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Pratique

Aider les élèves dyslexiques

Sara Joban
12 juin
5 mn

La dyslexie est un trouble spécifique du langage écrit qui affecte la lecture et l'écriture des enfants et des élèves. Ce trouble de l'apprentissage peut entraîner des difficultés scolaires importantes et nécessite une adaptation pédagogique de la part des enseignants. En effet, pour permettre à chaque élève de progresser à son rythme et de développer ses compétences, il est essentiel de prendre en compte les besoins spécifiques liés à la dyslexie. 

Faut-il attendre que le diagnostic soit posé pour adapter ? Quels sont les signes de la dyslexie que l'on peut repérer en classe ? Quels sont les petits gestes à grands effets qui contribuent à réduire les souffrances liées à ce handicap invisible ? Dans cet article, je vous livre des pistes concrètes pour aider les élèves dyslexiques et favoriser leur réussite scolaire.

5 idées concrètes pour réduire la charge cognitive des élèves dyslexiques

 1. Faciliter l'attention visuelle
 

Organiser l'espace de travail pour que votre élève dyslexique n’ait qu'un seul exercice à regarder à la fois. Toute son attention visuelle peut être portée sur l'exercice à l'instant T. Le travail demandé est le même. 


Techniques alternatives : utiliser des outils pour suivre les lignes, règles et règles de lecture, utiliser des caches.
 

2. Limiter le travail de copie
 

À la place de demander de copier le passage du texte pour justifier une réponse, vous pouvez simplement demander de le surligner. Il s'agit de leur permettre d'économiser du temps et de l'énergie. L'objectif pédagogique reste identique.


Documents disponibles : fiches sons avec la gestuelle de la méthode Borel Maisonny à disposition, fiches outils, répertoires des mots fréquents.
 

3. Simplifier la compréhension des consignes
 

En associant un pictogramme à un verbe d'action (lire, expliquer, rédiger, classer, repérer...),  les élèves dyslexiques et plus généralement, les élèves petits lecteurs ou avec un trouble déficit de l'attention seront plus enclins à comprendre ce qui est attendu.


Alternatives pour soutenir la communication : faire reformuler la consigne, demander une précision, accompagner le début de l'exercice...
 

4. Réduire la lecture
 

Lorsqu'il s'agit de lire pour avoir une culture commune au sein de la classe, plusieurs options s'offrent à vous. Vous pouvez décider de lire à voix haute vous-même le passage, le livre ou l'extrait. Vous pouvez demander à un élève bon lecteur et volontaire de lire à haute voix. Vous pouvez autoriser les binômes de lecture à voix haute (l'élève bon lecteur et volontaire lit à voix haute pour un camarade). Vous pouvez enregistrer votre lecture pour proposer l'écoute d'un texte lu avec un casque audio.


Alternatives d’aménagement : adapter le support de lecture à l’aide de repérage, texte aéré, syllabes colorées, police d’écriture et interlignage augmentés…
 

5. Autoriser le mouvement
 

La mobilité du corps n'est pas un signe d'inattention. On pense parfois à tort qu'un élève qui gesticule, dessine, triture sa gomme est distrait et ne se concentre pas sur ce le message oral que vous transmettez. Or, le corps est un outil au service des apprentissages et sa participation est déterminante dans le processus d'acquisition des connaissances et de la concentration. C'est encore plus vrai pour un enfant souffrant de TDAH (trouble déficit de l'attention avec hyperactivité).


Alternatives d’aménagement : prendre en compte l'agitation motrice grâce à la mise en place de fidget toys, assise dynamique ou active, élastique aux pieds de table…
 

Comment savoir si mon élève est dyslexique ?


Le diagnostic

Pour obtenir un diagnostic de dyslexie, il est nécessaire de consulter un médecin ou un orthophoniste, qui pourra évaluer les compétences en lecture et en écriture de l'élève, ainsi que ses capacités cognitives et linguistiques lors d’un bilan orthophonique.


Le repérage

Le dépistage précoce permet une prise en charge plus rapide et facilite ainsi la scolarité de l’enfant. C’est pourquoi des outils simples et gratuits sont mis à la disposition des enseignants. Ils nous permettent de faire passer un test aux élèves qui présentent possiblement des troubles spécifiques des apprentissages. Cependant, ces tests sont peu connus et nécessitent un temps d’appropriation puis de passation.

