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8 idées pour accueillir les élèves non francophones au mieux

Lilia De Carvalho
18 septembre 2017 17:31
8 mn

Vous avez peut-être déjà vécu ce moment : vous êtes en vacances, dans un pays étranger et vous ne parlez pas du tout la langue. Genre la République Tchèque ou le Japon. Ou l’Angleterre d’ailleurs. Bref. Vous êtes dans le métro local, vous regardez tranquillement les gens, les publicités pour lesquelles vous vous amusez à décoder le message grâce au sourire colgate de la dame, le nom des stations… Et à un moment, un message vocal se fait entendre : hgjisudkj hkjhuhdhuuioer djkmjs adhok. Pardon ? C’est-à-dire ? Vous sentez qu’il se passe quelque chose mais vous ne savez pas quoi. Vous êtes en panique, vous aimeriez bien faire comme tout le monde et surtout vous vous sentez seul·e. Très seul·e.


Imaginez maintenant que ce moment devienne votre quotidien, et qu’en plus vous êtes un enfant… Vous êtes un enfant qui débarque dans une nouvelle école, sans ami, sans comprendre le français, et en plus, on va vous demander d’y aller tous les jours et d’y apprendre des trucs. Voilà Voilà.


Voici donc quelques pistes de réflexions et idées pour accueillir au mieux un enfant non francophone et le soutenir dans une étape de sa vie loin d’être évidente. Des ressources plus concrètes sont aussi disponibles à la fin de cet article !

 

L'ACCUEIL, L'ACCUEIL, L'ACCUEIL !


IDÉE N°1 : Comment ça va ? Pas plus que ça !

On retourne dans le métro à Prague. L’enseignant, doit être, pour cet enfant, ce passager qui prend le touriste perdu sous son aile et, avec deux mots de français et le langage des mains, va le guider jusqu’à bon port. Pas évident hein ? Comment on peut faire ? Finalement, c'est juste l'étape indispensable : l'accueil.
Avant toute chose, l’élève a besoin de savoir qu’il a toute sa place dans la classe et qu’il peut compter sur l’enseignant pour le soutenir. S’il ne maîtrise pas du tout la langue de l’élève, le sourire, lui donner la main selon l’âge, un regard pour lui dire qu’on sait que ce n’est pas facile (si si, c’est possible), sont bien sûr des codes universels pour rassurer.


IDÉE N°2 : Pas besoin de devenir bilingue, quelques mots suffisent.

Ensuite, même si l’idée est de parler le moins possible dans la langue maternelle de l’élève, l’enseignant peut apprendre quelques mots de la langue pour se présenter et détendre l’enfant en cas de stress ou de situation difficile. Si on peut, il est intéressant de prendre un temps pour questionner l’élève pour savoir comment il se sent. Comme l’élève peut être hésitant, on peut trouver des moyens différents pour le faire s’exprimer : dessin, écriture dans sa langue à faire traduire par les parents.


IDÉE N°3 : Expliquer pour rassurer.

Pour l’adulte, il est évident que l’élève ne pourra pas réussir certains exercices qui nécessitent du vocabulaire pour l'instant non maîtrisé. Pour l’enfant, cela représente un échec, qu’il est important de dédramatiser et d’expliquer. Lui dire « C’est normal, ça va arriver, mais on va travailler ensemble et tu vas progresser petit à petit, à ton rythme. » est une clé toute simple mais efficace pour l’encourager.


IDÉE N°4 : Quelle langue pour quand ?

Comme évoqué plus haut, le français doit être la langue principale dans laquelle on s’adresse à l’enfant. Ce n’est que comme ça qu’il pourra progresser. Restez deux mois dans le métro tchèque ou nippon (ailleurs que dans le métro, c’est bien aussi…) et vous sortirez avec du vocabulaire et de quoi vous débrouiller ! 
Vous pouvez donc associer des gestes et des images à vos paroles, pour faciliter cet apprentissage quotidien. Il faut aussi encourager l’enfant à utiliser le français le plus possible. Il peut ainsi mélanger le français et sa langue maternelle, repris par l’enseignant qui doit lui dire toute la phrase en français et la lui faire répéter. Comme on le ferait pour un enfant de maternelle francophone finalement !
Il faut faire attention à utiliser des mots et des structures de phrase simplifiés au maximum, en articulant le plus possible. Ça parait évident mais on ne se rend plus compte de la facilité avec laquelle on s’exprime dans sa langue, même avec des enfants ! Il faut ici faire un vrai effort d’adaptation !


