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Lorsqu'on demande aux professeurs pourquoi ils corrigent, ils nous donnent beaucoup de raisons que nous avons listées dans l'article “Savoir pourquoi est-ce qu'on corrige”. Cependant, je sais par expérience que l’on oublie une cinquième raison qui pourtant est celle qui nous pousse le plus à passer du temps à corriger : on corrige parce que c’est ce que font les profs.
Mais cela a-t-il un intérêt ?
Ainsi, on corrige souvent pour respecter une certaine représentation professionnelle de notre métier.
Cette raison est la plus rarement citée, parce que c'est la raison inconsciente principale. Il est donc très difficile de s'en rendre compte et de l'admettre. C’est donc celle qui est la plus difficile à dépasser.
On s'imagine qu'un bon professeur est un professeur qui corrige beaucoup. En effet, entre deux professeurs, celui qui passe dix heures à corriger par semaine paraît être un meilleur prof que celui qui n'y passe que deux heures. On a l'impression qu'il donne plus de feedbacks à ses élèves.
Mais, il y a aussi une notion de sacerdoce qui se joue. On est prof, peu importe que l'on déteste corriger ou non, cela fait partie de notre mission, de notre identité professionnelle. Si on part en vacances sans paquet de copies, reste-t-on alors vraiment prof ? Spoiler : moi, je pense que oui !
Au contraire, corriger énormément pendant les vacances, dès qu'on peut, sans relâche, pose plusieurs problèmes délétères pour l'apprentissage :
On peut tenir à peu près quatre ans en corrigeant beaucoup. C'est compliqué de tenir plus.
D'ailleurs, quand on prend des nouvelles de nos collègues partis à la retraite, souvent ils se réjouissent en premier lieu de ne plus avoir de copies à corriger. Ainsi, corriger beaucoup pèse sur les profs, ça grignote l'énergie petit à petit.
Peu importe le temps qu'on prend pour corriger les copies, ce travail ne transforme pas nos pratiques au long cours. On passe donc notre temps à faire du boulot qui n'a pas d'influence sur le long terme.
Les enseignants sont alors tellement débordés qu'ils ne peuvent pas se former. Pourtant, on sait qu'une formation a un impact sur cinq à dix ans, alors que la correction de copies n’a un impact que sur quelques mois.
À force de privilégier le court terme, on ne prend pas le temps important pour construire un vrai système pédagogique efficace. Cette construction prend du temps, mais du temps qui améliore notre pratique d'année en année.
Si vous vous êtes inscrit·e pour recevoir ce kit (pour le secondaire), c'est que vous voulez prendre du temps pour du long terme. L'idée est donc de vous apporter des outils qui vous aideront sur le long terme.
Une dynamique inverse à celle que nous mettons en place au quotidien, étant emportés par le côté émotionnel de notre engagement à court terme. Souvent, en tant que prof, on priorise beaucoup les élèves que l'on a en face de soi : « Je ne peux pas faire ça, parce que Thibaut a besoin que je corrige sa copie correctement. »
Cependant, on n'est pas plus le professeur de Thibaut cette année que d'Amina dans 5 ans ou d'Alexandra dans 15 ans. On ne travaille pas seulement pour les élèves que l'on a en face de nous, mais pour tous les élèves que l'on va avoir tout au long de notre carrière. Si l'on privilégie le court terme, on abandonne nos futurs élèves. C'est plus simple émotionnellement, car on ne les connaît pas, on ne les a pas encore rencontrés, alors que Thibaut, lui, on le connaît bien, on le voit toutes les semaines.
Et si à la place de passer une heure sur la copie de Thibaut, j’y passais 15 minutes ? Je me libèrerais ainsi 45 minutes pour aider les élèves que je vais avoir durant les 15 prochaines années. 45 minutes pour réfléchir à ma pédagogie, 45 minutes pour prendre de la hauteur. Un investissement qui touchera au final plus d'élèves.
Pensons à mettre notre priorité à l'échelle de notre carrière. Dans la fiche mémo suivante, vous trouverez regroupées les raisons évoquées tout au long des deux premiers envois du Kit Évaluation (secondaire). Une fiche à garder près de soi pour ne pas perdre de vue l'objectif de nos évaluations : l'apprentissage de nos élèves.
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Cet article rejoint ma perspective d'enseignement sur le long terme, qui fait que je ne précipite pas les choses, notamment en terme de résultats! Merci pour le partage fructueux ...
Très intéressant. L'évaluation a toujours été sujet délicat pour enseignants et apprenants
Et donc? Qu'est-ce qui est préconisé pour remplacer la correction?