Personnaliser vos contenus
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Cinq postures ont été identifiées chez les élèves, ainsi que six postures chez les enseignants et enseignantes, par la chercheuse en sciences de l’éducation Dominique Bucheton. Cet important travail de recherche doit pouvoir nous donner des clés pour mieux enseigner. Découvrons quelles sont ces postures d'élèves et comment nous pouvons nous y ajuster, pour faire progresser tous les élèves.
Aucune posture n’est figée, chacune dépendant largement de celles adoptées en retour par les enseignants et enseignantes. Comment nos gestes professionnels peuvent-ils influencer les postures de nos élèves au cours d’une séance, et même de leur scolarité ? C’est de cette dynamique que naît l’enseignement. Une bonne raison d’en savoir plus !
Observons ce qui se passe dans l’interaction entre vous et vos élèves lors d’une séance. Vous lancez une activité, vos élèves font ce que vous leur demandez spontanément : dans ce cas, vous êtes sûrement dans une posture de lâcher-prise. Ou alors, vous ajustez votre posture pour plus de souplesse, en ne cadrant plus autant : vous passez sûrement vous-même d’une posture de contrôle à une posture d’accompagnement, ou de contre-étayage.
À l’opposé, si vos élèves ne se mettent pas au travail, vous opérez plusieurs choix. Soit vous renforcez votre posture de contrôle, ce qui peut marcher avec des élèves endormis par exemple, en train de digérer leur repas du midi ou leur séance d’EPS. Soit, vous optez pour une posture plus dynamisante : une relance qui capte leur attention en même temps que leur imaginaire (posture du magicien) ou un passage par une explicitation des attendus et des stratégies de réussite (posture d’enseignement).
À chaque fois, et pour chaque situation scolaire, vous passez d’une posture à une autre, en un constant ajustement avec les réactions des élèves. En observant vos élèves, pour identifier chez elles et eux les postures mobilisées, en réponse à vos propositions, vous vous donnez les moyens de mieux les connaître, et ainsi d’anticiper leurs réactions et leurs entrées dans les activités, pour mieux en jouer et les aider à apprendre.
Et si nous regardions de plus près les postures de nos élèves ?
La posture certainement la plus déstabilisante en classe est celle que Dominique Bucheton appelle la posture de refus. Lorsque l’élève refuse de faire, il ou elle se positionne très clairement dans une attitude de rejet, ou bien utilise tout un panel de stratégies d’évitement (jouer avec du matériel, discuter avec un camarade, se lever plusieurs fois, ne pas trouver son stylo, etc.).
Cette attitude ne sera pas toujours marquée de façon ostensible, car les enfants savent bien qu’ils ne sont pas censés être en opposition avec l’enseignant ou l'enseignante, mais le résultat observable sera un ou une élève qui ne réalise pas ce qui est demandé. Est-ce un indice de fatigue ou d’une tâche trop éloignée de la zone proximale de développement ? Parfois, oui.
En ne donnant pas la réponse trop vite à un problème, en faisant verbaliser les diverses solutions possibles, en encourageant les travaux de groupe, les postures enseignantes d’accompagnement et de lâcher-prise suscitent chez les élèves un jeu plus ouvert de postures, et notamment une plus grande réflexivité, en suscitant et maintenant chez eux leur intérêt et leur activité. De la même manière, la posture du magicien permet bien souvent de déjouer certains phénomènes de refus. Toute la question reste ensuite de maintenir l’attention et l’engagement de tous les élèves.
Un rituel efficace pour cela est l’activité hebdomadaire du doute. Chaque jour, vos élèves savent qu’une information donnée sera erronée, un détail devant attirer leur attention. Ils et elles devront vous dire que c’est faux (en justifiant avec l’outil adéquat), ou que ce n’est pas possible. Que ce soient trois phrases avec une erreur grammaticale ou lexicale, une image assortie d’un commentaire pour mettre au travail l’éducation aux médias et à l’information, la citation d’un personnage historique avec une date impossible, ou même une figure géométrique comportant des informations qui ne peuvent être correctes… Tout est permis pour faire douter et réfléchir en classe ! À certains moments bien sûr, ce seront aux élèves de créer une phrase piège, à destination de la classe d’à côté… ou pour le plaisir de vous piéger !
Une deuxième posture qui nous questionne parfois, mais qui saute moins aux yeux, est la posture première. Cette entrée instinctive dans les activités dépend du désir immédiat de faire. L’élève se lance parfois dans une activité sans y réfléchir, répond pour répondre. Attention alors aux risques de commettre des erreurs d’interprétation ou de lecture de consigne, de terminer vite et sans se relire.
Les élèves en posture première sont actifs ou actives, mais ne perçoivent pas toujours l’enjeu de la tâche. Si la posture est précieuse pour engager une activité, il peut être nécessaire de jouer avec les autres postures complémentaires au cours de la séance pour ne pas tout laisser reposer sur l’action.