 
Rentrer dans le vif du sujet : les apprentissages


IDÉE N°5 : Petits ajustements

Quand ce cadre accueillant est posé, il est alors possible de s’intéresser aux apprentissages. La posture de l’enseignant.e est primordiale pour accompagner l’élève dans ces moments parfois difficiles. Il s’agit de différencier, bien sûr, et de lâcher l’exigence dont on fait preuve avec ses élèves francophones. Être moins exigeant ne signifie pas n’avoir aucune exigence. Elle doit seulement se trouver au minimum de ce qui est réalisable, en restant ouvert. Il faut aussi se mettre à la place de cet.te élève, pour qui suivre une classe dans une langue étrangère est épuisant. (Rappelez-vous, vous êtes dans le métro et votre guide improvisé vous raconte où vous devez aller. Concentration maximum, donc fatigue maximum!) Les premiers jours, l’élève sera rapidement saturé. Il vaut mieux alors prévoir des activités de délestage : coloriages, jeux, écoute d’histoires. Si l’enseignant a réussi à communiquer avec l’élève de façon plus précise, il est possible de connaître les centres d’intérêt de l’enfant et d’adapter l’activité en conséquence. Il est aussi intéressant de laisser l’élève faire et se lancer seul. Une réussite sera alors encourageante et une difficulté ou un échec sera perçu moins durement.


IDÉE N°6 : Le français, comment on fait ?

  • En maternelle, le travail du langage oral et les différents rituels permettront à l’enfant non francophone de s’imprégner du français et d’apprendre du vocabulaire. Son intégration sera plus facile qu’en élémentaire puisque le langage sera partie intégrante des apprentissages.
  • Pour les classes de CE1 ou au-delà : le travail de lecture et le déchiffrage, peuvent se faire, si l’enseignant en a l’occasion (un smartphone suffit), en s’enregistrant en train de lire des textes que l’élève écoute à l’école ou à la maison. Il peut ensuite lire le texte seul.  Une autre solution peut être d’impliquer un autre élève, qui peut lire un texte et servir d ‘exemple.

Pour commencer à travailler la compréhension, les imagiers et les supports visuels peuvent être intéressants pour le vocabulaire. Il peut s’agir de prévoir un cahier à enrichir toute l’année, ou des affiches collaboratives dans la classe. Il est possible aussi de donner le même texte qu’au reste de la classe mais en version simplifiée, en ne reprenant que les éléments importants. De cette façon l’élève peut suivre la même histoire que les autres, sans se sentir totalement largué.
Si vraiment l’enfant ne comprend pas du tout le français, les apprentissages vont lui rester inaccessibles. Il faut donc être très présent pour lui… ce qui n’est pas simple étant donné qu’il évolue dans une classe avec d’autres élèves… Ce temps peut être trouvé pendant les travaux de groupe ou en autonomie du reste de la classe. Il peut lui être proposé des petites tâches comme de la copie ou de l’écriture.


IDÉE N°7 : En mathématiques, moment clé pour valoriser.

C’est une discipline où le manque de maitrise de la langue peut être gommé, si l’élève n’a pas de difficultés scolaires. C’est le moment de le valoriser, de souligner ses réussites, de l’encourager à continuer ! Reste toutefois un obstacle : la compréhension des consignes. Là encore le mot d’ordre est le suivant : simplification.
Petite astuce : penser à vérifier les techniques opératoires acquises par l’élève. Il ne les maitrise peut être pas ou elles sont peut-être différentes que celles utilisées en France. Par exemple les américains utilisent une technique différente pour la soustraction. Si l’élève commet une erreur il est important de comprendre son cheminement.

 

IDÉE N° 8 : Et pour le reste...

En arts ou en EPS, l’important sera de faire comprendre les consignes.
Dans les disciplines de découverte du monde, l’élève manipulera, prendra note comme les autres. La différenciation sera surtout dans l’évaluation. L’élève peut avoir compris une notion mais ne pas savoir l’exprimer en français car il n’a pas le vocabulaire nécessaire par exemple. Ce sera à l’enseignant de trouver un moyen d’évaluer la notion et non la langue.

 

Idées simples, grande efficacité

  • L’élève non francophone doit se sentir intégré pour progresser : ne pas hésiter à lui donner un rôle acteur dans la classe, en le faisant manipuler pour des explications, en lui demandant de l’aider pour distribuer des étiquettes, compter les points…
  • Parfois, les enfants se comprennent mieux entre eux. Instaurer une relation de tutorat entre un élève francophone et l’élève non francophone est un moyen valorisant pour l’un comme pour l’autre de progresser.

 

ET VOICI DES RESSOURCES CONCRÈTES !

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Johannie

 

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