Je peux citer plus particulièrement :

  • le test REPER CE1, pour évaluer les difficultés phonologiques d’un enfant en CE1 ;
  • le REPERDYS, un examen qui évalue les compétences en lecture et en orthographe des élèves de cycle 3 ;
  • le dispositif Identidys, une échelle d’aide au repérage des troubles dys, dont ceux qui concernent « le langage écrit ».


Vous pouvez retrouver le détail des outils dans l’article sur les troubles spécifiques du langage (TSLE). Ces tests permettent de comparer les résultats de l’enfant avec une norme attendue pour des élèves de même âge ou de niveau scolaire identique, ou de classifier les types de difficultés rencontrées. Ils ne permettent pas d’obtenir un diagnostic et ne remplacent pas un bilan orthophonique. En revanche, ils sont de bons supports pour engager une discussion avec la famille et les informer de nos observations concernant les difficultés d'apprentissage.


Les signes d’alerte

Un certain nombre de difficultés persistantes et durables dans le temps peuvent nous alerter en tant qu’enseignant. Si après des remédiations simples et habituellement efficaces, les difficultés persistent alors il est important d’utiliser les outils de repérage.

Voici les signes principaux :

  • persistance d’erreurs phonologiques en lecture et écriture (omission, inversion, confusion) ;
  • saut de ligne en lecture et en copie ;
  • difficultés à consolider un stock orthographique stable avec notamment des fautes d’orthographe d’usage ;
  • mauvaise application des règles grammaticales ;
  • mauvaise compréhension lors de la lecture ou de l’apprentissage ;
  • copie laborieuse, prise de note très difficile, graphie de mauvaise qualité ;
  • lenteur d’exécution ;
  • grande fatigabilité.
     

On peut également ajouter les difficultés d’apprentissage des langues vivantes comme l’anglais. Cette liste n’est pas exhaustive.

Dyslexie et handicap : quelle reconnaissance des troubles dys lors de la scolarité ?


Reconnaissance médicale

À l’école, les enfants peuvent bénéficier de dispositifs spécifiques pour faciliter leur scolarisation. Il existe deux types :

  • Le PAP qui encadre un accompagnement pédagogique dans le cadre d’un projet d’accompagnement personnalisé. Des adaptations sont mises en place par les enseignants, comme l’adaptation des supports, l’octroi de temps supplémentaire pour réaliser les activités, la réduction du nombre d’exercices, les évaluations à l’oral quand l’écrit est trop compliqué, etc.

 

  • Le PPS ou un projet personnalisé au cours de leur scolarisation, qui, en plus d’aménagements pédagogiques, va ouvrir des droits de compensation auprès de la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées). Cela se caractérise par exemple, par l’octroi d’une aide humaine (accompagnant des élèves en situation de handicap, AESH) ou la mise à disposition de matériel comme des outils informatiques (ordinateur portable, logiciels de reconnaissance vocale…). Il s’agit de tout mettre en œuvre pour que l’élève puisse monter ses compétences au cours de sa scolarité, en prenant en compte ses difficultés et en proposant des moyens de les compenser.


Reconnaissance humaine
 

« Tu ne fais pas d’effort. Applique-toi. Recommence. Tu n’as pas appris tes mots. Tu fais trop de fautes. Relis-toi. »

La dyslexie est un handicap invisible comme tous les troubles dys. Il n’est pas rare d’entendre qu’un enfant TDAH est mal élevé, tout comme il est fréquent d’entendre que les élèves dyslexiques se reposent un peu trop sur leur PAP.  Ces propos ne sont jamais volontairement blessants ou provocateurs. Ils sont humains et le fruit d’une société française peu formée à l’inclusion comparativement à nos voisins italiens ou canadiens.

Malheureusement, ces propos dévalorisants nuisent à l’estime de soi des enfants. Il est essentiel que nous, adultes référents dans nos classes, nous arrivions à faire un pas de côté. Et si la réponse était d’abord dans le changement de nos habitudes langagières :

« Louis ne veut pas faire le rallye de lecture. »

Louis ne PEUT pas faire le rallye lecture.

 

« Méline est étourdie. Elle me fait des fautes de copie à tous les mots. »

Méline a BESOIN d’aide. Le résultat de son travail ne reflète pas ses EFFORTS . Elle n’y arrive pas ENCORE.

 

On peut les encourager pour leur motivation, les féliciter pour leur mémoire ou relever ce qui a été réussi, même si ce n’est pas parfait.

