les petits

Inviter les familles à rester 10 minutes sur un atelier au début (jeux de construction, dessin libre), puis réduire progressivement. Sur les cours multiples, on peut, par exemple, accueillir les plus grands de 8h30 à 10h (en leur proposant un temps de récréation). 

Puis, accueillir les petits de 10h à 11h30 en les accueillant par 2, tous les quarts d’heures. Cela permet de prendre du temps avec chaque famille, d’accueillir les plus grands sereinement et de leur consacrer du temps.

2. Proposer des temps d’invitation ponctuels 

Lecture d’histoires par les parents, ateliers parents-enfants sur un thème, matinée découverte du fonctionnement de la classe… 

Cela peut être proposé au départ la semaine, avant chaque période de vacances, ou plus régulièrement en fonction des projets. La régularité permettra d’instaurer un climat de confiance et une habitude chez les enfants qui gèreront mieux la séparation avec les familles.

3. Mettre en place un outil de liaison

Par exemple, un cahier de vie numérique, un panneau d’affichage, une “boîte à petits mots”, ou des photos commentées affichées à hauteur d’enfant.

Clarifier le cadre : prévenir les parents à l’avance du type d’intervention souhaitée (observer, lire, aider), fixer une durée, les rassurer sur leur légitimité.

Quelle posture adopter ?

Ouverture, écoute et confiance

Je me souviens de cette maman qui, en début d’année, restait longuement devant la porte, hésitant à me parler. Un jour, je l’ai simplement invitée à entrer, à observer son enfant et à prendre le temps de s’asseoir quelques minutes. Elle s’est sentie considérée, écoutée

Cette expérience m’a rappelé combien la posture d’accueil du professeur des écoles peut être un levier puissant de coéducation. Adopter une posture bienveillante, professionnelle et ouverte permet de tisser une relation de confiance, fondée sur le respect mutuel. 

Mon conseil : commencer par de petits rituels d’accueil, proposer des temps de rencontres informels et rendre visibles les apprentissages, par des panneaux ou des objets racontés par les enfants eux-mêmes. Cette posture d’ouverture ne s’improvise pas : elle se construit, s’ajuste, et se nourrit des échanges du quotidien.

Accueillir sans se confondre, encadrer sans exclure

Adopter une posture juste avec les familles, ce n’est pas se transformer en animatrice de centre de loisirs, ni faire de l’école une maison ouverte sans cadre. C’est affirmer une autorité pédagogique bienveillante, tout en reconnaissant le rôle éducatif fondamental des parents. 

Accueillir, c’est d’abord écouter sans juger, poser un cadre clair, expliquer les objectifs pédagogiques, et rendre visibles les apprentissages. C’est aussi accepter que les parents viennent avec leurs représentations, leurs inquiétudes, parfois leurs méfiances et que c’est normal. 

La posture à adopter demande donc de la clarté, de la régularité, de la cohérence dans les messages et surtout de la disponibilité émotionnelle. 

Cela ne veut pas dire être toujours disponible physiquement, mais savoir créer les bons moments d’échange, en faisant preuve d’écoute bienveillante tout en étant capable d’énoncer le cadre de l’école.

mes conseils essentiels

8 exemples d'activités à faire avec les familles

1. Une sortie classe dehors

 Avec mes collègues, nous avons convié les familles à participer à un temps de classe dehors dans le petit bois de l’école dans le cadre de la semaine dès la maternelle et lors de notre classe découverte sans nuitée. Les parents ont participé aux activités avec les enfants. 

Lors du temps de classe dehors à l’école, nous avons construit des petites cabanes. La maman de Côme a pris plaisir à participer à ce temps avec 6 élèves de moyenne section. Elle leur donnait des petites astuces pour faire tenir leur cabane, elle les incitait à décorer leur cabane et régulait l’énergie de ce petit groupe. Lors de la sortie, 11 parents étaient présents pour 19 enfants. 

