Personnaliser vos contenus
Afin de personnaliser votre navigation sur le site en fonction de votre profil. Personnaliser
Personnaliser vos contenus
Afin de personnaliser votre navigation sur le site en fonction de votre profil. Personnaliser
“Sans un lien avec un adulte, il est difficile de faire des apprentissages” (Melrose, R. 2006). Afin de présenter les conditions nécessaires pour trouver la motivation à apprendre, Maslow présente dans les années 1940 sa fameuse pyramide qui hiérarchise les besoins. Ainsi, d’après lui, le besoin de sécurité arrive juste après les besoins physiologiques : si cette approche hiérarchisée des besoins est depuis remise en cause au profit d'une interprétation plus dynamique des besoins, elle n’en reste pas moins d’actualité en ce qu’elle place le besoin de relation comme le fondement de tout accomplissement personnel. Ce besoin social ne devrait donc pas être forcément à la base de cette pyramide mais la traverser de part en part tant il est indispensable à chaque étage. Le besoin d’appartenance à un groupe, à une famille est un autre élément indispensable à la réalisation de soi. Ainsi, poser, construire et maintenir un cadre sécure permet aux élèves qui constituent le groupe classe de se sentir appartenir à ce groupe, considérés. Outre l’appartenance à un groupe, c’est bien d’une relation privilégiée avec l’adulte dont a besoin l’élève.
“L’enseignant est le principal facteur en termes d’impact sur les performances des élèves au niveau de l’école, aucune autre variable ne jouant un rôle aussi significatif.” (Bruns et Luque, 2014, dans “Great Teachers: How to Raise Student Learning in Latin America and the Caribbean”.) Ce n’est qu’une fois ces conditions de sécurité et d’appartenance au groupe remplies que l’élève sera en situation de rendre son cerveau disponible aux apprentissages. L’impact fondamental de la bienveillance sur l’éducation au sens large a été démontré par de très nombreuses études. Empathie, sens de la justice, absence d’arbitraire, calme, respect, exemplarité mais distance suffisante sont autant de gestes professionnels nécessaires à ce cadre sécure, propice aux apprentissages.
Au sein de nos classes, au quotidien, c’est bien cette relation avec l’élève qui est au cœur de notre posture professionnelle. Elle préside à tous les autres actes didactiques qui en découlent. Une relation harmonieuse, idéale dirait-on, repose sur un trépied : élève, famille, école. “Dans l’idéal” parce qu’en effet, il n’est pas toujours simple de prendre le temps de construire une vraie relation avec les familles. Il y a certes des rendez-vous institutionnels, comme les réunions de rentrée ou les remises de bulletins, mais ils ne font pas venir à l’école l’ensemble des familles. Et les familles absentes sont souvent celles que nous aurions le plus besoin de voir. Il s’agit donc là d’un point à garder en tête pour creuser cette relation quand la relation avec un ou une élève est compliquée. Les parents sont une source précieuse pour nous aider à décoder un comportement chez leur enfant.
De même, il sera plus facile pour un ou une élève de se sentir à l'aise au milieu d’un groupe d’enseignant·es et d’adultes qui communiquent, qui ont défini un certain nombre de règles communes et qui s’y tiennent. Les relations avec les familles et le travail en équipe cohérente et soudée sont bien des facilitateurs d’une relation pédagogique réussie, mais le plus important demeure bien sûr de savoir créer ce lien dans nos classes, pendant nos cours, avec chacun et chacune de nos élèves. Comment faire ?
Cette période d’observation, évidemment, est logiquement une étape qui commence au tout début de l’année et peut s’étendre sur plusieurs semaines. Mais si vous êtes convaincu·e à l’issue de cette lecture de la nécessité d’observer vos élèves et que vous avez passé cette étape à la rentrée, alors il n’est jamais trop tard pour s’y mettre ! Cette observation va permettre d’identifier les besoins de chaque élève à l’aune de quatre axes en particulier, énoncés par Valéry Barry dans son ouvrage “Identifier des besoins d’apprentissage” :
Le champ relationnel : comment l’élève interagit il ou elle avec les autres, dans le travail mais aussi dans les moments d’intercours, de cantine, de récréation, etc. ? Quelle relation a l’élève aux apprentissages ? Est-il ou elle en refus, ou au contraire montre-t-il ou elle tous les signes d’une adhésion aux codes scolaires ? Est-ce que l’élève est capable d’empathie, de décentration, et quelle image semble-t-il ou elle avoir de lui ou elle-même ?
Le champ instrumental : quel est l’environnement matériel de l’élève ? Y a-t-il des problèmes de vue, d’audition ? Les capacités motrices globales et les capacités de motricité fine sont-elles en accord avec l’âge de l’élève ? Et surtout, quel positionnement l’élève a par rapport au monde qui l’entoure ? Le questionne-t-il ou elle ? Est-il ou elle en adhésion, en refus ? Autant de problématiques liées à l’adolescence.
Le champ cognitif : la mémoire, la concentration, le raisonnement logique, le repérage spatio-temporel, la mobilisation des acquis, la capacité d’analyse, la créativité, la communication orale, la compréhension des énoncés : comment se situe l’élève dans chacun de ces domaines et par rapport aux autres ?
Le champ culturel : quel bagage culturel possède l’élève ? Quelle culture générale ? Maîtrise-t-il ou elle l’outil informatique ? Une ou plusieurs langues étrangères ? Quel est son intérêt et ses connaissances pour les sciences expérimentales et la technologie ?
Observer ses élèves à l’aide de grilles, certes un peu longues à construire, mais faciles à remplir, est donc un outil intéressant pour avancer dans la connaissance de chacun et chacune.
