Personnaliser vos contenus
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Eh oui, nous sommes tous confrontés à cette question lors d’une séance de lecture, d’histoire, ou d’enseignement moral et civique. Et il n’est pas toujours aisé d’y répondre , surtout si nos propres connaissances sur le sujet ne sont pas complètes ou si notre posture n’est pas encore assurée sur le sujet. Voici donc quelques pistes pour parler des personnages religieux en classe.
La réponse est… oui ! Mais pas n’importe comment.
Tout d’abord, comme l’explique la séquence proposée, on travaille dans le cadre des programmes : éducation à la laïcité, parcours citoyen de l’élève, enseignement laïque des faits religieux. On fait ainsi le lien avec deux domaines du socle commun : le domaine 3 (formation de la personne et du citoyen) et domaine 5 (les représentations du monde et de l’activité humaine).
Ensuite, on travaille l’objectif de distinguer le croire du savoir, dans le respect des différences. On est donc bien dans les objectifs fondamentaux de l’école. On rappelle le droit français qui garantit aujourd’hui le droit à chacun d’avoir ses propres convictions (articles 1 et 3 de la Charte de la laïcité).
Enfin, on est dans notre « mission civique » qui consiste à faire de nos élèves de futurs citoyens éclairés. Pour cela, un minimum de connaissances sur les cultures du monde leur permettra d’avoir un esprit critique et de développer un regard fraternel envers autrui. Notre posture d’enseignant est fondamentale. Neutralité obligatoire (article 11 de la Charte de la laïcité et référentiel de compétence) et distanciation lexicale (pas de « je », pas de « nous », pas de « vous », mais « Les chrétiens croient que Jésus est mort et a ressuscité… » ou « Dans la religion musulmane, les croyants pensent que Mahomet est le dernier prophète… »). Tout se joue sur ce détail qui n’en est pas un, notre posture.
Moi, j'aime bien essayer de parler de personnages religieux communs à différentes religions mais aussi de personnages propres à certaines religions. Ce faisant, je mets en évidence la diversité des religions et les élèves comprennent que la laïcité est nécessaire. Cela aide les élèves à opérer une légère distanciation pour les amener à voir le monde sous ses multiples aspects. La question « Pouvez-vous me dire s’il existe une seule religion aujourd’hui ? » permet facilement d’ouvrir le débat et les esprits sur la diversité des croyances actuelles.
Pour amorcer cette réflexion, il est aisé de commencer par les religions polythéistes grecques ou romaines de l’Antiquité. La distance temporelle permet d’aborder la pluralité des convictions et des croyances. Ainsi, on parlera facilement des dieux grecs et de leurs « équivalents » romains en expliquant que l’époque antique présentait davantage de croyances polythéistes mais que cela avait changé au fil du temps et que cela changera peut-être encore dans le futur. Voici des outils qui peuvent alimenter votre réflexion :
Cela permet ensuite de se rapprocher du temps présent et de parler des croyances actuelles, de leurs histoires respectives et de leurs personnages principaux. Cela constitue une amorce à cette réflexion sur les religions, les croyances, et sur la question de la laïcité aujourd’hui en France.
Un ouvrage assez complet sur l’histoire des religions et les personnages principaux est également accessible pour les enfants du primaire dans la collection Quelle histoire et s’intitule « Histoire des religions ». Disponible aussi en version audio après achat du livre papier, il peut être lu ou entendu sur tablette ou smartphone en classe ou à la maison.
Dans le cadre du jeu de l’Arbre à défis que vous pouvez aussi trouver sur cette page, un travail sur « croire » et « savoir » est proposé dès la première séance. On prend donc appui dessus régulièrement au cours de séances de jeu. À l'aide de la vidéo Vinz et Lou sur “Ce que je sais, ce que je crois”, on commence à se demander si le personnage de Napoléon a existé.
Je fais ici une pause et demande aux élèves ce qu’ils en pensent, pourquoi on parle de ce personnage en histoire, ce que cela implique en termes de sources historiques. Puis on continue un peu la vidéo et je fais un arrêt après chaque “petit papier”. Cela permet de redéfinir ce qui est dans le domaine du croire et ce qui est dans le domaine du savoir, sans pour autant hiérarchiser les idées.
Ensuite, sur des séances qui durent environ une heure, les différentes religions principales sont étudiées sous divers aspects, dans une esprit de curiosité, de compréhension du monde et de l’autre. La thématique des personnages religieux fait l’objet d’une séance entière mais peut-elle aussi être traitée de manière plus allégée en fonction des besoins.
