Atelier | Déconstruire les mythes de l’intelligence
En savoir plus
En savoir plus
Théorique Pratique

Accompagner le passage à l'écrit

Nicolas Hibon
6 mars 2023 14:01
6 mn

Ce contenu fait partie du parcours Affûter ma pédagogie pour mes élèves à besoins éducatifs particuliers

Les enjeux autour de l’écrit sont importants. Cependant, cette tâche est très engageante au niveau cognitif, et souvent connotée "évaluation”. Les élèves à besoins éducatifs particuliers en difficulté dans le passage à l’écrit peuvent subir une surcharge cognitive importante, bloquant parfois la réflexion et l’accès à l’objectif d’apprentissage.

Le geste graphique

Avant toute chose, nous avons tendance à oublier trop rapidement que le geste graphique est un geste culturel, un geste que l’on apprend depuis le plus jeune âge, et qui demande donc à maturer tout au long de la scolarité. Si nous exigeons de nos élèves la fluidité du geste graphique, gage d’une certaine efficacité dans les apprentissages, il faut vraiment comprendre que cela demande un temps d’appropriation long et de l’automatisation. S’entraîner, encore et encore, c’est la clé. 

Néanmoins, les efforts cognitifs et instrumentaux liés à cette tâche sont énormes et clairement hétérogènes chez les élèves. Il est donc intéressant de déceler, chez les élèves, dans quelles mesures le geste de l’écrit est un frein aux apprentissages. Très laborieux, celui-ci monopolise l’espace de réflexion et l’attention, ne laissant pas aux élèves la possibilité de trouver ou d’organiser des idées, de planifier une syntaxe correcte et de respecter des règles orthographiques connues. Il devient alors un obstacle à l’atteinte de l'objectif. 

À ce moment-là, c’est à moi, enseignant·e, de faire un choix pédagogique. Vais-je réduire ou supprimer totalement le geste écrit (dans la logique de compensation) ? Ou est-ce que j’estime qu’avec un étayage, l’élève peut continuer à développer ce geste tout en poursuivant l’atteinte de l’objectif ? Rien n’est figé en réalité, ces deux stratégies peuvent se compléter. 

La copie

Souvent boudée, la copie souffre d’une réputation négative. Fastidieuse et exigeante, elle est pourtant une des clés pour augmenter la capacité à passer à l’écrit. En effet, les phases de copie sont en réalité des situations d’entraînement privilégiées pour développer le geste graphique et l’orthographe. Cela permet également de mémoriser des formes syntaxiques diverses, nécessaires aux productions d’écrits autonomes. Une vraie formule 3 en 1 !

Avec les élèves à BEP, comme avec les autres d’ailleurs, vous pouvez ludifier cette pratique afin de moins faire ressentir l’effort cognitif qui reste très important. Jeux de mémorisation, défis chrono ou autres sont toujours les bienvenus. Pensez également à valoriser largement. Pour nos élèves à BEP, la moindre réussite est une victoire, alors renforçons la confiance en soi sans modération !

Et pour les élèves DYS ?

Les principales difficultés spécifiques à la copie que rencontrent nos élèves DYS sont de l’ordre du repérage spatial et de la mémoire de travail. L’écrit à copier, généralement situé au tableau, est sur un plan vertical et à environ 3 à 10 m de l’élève, qui lui doit recopier le contenu sur une feuille (ou un cahier) positionné sur un plan horizontal. Cela ne paraît pas, mais ces différentes dimensions de l’espace sont à combiner, et ces changements de repères sont lourds cognitivement. Pendant ce temps, la mémoire de travail est mise à rude épreuve et les informations prises au tableau se volatilisent rapidement. Ajoutez à cela d’éventuelles difficultés motrices pour produire le geste écrit ou pour encoder avec une conscience phonologique altérée, c’est parfois mission impossible !

Voici des propositions de médiations : si vous en avez la possibilité, proposez-leur le texte à copier sur un support individuel, que vous placerez à côté de la feuille et sur le même plan (horizontal). Avec une tablette, la photographie du tableau reste la solution la plus pratique. Néanmoins, vous pouvez transmettre à l’élève une photocopie de la leçon et lui demander de la recopier en classe et de finir cette tâche à la maison si nécessaire. Si les capacités des élèves en copie sont vraiment déficitaires, nous pouvons leur proposer de ne copier qu'une partie du texte, le reste étant collé ou copié par vos soins. Bref ! Tout est possible…

Un cas particulier : l’élève dyspraxique

La dyspraxie est un trouble qui occasionne des difficultés de programmation motrice, de repérage spatial, de planification et une certaine lenteur d’exécution. Ce profil d'élève éprouve de grosses difficultés à automatiser ces gestes, mais aussi à s’adapter à son environnement au niveau moteur. En fonction de la sévérité du trouble, c’est comme s’il ou elle apprenait constamment le geste graphique. Imaginez-vous la fatigue occasionnée si vous deviez constamment réapprendre un geste sans parvenir à l’automatiser…

Il est évident que nous devons faire un effort d’empathie et rassurer l’élève en l'accompagnant constamment sur le repérage des supports (tableau, cahier), en faisant preuve de tolérance sur la propreté de ses productions et lui laissant parfois un temps supplémentaire pour finaliser la tâche écrite engagée. 

Avec cet élève, la tâche écrite peut rapidement devenir un obstacle majeur à l’atteinte d’un objectif et donc au développement d’autres connaissances et compétences. Pour ne pas le désavantager, optons pour la compensation. Cela lui rendra de la disponibilité cognitive pour réfléchir à l’objet de la séance, et l'élève pourra continuer à se développer en même temps que le groupe classe.

Retrouvez 5 manières d’alléger le passage à l’écrit dans l’infographie qui suit !

Pour compléter l'article, une infographie vous présente 5 outils d'étayage et de compensation pour alléger le passage à l'écrit. 

L'ESSENTIEL À RETENIR
:
PARTAGER

Commentaires

Aucun commentaire n'a encore été publié.

Vous devez être connecté-e pour publier un commentaire.

Me connecter pour réagir

utile

Des articles pratiques et concrets !


pertinent

Un contenu sélectionné par des enseignants


éclairé

Une aide dans le quotidien des enseignants


adapté

Des contenus adaptés à votre profil