Il y avait 1 parent pour 2 enfants. C’était l’occasion de montrer comment les enfants apprennent en manipulant, explorant, en s’exprimant. Chaque parent a fini par prendre plaisir à accompagner les enfants dans leurs activités. Un papa m’a dit : 

"Je ne pensais pas que les miens faisaient autant de choses en jouant dehors. C’est pas juste une récréation. C’est tellement agréable et ça donne des idées ! "

2. La semaine de la maternelle

 Ce moment institutionnel a été l’occasion d’ouvrir la classe aux parents tout au long de la semaine. Un planning basé sur un thème est proposé environ quinze jours avant, afin que les parents puissent prendre leurs dispositions. 

Ce planning indique les horaires, l’activité proposée et le nombre de places disponibles. Des noms attractifs et des visuels peuvent permettre aux parents de se projeter davantage. Ils ont pu partager des temps variés cette année sur le thème la forêt pour grandir.

Un temps d’arts plastiques, un temps de classe dehors avec la construction de cabanes, un temps de mathématiques avec la réalisation de fleurs des nombres avec des éléments de la nature : tout cela dans un cadre bienveillant. 

Beaucoup sont repartis émus et ravis d’avoir “vu leur enfant à l’œuvre” dans ce contexte collectif. Ils ont aussi pris plaisir à échanger avec les autres enfants de la classe. Ils ont pu participer à des œuvres collectives mises en valeur par la suite.

3. La semaine des langues

 Un temps fort pour valoriser les langues des familles. Des parents sont venus raconter une histoire dans leur langue maternelle ou chanter une comptine. Cette activité a renforcé la confiance et l’estime de soi chez les enfants allophones.

4. Les temps de jeux de société

 Régulièrement, nous avons proposé un créneau jeux, avec la venue de quelques parents, encadrés par un planning tournant. Cela permettait de créer des petits groupes, de développer le langage et la coopération… et de montrer aux parents comment jouer “pédagogiquement” à la maison.

5. Les ateliers cuisine et la semaine du goût

Une activité transversale par excellence. Les enfants cuisinent avec des parents volontaires, puis tout le monde déguste ensemble. L’occasion aussi de découvrir les cultures culinaires des familles. Ce sont toujours des moments très chaleureux.

6. La présentation d’un savoir-faire familial

  • Un parent boulanger est venu parler du pain. 
  • Une maman a montré comment faire des tresses africaines
  • Une grand-mère a présenté un tricot
  • Un papa handballeur professionnel est venu jouer avec les enfants à l’école…

 

Ces moments sont simples, mais ils redonnent aux parents une vraie place dans l’apprentissage. À l'issue de ces « présentations », on peut réaliser des affiches en dictée à l’adulte et les illustrer avec des dessins ou des photographies. Autant d'occasions de valoriser les familles et de donner envie aux familles de venir en classe.

7. Le petit-déjeuner partagé

Organisé à la rentrée ou en fin d’année, c’est un temps convivial qui pose les bases d’une relation apaisée avec les familles, tout en observant les enfants dans leur quotidien scolaire.En amont, les enfants réfléchissent sur ce qu’est un petit déjeuner équilibré et réalise la liste qui est fourni aux familles.

8. Les sorties scolaires

Tout simplement ! Même les sorties “classiques” deviennent des temps de partage. Les enfants adorent faire découvrir à leurs parents, leurs amis, leur maîtresse, leur quotidien hors les murs de l’école. Tout est une question d’attitude et de démarche de notre part. Notre positionnement, la place que l’on accepte de donner aux familles sont des clés essentielles.

mes conseils

Peur de te lancer ? La réponse à tes questions

Des questions légitimes sur l'organisation

  • Comment gérer la présence d’adultes supplémentaires dans la classe sans perdre le contrôle du groupe ?

