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Solution la plus efficace – avec les gestes barrières – pour se prémunir de la COVID, le port du masque demeure très contraignant pour les enseignants, obligés de le porter devant la classe. Corinne Loie, chargée de prévention et orthophoniste MGEN, nous dresse quelques constats sur les contraintes physiologiques mais aussi pédagogiques relatives au port du masque.
Les masques chirurgicaux, et les masques en général, ne sont pas adaptés aux orateurs. Ce n’est pas du tout leur vocation ! Porter un masque en parlant est préjudiciable non seulement à la voix, mais aussi à l’audition et à la communication.
En effet, du point de vue de la phonation, le masque constitue tout d’abord un écran acoustique qui diminue de 3 à 4 dB en moyenne les sons émis dans les fréquences moyennes et de 12dB ceux émis dans les fréquences hautes (importantes pour la portée de la voix).
« Les masques chirurgicaux ne sont pas adaptés aux orateurs. Ce n’est pas du tout leur vocation ! »
Il provoque aussi un inconfort respiratoire car il joue notamment sur la fréquence respiratoire et sur la saturation en oxygène du sang. Dans le cas de certaines pathologies, comme la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), le masque doit être porté avec précaution.
Enfin, au niveau de la communication, le masque empêche la réception des indices visuels habituellement véhiculés par les mouvements produits par le bas du visage : bouche, mâchoire, joues, langue.
Le masque constitue également une barrière aéro-dynamique qui gêne la production et la perception des consonnes. Chez les enfants on constate que des troubles attentionnels, et neuro-cognitifs tels que la fatigue et des difficultés d’apprentissage se manifestent.
Elles sont nombreuses mais on peut citer prioritairement une perturbation du geste vocal, une diminution de l’intelligibilité des messages transmis provoquant leur mauvaise réception. Dès lors, l’enseignant aura tendance à augmenter l’intensité de sa voix, surarticuler et répéter.
Pour peu que sa technique vocale soit insuffisante et/ou sa résistance vocale faible, il tentera d’augmenter l’intensité ce qui contribuera à surmener sa voix et/ou la malmener pour compenser la perte en dB provoquée par le masque. Plus il cherchera à être entendu, plus il la surmènera pour finir par entrer dans ce qu’on appelle le « cercle vicieux du forçage vocal » : moins on a de voix et plus on force. Plus on force, moins on a de voix ! (F. Le Huche)
« Moins on a de voix et plus on force. Plus on force, moins on a de voix ! »
Il ne faut donc pas s’étonner que nombre d’enseignants se plaignent d’irritations laryngées au cours de la journée, d’avoir la gorge sèche, des migraines (qualité de l’air inspiré saturée), de perdre rapidement la voix et de ne pas arriver à faire passer les acquisitions, ni leurs intentions.
Et le flou sonore qui en découle va grandissant, impactant non seulement le geste pédagogique, mais aussi la réception du message et donc les apprentissages.
Prendre soin de sa voix pour ne pas être aphone
Les conseils de Corinne Loie dans une série de 4 vidéos sur la voix
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