Dans ce premier épisode d’une série de 3 podcasts consacrés à la relation avec les familles, Anne Chiardola, ancienne IEN en circonscription et aujourd’hui cheffe de projet à la Direction Numérique pour l’Education, explore l’histoire des relations familles-École pour bâtir une relation constructive avec les familles.

Historiquement, l’éducation de la famille a souvent été désignée comme problématique, déjà Platon critiquait l’éducation reçue par les jeunes au sein de leur famille. Les lois Ferry, qui ont été un grand pas pour l’instruction pour tous·tes, ont néanmoins marqué l’exclusion des familles de l’École, seul·e·s les professionnel·le·s étant habilité·e·s à enseigner et éduquer. Pourtant les familles sont les premières accompagnatrices de leurs enfants, et doivent donc être des partenaires privilégiés pour les enseignant·e·s. S'ils n’ont pas toujours les compétences pour instruire leurs enfants, les parents en sont les premiers éducateurs, la loi de refondation pour l’école de république de 2013 fait d'ailleurs de la co-éducation un levier fort de la réussite scolaire.

La place des héritages dans cette relation

Pendant longtemps, les familles n’étaient pas les bienvenues à l’École, la société était divisée entre les sachants et les autres. Aujourd’hui le paradigme est différent, on est dans une relation partenariale ou les relations sont tissées entre l’École et la famille.

Les travaux sociologiques de Bourdieu et Passeron ont mis en lumière un certain déterminisme social vis-à-vis de l’École, qui pèse aujourd’hui sur la relation familles-École. Certaines familles peuvent revivre leur propre rapport à l’institution scolaire, leur propre déception dans les échanges avec l’enseignant·e. Garder en tête cela permet de se prémunir contre les tensions avec les familles.

S’éloigner des jugements

Quand on se retrouve face à un enfant en difficulté, il est humain de porter un jugement spontané sur l’enfant, sa famille ou sur l’implication des parents. En tant qu’enseignant·e, il convient d’être prudent·e, de prendre de la distance face à ces premiers jugements, et de se mettre dans une posture d’écoute active pour prendre des indices afin de mieux comprendre la situation de l’élève et de sa famille. Être enseignant·e, c’est aussi travailler son humanisme, en gardant à l’esprit que chacun·e fait avec ce qu’il est, avec son histoire personnelle et qu’en tant qu’enseignant·e nous n’avons accès qu’à une partie du contexte.

On ne peut pas faire le raccourci de penser qu’un élève qui rencontre des difficultés scolaires vient d’une famille éloignée de l’École qui ne s’implique pas dans la scolarité de l’enfant et avec qui le travail sera plus important. Il existe une multitude de difficultés, qui peuvent apparaître tous milieux confondus, toutes classes sociales confondues. Il faut donc prendre le soin d’observer les élèves et les relations pour pouvoir poser un diagnostic. Il convient aussi de garder en tête que l’école est un ascenseur social, toutes les familles projettent une réussite et aspirent à de beaux parcours pour leur enfant. Cette ambition porte l’élève vers la réussite.

L’intérêt d’une formation famille-École

Il serait pertinent de former les enseignant·e·s à la relation familles-École, notamment suite à la loi de refondation pour l’École de République de 2013 qui donne une place centrale à la coéducation. Des expertises autour de la communication seraient profitables pour les enseignant·e·s : communication bienveillante, communication non-violente, communication verbale et non-verbale, l’expression des besoins, posture (savoir se positionner), émotions des enseignants… Ces compétences s’apprennent et sont essentielles pour le métier d’enseignant qui est essentiellement humain.

Le savoir robuste produit par la recherche sur les émotions, le soin, pourrait être opérationnalisé pour être transmis aux enseignants en formation initiale.

Fierté et lucidité

Dans le cadre de la relation avec les familles, on peut se montrer fier·ère d’être enseignant·e, montrer les réussites de l’école dont on peut être fier·ère et les compétences des enseignant·e·s qui sont agiles, flexibles et réactifs. Cela ne signifie pas idéaliser l’École ! Bien au contraire, on doit être conscient·e des possibles améliorations, accepter les loupés, être lucide et capable de s’observer pour pour être réflexif·ve et adapter son approche si besoin.

La fiche outil pour passer à l'action
 

Pour un entretien avec les familles réussi

C’est quoi ? Une proposition d'étapes.

Pourquoi ? Aménager un cadre sécurisant pour mes entretiens avec les  familles.

J’en fais quoi ? Je l’imprime pour mon prochain entretien.

Télécharger la fiche outil