Un élève dyslexique qui écrit phonologiquement est déjà en réussite, car il est lisible et compréhensible.

Exemples avec l’écriture du mot dyslexie :

dislecsie, dislexie, dislexye, dixlexie, dyxlexie, dislexsie, dyslectie, dyslexi

 Mais au fait, c’est quoi la dyslexie ?


Définition

La dyslexie est un trouble de la lecture et de l'écriture. Elle se caractérise par des difficultés à identifier, à comprendre et à manipuler les sons, les lettres et les mots. Ces difficultés peuvent avoir un impact important sur la scolarité, la confiance en soi et l'insertion professionnelle des personnes concernées.


Dyslexie, trouble dys et trouble spécifique des apprentissages

La dyslexie est un trouble neuro développemental (TND) qui affecte le traitement du langage écrit. Elle ne se guérit pas, mais il est possible de mettre en place des stratégies et des outils pour aider les personnes dyslexiques à surmonter leurs difficultés et à développer leurs compétences en lecture et en écriture avec le moins de fatigue possible. Cela s’appelle la rééducation.

Information importante

La dyslexie peut être associée à d'autres troubles DYS, tels que la dysorthographie, la dysphasie, la dysgraphie, la dyspraxie ou le TDAH, ainsi qu’à un trouble du spectre autistique (TSA) ou à une situation de haut potentiel intellectuel (HPI). 

La dyslexie comme tous les autres troubles, invisibles ou non, peut faire l'objet d'une séance d'information collective à mettre en place au sein des classes. 

Trouble spécifique de la lecture : cause et origine

La dyslexie peut toucher des personnes de tous les niveaux d'intelligence et de tous les milieux sociaux. Elle est souvent diagnostiquée chez les enfants, mais elle peut également être diagnostiquée chez les adultes qui ont réussi à compenser leurs difficultés pendant de nombreuses années. Le trouble est présent dès la naissance, il est durable et persistant. Comme pour tous les « DYS », il s’agit d’un trouble multifactoriel dont les causes ne sont pas scientifiquement déterminées.

Les troubles de la lecture : existe-t-il un ou plusieurs types de dyslexie ?


Dyslexie phonologique ou d’assemblage 

La dyslexie phonologique se caractérise par une difficulté à identifier les lettres et à associer les sons aux lettres pour déchiffrer les mots. Les personnes atteintes de ce type de dyslexie ont également des problèmes pour épeler des mots inconnus, décomposer les mots en lettres et combiner les sons pour former des mots. La lecture est lente, imprécise et laborieuse, avec de fréquentes erreurs de substitution, omission ou inversion de sons.


Dyslexie de surface ou d’adressage

 La dyslexie de surface, quant à elle, se manifeste par une difficulté à reconnaître visuellement les mots dans leur globalité, notamment les mots irréguliers. Les enfants atteints de ce type de dyslexie ont tendance à décoder les mots syllabe par syllabe au lieu de les reconnaître instantanément. La lecture est très lente et laborieuse, avec des difficultés pour mémoriser les mots fréquents.


Dyslexie mixte

Enfin, la dyslexie mixte est une combinaison des difficultés de la dyslexie phonologique et de la dyslexie de surface. Les personnes atteintes de ce type de dyslexie ont des atteintes à la fois de la voie d'assemblage et de la voie d'adressage pour lire les mots. L’apprentissage de la lecture est une tâche très difficile, car aucune des deux voies n'est efficiente.

RESSOURCES COMPLEMENTAIRES

Retrouvez les articles concernant d'autres troubles spécifiques des apprentissages :  

Aider nos élèves dyslexiques à venir à l’école avec plaisir est un défi. Un défi de plus. Mais si vous êtes en train de lire cette conclusion, c’est que vous êtes déjà déterminés à le relever. Alors, commencez par ces 5 petites techniques du quotidien. Puis, surtout, soyez bienveillants aussi avec vous-mêmes : échecs, frustrations, fatigues seront probablement sur le chemin. Et puis, il y aura cette réussite, ce sourire, cette satisfaction, cette fierté. Pour lui. Pour elle. Pour vous.

 

 
N'hésitez pas à partager vos conseils et astuces d’adaptation en commentaire !

 

Émilie Kalifa, professeure des écoles depuis 2018

SOURCES

:

65 profs ont trouvé ce tutoriel utile

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