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Chut, silence, taisez-vous ! Les enfants il y a trop de bruit dans la classe !
Inutile. Répété inlassablement et pourtant sans effet. Serais-je tel un téléviseur occupant l’espace sonore de la pièce sans que personne n’y prête attention ? Dans ces moments où la fatigue et l’agacement prennent le dessus, ce qu’on a tous essayé (réflexe primaire) : hausser le ton.
« SILENCE ! » et même parfois le ponctuer de trois coups sur le tableau. Passé l’instant de surprise, le bruit reprend plus fort encore, aiguillonné par notre tentative (désespérée, avouons-le) de maintien de l’ordre tel que nous l’attendons, tel que nous l’entendons.
Observons le monde autour de nous, celui dans lequel vivent ces enfants. Tout est mouvement, agitation, bruit… Le silence ? L’ont-ils déjà vécu ? Savent-ils ce que sensoriellement cela signifie que se mettre à l’écoute du silence ? Peut-être pas.
Eh bien, voilà ! Objectif dès la rentrée : apprendre le silence, vivre le silence au moyen de 3 jeux et outils en maternelle.
En regroupement, j’ai un « plateau de silence » que je dépose cérémonieusement, à gestes mesurés et dans un grand silence (j’en fais des tonnes, cela attire leur attention et les amène à se calquer sur mon rythme). Sur ce plateau il y a :
L’activité se déroule en trois temps. Tout d’abord, nous éveillons nos sens en faisant circuler un des petits sachets, toucher, vue, odorat, chacun y puise ce qu’il veut, mais se rend présent à la vie du groupe à cet instant-là.
Puis, nous écoutons la petite musique, faible au départ en tenant la boîte à musique dans la main, puis plus forte en utilisant le plateau pour la résonance.
Enfin, nous arrivons au moment du silence : rester en silence total le temps d’un sablier. Rappelez-leur l’attitude qui convient pendant ce temps : le corps est tranquille, les mains sont immobiles, la bouche est fermée, les yeux peuvent être ouverts ou fermés, les oreilles écoutent.
Il m’arrive parfois d’allumer une bougie, car cela focalise l’attention visuelle, tout comme le sable qui s’écoule. Alors bien sûr au début c’est difficile, les mains veulent bouger, les pieds tapotent, les bouches n’ont pas appris à se taire… mais à force de répétition le temps de silence s’allonge.
Pour challenger le moment de silence, je montre avec mes doigts le nombre de bruits que j’ai entendus et nous tentons toujours de faire mieux la fois suivante. Lorsque le silence a été vécu le temps du sablier, les enfants doivent le conserver car il est le seul moyen pour eux de recevoir en cadeau : un « tout petit bruit », un de ceux que seul le silence permet d’entendre, froisser un papier, le déchirer, faire tomber un trombone sur le carrelage, un coquillage sur le plateau… À vous d’inventer !
Dans la vie de la classe, j’ai remarqué que les transitions comme le regroupement sont souvent le moment où le bruit monte, monte, monte, car c’est un autre constat : les enfants crient plus qu’ils ne parlent.
Préparer un déplacement, sortir en récréation, créer des groupes en EPS…
Un premier enfant se place à la porte et appelle à petite voix le suivant qui prend sa place ; si l’enfant n’a pas entendu, on passe à un autre. Donc pour entendre son nom, il faut être silencieux (début de cercle vertueux). Pour travailler à plusieurs, on utilise sa « petite voix de travail » et, si on observe un camarade au travail, on use de l’attitude de spectateur travaillée avec le plateau de silence.
Oui, mais un enfant, ça bouge ! Les pieds, les chaises, les tables, le matériel, tout est source de bruit. Donc je prends du temps pour leur apprendre comment on s’installe à une table, comment on déplace une chaise, comment on marche dans la classe. Ce temps n’est pas perdu, il est nécessaire à l’installation d’une ambiance de classe plus sereine.
Pour bien mesurer les gestes, nous faisons des jeux en EPS : chemin de feuilles de papier journal à parcourir sans être entendu, feuille à transporter à un, à deux, à trois toujours sans bruit, parcours avec un grelot…
Et pour le plaisir, parce que c’est aussi ça vivre ensemble : faire du bruit avec le journal, les grelots et apprendre à stopper au signal (visuel) de la maîtresse.
Je garde toujours un grelot dans la classe. Quand un enfant s’agite, court, est bruyant, je le prends par la main et ensemble nous faisons le tour de la classe en marchant (très, très, très lentement). Avec ma toute petite voix, je lui propose d’observer les enfants qui sont au travail, ensuite il peut faire le tour de la classe (ou du couloir) avec le grelot en essayant de ne pas le faire tinter.
Ce que j’ai appris, c’est qu’attirer l’attention avec du bruit augmente le bruit. Se déplacer jusqu’à la source du bruit et poser simplement sa main sur l’épaule de l’enfant ou secouer une fois le grelot en signal est plus efficace lorsque la classe a été habituée à vivre le silence.
Quant au bruit, on observe parfois ce qui se passe et on se rend compte que c’est simplement le reflet d’une classe au travail. Si on laisse passer le pic de bruit, le calme revient.
Faites le test : notez à quelle heure le bruit augmente significativement chaque jour de la semaine, ça aide à relativiser d’une part et d’autre part sentir quand l’intervention adulte est nécessaire ou pas.
Directrice d'école maternelle
Administratrice du groupe FB Ouvre moi le monde et du site Ouvre moi le monde.
Sur mes évaluations quand j’étais élève, il y avait souvent écrit « Bavarde trop ». Mais chut ! C’est un secret…
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Bonnes suggestions ! Merci.
Des idées concrètes à mettre en application et/ou à adapter. Merci pour ce partage.
Merci beaucoup pour ces pistes , c'est important de leur indiquer les niveaux du bruit . Leur dire ''parle moins fort'' ne veut rien dire pour eux si on ne leur donne pas des repères.
Merci beaucoup...ce sont des idées à la fois simples et faciles à preparer