Ainsi, on y découvre Jésus, Moïse, Mohammed mais j’aime aussi y adjoindre les autres cartes du jeu sur les personnages d’Abraham, de Brahma, de Vishnou et Shiva ainsi que Bouddha (de nouvelles cartes dans la dernière édition du jeu qui ouvrent encore plus l’esprit à la diversité des religions).
Après avoir demandé aux élèves ce qu’ils pensaient connaître de chacun de ces personnages (bref après avoir recueilli leurs représentations premières) et avoir bien distingué entre les croyances (en leur apprenant à identifier qu'il s'agit de croyances, qu'elles sont par nature plurielles et en veillant à placer leurs propos comme étant des témoignages) et les connaissances (par exemple je me suis entendue dire « Non “J.-C.”, ce n’est pas Jules César et non, ce n’est pas non plus Jean Castex ! » - oui, ils ont de l’humour mes élèves !), on peut démarrer le jeu.
Répartie en équipe de 5/6 élèves, la classe doit écouter le texte de la carte jeu que je lis deux fois (pour une meilleure compréhension) et répondre à chacune des questions par vrai ou faux sur une ardoise commune pour le groupe. Les élèves de chaque équipe doivent d’abord se mettre d’accord sur la réponse (collaborer, argumenter, valider) puis justifier cette réponse à l’oral (argumenter) ; à chaque bonne réponse, l’équipe marque un point. L’équipe qui reçoit le plus de points gagne la manche du jour.
C’est donc ici autant un travail civique qu’un travail de compréhension de texte lu, compétence à travailler en amont pour que ce travail ne soit pas pénalisé par la découverte d’une activité cognitive nouvelle.
Les informations apportées par les cartes permettent à l’enseignant de répondre à la plupart des questions des élèves. Néanmoins un guide du maître fourni avec le jeu permet de compléter ces connaissances ou de préciser certaines informations pour répondre aux petits curieux. La distanciation lexicale précisée plus haut est aussi respectée. Ainsi on lira par exemple sur la carte « Mohammed » : « Les historiens peuvent affirmer que Mohammed a existé et qu’il a vécu au VIIe siècle car ils ont des traces de l’époque. (…) En revanche, les historiens ne peuvent pas affirmer que Mohammed est un prophète. C’est une croyance impossible à vérifier ». On trouvera l’équivalent pour les autres personnages.
N'hésitez pas à rassurer vos élèves en leur disant bien qu'il ne s'agit pas de leur dire de croire ou ne pas croire ou encore quoi croire. Il s’agit lors de cette séance, en écoutant le texte de la carte et en répondant aux questions vrai/faux, d’acquérir à la fois des connaissances élémentaires, par exemple historiques, et des connaissances sur les principales croyances sur chacun de ces personnages. « Donc vous devez donc répondre vrai ou faux par rapport au texte entendu. »
Ainsi dans cette séance spécifiquement en modalité « vrai/faux », je lis les six cartes une à une car elles font sens ensemble selon moi et permettent une synthèse collective assez complète du panorama des personnages à connaître pour comprendre les religions et le monde qui nous entoure.
On pourra aussi s’appuyer pour conclure sur la série de vidéos "Un dieu, trois religions" de l'émission C'est pas sorcier sur le christianisme, le judaïsme et l'islam, mais on veillera à les utiliser avec précaution car elles ne permettent pas de garantir la neutralité de cet enseignement et du PE du coup. Les précautions de langage comme « selon les croyances » ne sont pas systématiquement utilisées. Il faut donc être vigilant dans l’emploi de ces outils.
De cette manière, les élèves comprennent le sens des fêtes et rites religieux des principales religions, de leur calendrier, ne posent plus de questions (parfois embarrassantes) à leurs camarades car ils ont les connaissances qui leur permettent de comprendre. Ils développent également un esprit plus ouvert sur l’altérité et les différences qui permet de construire un climat de classe serein, apaisé et fraternel.
Pour résumer, on peut parler des personnages religieux mais on prend des précautions : on est vigilant à notre posture et notre neutralité, on veille à ne pas désigner un élève comme représentant d’une religion, on se place du côté des connaissances mais on veille au respect de la liberté de conscience de chacun.
Les ouvrages de littératures de jeunesse offrent de multiples supports sur les héros et les dieux mythologiques, les programmes de CM1 en offrent également sur les croyances polythéistes puis monothéistes au cours de l’Histoire, l’EMC permet un regard contemporain sur la diversité des convictions d’aujourd’hui (athéisme compris) et sur les différences de chacun.
Alors, à vous de jouer maintenant !
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