Personnaliser vos contenus
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La notion d’étayage revêt de nombreuses dimensions. Il est défini par Jérôme Bruner comme “l’ensemble des interactions d’assistance de l’adulte permettant à l’enfant d’apprendre à organiser ses conduites afin de pouvoir résoudre seul un problème qu’il ne savait pas résoudre au départ”. Cette définition donne une diversité de gestes professionnels et de postures qu’il est possible de mettre en place pour faciliter les apprentissages et l’évolution de nos élèves.
Il est important de savoir en quoi cela consiste, mais également pourquoi il est utile de mettre en place un étayage pensé et structuré pour aider nos élèves dans leurs apprentissages.
L’étayage est principalement l’accompagnement que met en place une personne experte dans un domaine pour aider une autre personne dite novice. La personne experte donne des conseils, montre, explique. La personne novice apprend, écoute et pose des questions pour favoriser sa compréhension. Il est important que les deux parties soient investies dans leur tâche pour que cet étayage soit réellement efficace.
Au-delà de cette notion de transmission, la personne novice doit, à la fin de cet étayage, être capable de s’approprier les procédures et les connaissances vues précédemment pour les utiliser ensuite de façon autonome et potentiellement de les transmettre à quelqu’un d’autre.
En classe, le rôle de personne experte est souvent confié à l’enseignant·e, qui est la référence. Il est également possible de le confier à un ou une élève expert·e dans un domaine s’il ou elle est capable de guider ses camarades. Il est important de proposer différents types d’étayage à nos élèves, détaillés dans la partie suivante, pour que cet étayage réponde au mieux à leurs besoins. En effet, nous savons qu’une méthode peut fonctionner avec un·e élève et complètement échouer avec son voisin. Chacun·e apprend d’une façon différente, il est donc nécessaire de varier les aides et les postures pour le développement et l’évolution de chacun.
Jérôme Bruner est un des spécialistes de l’étayage. À travers ses différents travaux, il a défini six fonctions d’étayage qui favorisent les apprentissages :
Accompagner les élèves dans les apprentissages les fait évoluer : ils et elles développent de nouvelles compétences et grandissent. Il est également important de les faire évoluer dans une certaine autonomie. Plus l’élève aura confiance en ses capacités à apprendre, plus il ou elle pourra entreprendre des apprentissages seul·e. L’accompagnement de l’adulte sera toujours présent, mais plus discret au fur et à mesure de l’évolution de l’enfant.
Pour permettre aux élèves d’acquérir une autonomie efficace, il est important de définir clairement et avec eux des objectifs sur les apprentissages en cours. C’est un des gestes professionnels essentiels, qui demande une préparation et un accompagnement auprès des élèves. Un objectif clair donne un but précis. Il est plus simple d’évoluer lorsque l’on sait où l’on veut arriver. Cela est valable pour les adultes, mais également pour les enfants. Il faut être vigilant·e quant au fait que cet objectif doit être accessible par tous les élèves. Il faut donc le décliner en étapes s’il est trop complexe.
Pour illustrer lors de la préparation de vos séances, l’objectif doit être simple, explicite et précis. Il est habituel de définir un objectif par séance pour que tout le monde s’y retrouve. Une fois que l’enseignant·e est bien au clair sur celui-ci, il faut ensuite le formuler clairement pour que chaque élève sache vers quoi il doit arriver à la fin de la séance. Énoncer l’objectif à l’oral n’est pas suffisant. Ecrivez-le sur votre tableau ou sur un support visible de vos élèves. Vous pouvez également l’illustrer à l’aide de pictogrammes pour les plus petits, mais aussi pour les plus grands : cela peut les aider à visualiser où ils doivent arriver. Faites reformuler aux élèves l’objectif et donnez des exemples concrets. Par exemple, “à la fin de cette séance, je saurai écrire une phrase au passé composé pour expliquer ce que j’ai fait hier après-midi”.
À la fin de votre séance, il est également très important de faire le point sur ce que vos élèves ont appris. Ils et elles seront capables au bout d’un certain temps de donner des précisions sur ce qu’ils et elles ont acquis et sur le chemin qu’il reste à faire. Il est possible pour la suite des apprentissages de demander aux élèves de réfléchir à l’objectif suivant.
Surmonter ses difficultés est un long chemin pour tout le monde. Pour réussir à atteindre un objectif qui peut nous paraître insurmontable au premier abord, il est important de prendre conscience du chemin à parcourir et également des difficultés et des lacunes que nous avons avant de nous lancer. Ainsi, il sera plus facile de se former et de s’adapter si l’on connaît nos faiblesses. Les élèves ont le même besoin. Face à un nouvel apprentissage, il est important que chacun soit conscient du chemin à parcourir. En visualisant le chemin, il est possible que l’élève soit plus enclin à fournir des efforts. Il est également essentiel que l’enseignant·e soit au clair avec l’objectif final et avec le chemin à parcourir. Il lui faut découper ce chemin en étapes pour que le défi que représente l’apprentissage soit accessible à un·e élève en difficulté. Il est important de verbaliser les différentes étapes et il est même possible de l’imager pour que cela soit plus simple pour l’élève. À l’enseignant·e également de fournir à l’élève les différents outils pour l’aider à surmonter ses difficultés.