En cadrant clairement leur rôle : observer, accompagner un petit groupe, ou animer un atelier simple, avec des consignes précises. Expliquer que c’est vous qui donnez les règles. 

  • Est-ce que cela ne va pas perturber le cadre ou les routines des enfants ?

Non, si cela est préparé en amont avec les élèves et intégré comme un moment exceptionnel ou ritualisé.

  • Faut-il prévoir un protocole d’accueil spécifique ou un planning ?

Oui, même simple : un mot d’invitation, une fiche explicative, un créneau défini. Cela rassure tout le monde.

  • Et si certains parents ne peuvent pas venir ? Ne crée-t-on pas des inégalités ? 

On valorise leur présence autrement (photos, traces partagées), et on diversifie les formats pour qu’un maximum de parents puissent participer à un moment ou un autre. Il est aussi important que les parents présents prennent leur place en tant que parents de la classe et non juste de leur enfant. Les impliquer pour qu’ils acceptent d’échanger avec les autres enfants. Nous sommes parfois surpris de l’implication de certains parents.

Des craintes liées à la posture professionnelle

  • Est-ce que je vais être jugé·e dans mes pratiques ?

Peut-être, mais le plus souvent, les parents découvrent avec admiration la richesse et la complexité de notre métier. Ils se rendent compte de l’implication et de l’énergie que cela demande. 

  • Comment poser des limites si un parent se montre trop intrusif ou critique ?

En fixant un cadre clair dès le début, et en réaffirmant son rôle d’enseignant responsable de la classe.

  • Suis-je encore légitime si je laisse "entrer" l’univers familial dans l’école ?

Oui, au contraire : cela montre une posture ouverte, collaborative, et renforcée par la coéducation. La confiance des familles se renforce et la légitimité également. 

  • Est-ce que ce n’est pas empiéter sur le rôle de l’enseignant ?

Non, car c’est l’enseignant qui organise, choisit et accompagne ces temps. Les parents ne prennent pas la place, ils s’y associent. Si un parent prend “un peu trop de place”, il ne faut pas hésiter à communiquer et expliquer directement aux enfants que c’est le maître ou la maîtresse qui décide et leur explique pourquoi les règles sont spécifiques en collectivité.

Des préoccupations sur les relations parents/école

  • Et si certains parents se montraient envahissants ensuite ? 

Il est toujours possible de recadrer, avec bienveillance, en rappelant les règles de fonctionnement et les limites du partenariat. Le tout est dans la communication. Il est possible de faire passer toutes les informations, tout dépend de la manière dont on le fera. 

  • Cela ne va-t-il pas alourdir les échanges ou créer des attentes supplémentaires ?

Pas nécessairement : une communication claire permet de canaliser les demandes et d’ajuster la fréquence des temps d’ouverture. Au contraire, j’ai l’impression que la confiance s’est établi et que les attentes sont moins présentes car les parents sont dans une confiance bien plus grande et des remerciements et une compréhension plus importante. 

  • Comment inclure tous les profils de parents, y compris ceux qui ne parlent pas bien français ou qui ne viennent jamais ?

En diversifiant les formes de participation (photos, traces, messages audio, temps en petits groupes), et en allant vers eux avec une approche individualisée et bienveillante. Les temps de cuisine, la semaine des langues… sont des temps où on peut intégrer plus facilement certaines familles.

Adopter une posture professionnelle en maternelle, c’est à la fois affirmer sa place d’enseignant·e et ouvrir un espace de confiance et de dialogue avec les familles. C’est un équilibre subtil entre cadre et accueil, entre expertise et humilité. 

En rendant visibles nos choix pédagogiques et en invitant les parents à partager certains temps de classe, on tisse peu à peu un lien avec les familles. Cette posture, exigeante mais profondément humaine, est une des clés pour construire une école bienveillante, lisible et inclusive dès les premiers pas des enfants à l’école. 

 

Natacha Cazogier, professeure des écoles depuis 2007, PEMF depuis 2021

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