Dans un groupe d’enfants, les conflits sont inévitables et peuvent nous faire perdre un temps considérable, voire même significativement dégrader le climat de la classe s’ils deviennent trop fréquents ou prennent de l’ampleur. Les conflits ne sont jamais faciles à appréhender, ni pour les élèves, ni pour les enseignant·es. Mais si nous apprenons comment y faire face, il est possible d’agir pour les éviter, de limiter leur impact et même de progresser dans nos interactions sociales.

Cultiver un climat de paix en classe est le meilleur moyen pour que les élèves y prennent goût et aient envie d’y contribuer. Avec certains groupes, cela peut s’avérer plus périlleux qu’avec d’autres, mais personne ne peut apprendre dans le conflit. Kurt Lewin, psychologue d’origine allemande avec sa théorie de la dynamique de groupe, nous permet de mieux comprendre les interactions et l'engagement des individus au sein du groupe. Dans la classe, les élèves vont se doter de rôles, se soumettre à des normes, et partager des valeurs. La force du groupe réside dans un système d’interdépendance qui impulse sa dynamique, l’identité collective, la solidarité ou les échanges.

Quand chacun et chacune se sent à sa place dans le groupe, la cohésion est renforcée. Quand l’individu est valorisé, il est plus performant. Cherchez à renforcer le sentiment d’appartenance au groupe en multipliant les situations qui développent les interactions positives, les compétences altruistes et l’entraide : 

• Les journées mondiales de la paix, du sourire, du compliment, de la politesse, etc. sont des occasions idéales de mettre en avant et débattre autour d’attitudes qui favorisent les bonnes relations. 
• Construire un affichage des valeurs de la classe auquel on peut se référer comme on le ferait avec les règles de vie. 
• Le kit Playdagogie “lutte contre les violences”. Cette séquence permet aux élèves du cycle 3 de reconnaître les différentes formes de violences et leurs effets, de développer des comportements positifs avec les autres et de mieux réagir face à une situation de violence.
• Les jeux coopératifs pour aider les élèves à tisser des liens et mieux se connaître.
• Sans oublier les rituels, les sorties, les projets, qui sont également l’occasion de renforcer la cohésion du groupe.

Quand on parle de conflit, le plus important c’est de pouvoir échanger et communiquer de manière apaisée avec l’autre.

Les enfants qui sont souvent en conflit ou testent les limites de l’autorité sont en général des enfants qui ne vont pas bien et rencontrent des difficultés à mettre des mots sur leur mal être, ce qui favorise le passage à l’acte : violence verbale ou physique, colère, crise de larmes, etc. À l’inverse, un enfant capable de reconnaître et d’exprimer ses émotions sera plus apte à contrôler ses impulsions et à entrer en relation avec les autres. 

Faire preuve d'empathie, être capable de compromis, écouter, communiquer : autant d’habiletés indispensables à tout être humain au quotidien pour entrer positivement en relation avec l’autre.  Quelques exemples de situations : 

• Le débat, pour apprendre à échanger, argumenter, accepter une autre opinion. Les thèmes peuvent être issus de la vie de la classe, ou fictifs.
• Le Jeu des mousquetaires, d’Omar Zanna, pour développer l’empathie. Il s’agit de faire jouer ensemble plusieurs équipes de 4 enfants. Dans chaque équipe, les enfants ont chacun une position corporelle difficile à tenir : l’un a les bras tendus parallèle au sol, un autre fait la chaise le dos contre le mur, le troisième se tient sur une jambe, le quatrième est le joker et tourne autour de la salle dans un parcours prédéfini : son rôle est de prendre la place d’un des trois membres qui n’arrive plus à tenir sa position (le joker est donc tournant).

Même en sachant comment les éviter, les conflits sont inévitables. À l’école ou ailleurs, maintenant ou plus tard, les enfants seront forcément confronté·es à des différences de point de vue. Il faut donc les outiller pour qu’ils et elles sachent comment agir et désamorcer la situation.

La technique des 4C leur offre une procédure qui deviendra une habitude pour gérer les conflits de manière de plus en plus autonome : 

• (Se) Calmer, si besoin dans un coin dédié au retour au calme, proposé dans la classe ou dans l’école. 
• Communiquer pour mettre en mots la situation et exprimer ses émotions.
• Chercher des solutions, à 2 ou avec l’aide du groupe.
• Choisir la meilleure : celle qui permet de mesurer le préjudice et de réparer son acte.
   

Savoir prendre du recul, gérer les différends et se comprendre mutuellement pour bien vivre ensemble est un apprentissage comme un autre, dont nous sommes le ou la garant·e pour permettre à nos élèves d’évoluer dans une ambiance de classe sereine. Cela leur permet également d’acquérir des compétences sociales et communicationnelles qui leur seront indispensables tout au long de leur vie.

Elodie Le Clerc Directrice en élémentaire, adepte du bien vivre dans les écoles.