Ce processus permettra plus tard à l’élève de se rendre compte seul·e du chemin à parcourir, c’est également un des éléments importants pour l’autonomie de chacun et chacune. Cependant, il est extrêmement important de ne pas décourager l’élève en lui montrant ce qu’il ou elle ne sait pas faire, cela sera contre-productif et très dur pour l’enfant en question. Le rôle de l’enseignant·e ici est d’adapter les apprentissages pour qu’ils restent accessibles.
La gestion des émotions et de la frustration est un apprentissage à part entière à mener pendant la scolarité des élèves. Il est très fréquent que nos élèves réagissent très mal à l’échec ou à l’erreur. Il est important de leur montrer et de leur expliquer quelles sont les réactions qui sont acceptables et qui leur permettront d’évoluer et d’avancer dans les apprentissages.
Un travail approfondi et explicite sur les émotions peut être mené dès le plus jeune âge, notamment à travers des albums jeunesse. Vous trouverez ici un parcours complet pour vous accompagner dans ce travail.
La différenciation est une des parties importantes de l’étayage. Nous savons tous que nos élèves apprennent chacun à leur rythme, nous n’avons pas de recette magique pour qu’ils et elles soient tous au même moment capables de comprendre une notion précise. La différenciation entre alors en jeu.
Différencier ne veut pas dire baisser ses exigences dans l’accompagnement d’ un·e élève en difficulté. Le but est que chacun arrive à l’objectif fixé au début de la séquence.
Il existe de nombreuses sortes de différenciation. Celle-ci peut se faire sous la forme d’un allégement de la quantité de travail demandée à un·e élève, il est également possible de différencier en augmentant cette charge de travail pour des élèves étant à l’aise avec les tâches proposées. Les supports peuvent être différents ainsi que les consignes. Celles-ci peuvent être décomposées en tâches simples pour guider au maximum l’élève.
La différenciation peut aussi se faire sous la forme d’un accompagnement humain. Le fait que l’enseignant·e prenne du temps avec un·e élève ou un petit groupe pour expliquer les consignes et les guider à travers des exemples concrets où l’utilisation de matériel est déjà une différenciation importante.
La différenciation est à penser en fonction de votre fonctionnement de classe et aussi de vos élèves. Tous et toutes n’ont pas les mêmes besoins. Il est important d’adapter le travail mais aussi la différenciation.
Différencier est un outil efficace en classe, mais il existe également d’autres théories qui permettent à chacun et chacune de s’intégrer en classe et d’évoluer selon les objectifs définis pour la classe. La Conception Universelle des apprentissages est un ensemble de principes qui permet d’inclure chaque élève dans les apprentissages sans personnaliser pour autant les différentes notions et supports utilisés. Grâce à plusieurs lignes directrices, cette conception permet à chaque élève de trouver sa place dans les apprentissages, d’apprendre avec les autres et de s’engager dans les tâches proposées.
Pour cela, il est possible de travailler sur les moyens de représentation que nous proposons aux élèves. Chacun apprend de façon différente, certains apprennent plus facilement en voyant, d’autres en écoutant, ou encore en touchant. Il existe de nombreuses sortes de mémoire. Il faut donc essayer de diversifier les approches que nous proposons aux élèves pour réussir à capter l’attention de la majorité d’entre eux et les guider plus facilement dans les apprentissages. Nous pouvons également proposer dans nos classes des moyens d’action et d’expression divers : il est possible dans cette optique, de proposer des formes de travail en petits groupes pour que les élèves puissent communiquer et restituer plus facilement, les supports de communication peuvent ainsi être variés (affiches, enregistrements sonores, restitution par une dictée à l’adulte, etc.).
Pour finir, il est nécessaire d’inclure les élèves en leur proposant différents types d’engagement en fonction des difficultés de votre classe. Définir les objectifs et les buts avec vos élèves, travailler sur la limitation des distractions pendant un temps donné ou encore favoriser la collaboration entre les élèves peut permettre à toutes et tous de trouver une place au sein des apprentissages. À partir de ces réflexions, il est possible d’inclure un maximum d’élèves dans les classes. Il faut anticiper les difficultés sans pour autant individualiser. En rendant les apprentissages plus explicites, les élèves avancent vers une certaine autonomie et un engagement plus fort.
L’étayage est un des outils professionnels les plus importants pour un·e enseignant·e. Il permet de travailler efficacement pour chaque personne présente dans la classe. Ce concept est large et chacun doit se l’approprier pour qu’il s’adapte à votre façon de travailler. Cet article vous a donné des pistes de recherche et de travail. Maintenant, c’est à vous de jouer pour la suite !
Elodie Sighele Professeure des écoles en élémentaire et passionnée d'étayage et plus particulièrement de différenciation.
Dans cette fiche outil vous retrouverez quelques conseils qui vous permettront d’y voir plus clair et qui vous aideront à modifier vos préparations.
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Merci pour tous ces gestes professionnels indispensables pour mettre nos élèves sur le chemin de la réussite. Il est important, en effet, de leur faire prendre conscience du chemin à parcourir pour atteindre le point d'arrivée vers lequel nous voulons les mener, et ce, à court et à long terme. Grâce à l'étayage -que je comprends mieux maintenant- les élèves savent où ils sont, où ils vont, leurs forces et leurs faiblesses, et les efforts qu'il va falloir fournir pour réussir. Les petits succès lorsqu'ils s'accumulent permettent à l'élève -même le plus en difficulté- de ne voir dans la frustration qu'une étape "naturelle" qui précède le dénouement de l'apprentissage.