Les grilles d’observation ainsi complétées peuvent utilement être amendées lors d’entretiens individuels auxquels elles servent de support. À travers quelques questions simples, l’enseignant·e fait parler l’élève sur ses impressions depuis la rentrée, son positionnement dans le groupe, son sentiment de réussite ou ses difficultés dans certaines disciplines. S’il y a quelques difficultés familiales ou des relations compliquées au sein de l’établissement ou de la classe, ces entretiens sont un lieu privilégié pour que ces difficultés s’expriment. Ils se déroulent idéalement dans le cadre des heures d’AP.
Dès le début de l’année, on gagnera à ritualiser un certain nombre de moments : l’accueil au moment d’entrer en classe, le début de séance (par un rappel du cours précédent par exemple) ou la fin de séance. Les supports pédagogiques toujours présentés de la même façon (numérotés, positionnés dans une progression, dans une séquence) sont autant de repères qui peuvent être utiles à tous et toutes, mais être franchement indispensables pour certains.
Le travail collaboratif, c’est-à-dire des moments où on fait AVEC les élèves, non pas pour les aider ou faire à leur place, mais en se plaçant pour un moment dans une posture d’élève sont des temps pour créer une relation de collaboration, de connivence pédagogique. La fiche-outil qui suit vous donnera un exemple d’activité permettant à la fois d’approfondir la connaissance de nos élèves et de se placer dans une posture d’égal à égal. Enfin, être ferme sur le cadre n’exclut pas de montrer un visage humain, de se rendre accessible aux élèves, de sourire, de plaisanter. Exemplaire dans le langage, calme, bienveillant·e et juste dans ses paroles, l’enseignant·e n’en demeure pas moins un être humain qui peut se mettre en colère, rire à une plaisanterie, se tromper ou faire une erreur de jugement. Reconnaître qu’on s’est emporté·e, admettre qu’on a commis une erreur, regretter ou s’excuser sont autant d’actes exemplaires aux yeux des élèves. Des actes qui nous rendent humains pour eux, et qui nourrissent aussi la relation.
Observer ses élèves et mener des entretiens individuels permet à chacun de se sentir exister dans une relation singulière avec son ou sa professeur·e. C’est primordial. N’oublions pas que, même au lycée, on peut encore travailler pour faire plaisir à l’enseignant·e ! C’est une étape vers l’autonomie que certains et certaines mettent plus de temps que d’autres à passer. Et ce n’est pas un problème.
En effet, un ou une élève qui fait de son mieux, qui s’engage dans un parcours pédagogique en étant motivé·e, a toute chance de réussir. En tout cas, suffisamment pour obtenir des résultats encourageants. Le cercle vertueux est enclenché. L’élève en confiance s’autorisera à se tromper, puisqu’il ou elle sait qu’il ne prend pas le risque d’être moqué·e ou menacé·e dans son positionnement au sein de la classe. Et c’est à travers ces erreurs que l’enseignant·e peut renvoyer un feedback positif et surtout constructif pour aider l’élève à les dépasser.
J’ai accompagné la scolarité d’une élève sourde d’une oreille. En parlant avec la famille et l’élève, j’ai été frappée d’apprendre que certains et certaines profs n’étaient pas au courant de ce handicap ! Comment pouvaient-ils et elles alors savoir qu’il fallait se placer du côté droit pour lui parler ? Cela semble incroyable et pourtant je ne grossis pas le trait. Alors même qu’ il suffit de parler deux minutes avec cette jeune fille pour qu’elle exprime cette difficulté.
Observer ses élèves et les écouter est donc un préalable nécessaire pour répondre à des besoins fondamentaux pour eux et elles. Dans l’exemple de cette élève, sans connaître sa surdité, on peut penser à tort qu’elle manque de concentration ou de volonté. Alors qu’elle aura simplement renoncé à comprendre un message inaudible pour elle, tant l’effort à fournir est important.
Les bénéfices qu’il y a à poser et surtout à tenir un cadre rassurant et propice aux apprentissages dépassent, et de loin, le seul contexte scolaire. Il n’est plus à démontrer qu’un ou une jeune qui se sent bien dans son environnement scolaire a toutes les chances d’être armé·e pour construire et entretenir des relations saines et positives avec son entourage amical ou familial. Les exemples de situations de classe basées sur le respect, la dignité dans les échanges et l’accueil de chacun et chacune dans sa singularité sont des graines semées pour les adultes en devenir que sont nos élèves.
Une relation ainsi établie entre un ou une élève et un ou une enseignant·e peut relancer une motivation pour un projet abandonné et donner à l’élève une ambition nouvelle dans la construction de son projet professionnel. Ces quelques éléments posés sont à la portée de tous et toutes, et peuvent être mis en place à tout moment de l’année. On se lance ?
Audrey Caltanella Enseignante spécialisée SEGPA, EREA, ULIS...parce qu'il n'y a pas de hasard.
Se dire à soi, se dire au autres pour apprendre à se connaître et créer du lien.
Vous devez être connecté-e pour publier un commentaire.
Des articles pratiques et concrets !
Un contenu sélectionné par des enseignants
Une aide dans le quotidien des enseignants
Des contenus adaptés à votre profil
La communauté enseignante où se partagent pratiques de classe, astuces et conseils concrets !
À Propos
© 2025 Ecolhuma — Tous droits réservés
Bonjour, Est-ce que le bullet journal est adapté à des élèves de 2nde et terminale ? Je trouve que c'est un outil très intéressant pour mettre en confiance et créer une cohésion de classe, mais j'imagine que des élèves de lycée trouveront cela un peu trop "pour les petits"?