Dans la posture scolaire, l’élève fait en fonction de ce qu’il croit qu’on attend de lui ou d'elle. Cette posture - que l’on recherche bien souvent dans l'entraînement individuel et le silence d’une classe au travail - n’est pas toujours le signe d’un engagement cognitif dans un apprentissage conscient et réfléchi. Actifs physiquement, les élèves ne le sont pas forcément cognitivement. La motivation des élèves scolaires est souvent extrinsèque, cette posture étant souvent le signe d’un élève qui veut faire plaisir et rentrer dans les normes par souci de conformité.
Vos élèves se lancent à corps perdu dans les activités, sans réfléchir ni même chercher à répondre correctement ? N’hésitez pas à multiplier les exercices où l’étape intermédiaire est celle qui est valorisée.
Dire de quel matériel on a besoin pour réussir l’exercice de géométrie, par exemple, ou avoir besoin davantage de décrire une démarche de résolution de problème que de trouver une réponse correcte. Ou encore, en production d’écrit, accorder bien plus d’importance au brouillon avec références en couleurs aux outils de la classe qu’au texte final écrit au propre… autant de pistes pour aider les élèves à accorder plus d’importance au raisonnement logique qu’à l’intuition.
L’élève détourne l’activité, de façon naturelle et spontanée, il ou elle dévie la consigne, la réinscrit à son goût, fait preuve de créativité : c’est ce qu’on peut appeler la posture ludique-créative.
Ce n’est pas une posture toujours valorisée dans notre système éducatif, et pourtant elle est très intéressante à analyser. Le détournement étant un signe de maîtrise des règles et du contenu, c’est un formidable allié de la posture réflexive. Cette créativité, les rêveries qui peuvent en découler sont autant de points d’appuis pour apprendre. La posture ludique-créative repose largement sur les soft skills, ces compétences inter-individuelles favorables à la coopération et à la pensée design.
De l’élève chercheur à l’élève créateur de pensée : voici la posture réflexive. Lorsque l’élève est à la fois impliqué dans la tâche et capable d’en avoir un recul réflexif, il ou elle est dans cette posture utile pour intégrer des savoirs et savoir-faire. L'élève agit, et peut en même temps prendre de la distance par rapport au savoir en jeu, peut expliquer et verbaliser sa démarche. Cette posture est recherchée à la fois pour sa capacité métalinguistique, lorsqu’il faut réaliser un bilan en fin de séance, et pour sa capacité de tissage entre les expériences scolaires et les concepts.
Évidemment, nos élèves ne restent pas figé·es dans une posture tout au long de la journée, ou même de l’activité. Et même si certaines postures peuvent être plus attendues que d’autres par les enseignant·es, les élèves les plus en réussite sont celles et ceux qui ont à leur disposition, et qui utilisent, sautant de l’une à l’autre, tout l’éventail de ces postures.
Elles ont chacune des avantages et des inconvénients. Sans posture première, pas d’engagement rapide dans la tâche : il faut parfois se lancer tout de go dans l’activité, laisser le cerveau bouillonner, proposer plusieurs solutions avant de trouver la bonne. À l’opposé, à être dans une réflexion trop profonde, une analyse des enjeux de la tâche, on bloque sa créativité (combien de vos séances en productions d’écrits se sont-elles passées ainsi ?).
C’est donc bien l’ensemble de ces postures qu’il faut chercher à développer chez tous les élèves. Les plus à l’aise sachant naviguer de l’une à l’autre, votre soutien quotidien à la diversification des postures sera un atout pour réduire les inégalités scolaires.
Au final, c’est la variété et l’ajustement de vos postures enseignantes qui favorisent la mise en œuvre de postures variées chez vos élèves. Plus votre jeu de postures sera ouvert, adapté à la situation et à vos élèves, plus les postures de vos élèves évolueront.
Envie d’un petit coup de pouce pour identifier dans vos propres postures celles qui freineraient et celles qui inviteraient à la diversité des postures d’élèves ? La fiche outil Ajuster ma posture enseignante est faite pour vous ci-dessous !
Il n’existe pas de pratique parfaite. Chaque pratique s’adapte à son contexte : les élèves, le climat de classe, la disposition de l’espace, le temps disponible. Cette fiche outil vous accompagnera pour questionner votre posture d’enseignant et celle de vos élèves, et vous donnera des pistes pour ajuster votre posture aux besoins de votre classe.
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C'est très intéressant de prendre ce recul pour observer les postures et de se poser la question pour soi-même. Car en effet, on tricote spontanément pour nous ajuster en permanence, ce qui évite la routine mais épuise aussi !
Merci pour ton retour Anne !
Bonjour je trouve cet outils super outil; Attention je pense que le pdf contient des fautes dans les codes dans le point 3" dans les phases d'échange réglés.." , il y a une inversion entre la main et la boule (2).