Lors de ma première année, je pensais qu’aider les enfants à devenir élèves s’arrêtait au fait de leur faire respecter les règles de la classe et de l’école. Pour quelques élèves, cela a été un échec, et ce fût donc un échec pour moi aussi. C’est alors que j’ai commencé à réfléchir à tout ce qu’être élève impliquait. Et il manquait beaucoup d’éléments à ma réflexion. Au fur et à mesure des années et des recherches, j’ai pris conscience de toutes les dimensions et du travail en profondeur que cela impliquait. 

On retrouve d’ailleurs cet accompagnement dans le référentiel des compétences professionnelles publié en 2013 sous la forme d'accompagner les élèves pour « organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant l'apprentissage et la socialisation des élèves ». Les élèves commencent à acquérir ces différentes compétences lors de la maternelle, mais ces apprentissages doivent devenir plus systématiques lors de leur entrée en élémentaire, ce qui demande un véritable travail et engagement.

Les élèves arrivent en classe le matin et repartent le soir. Pour elles et pour eux, ce sont des journées normales, où ils ou elles sont à l’école. Mais essayez de leur demander ce qu’ils ont fait à l’école pendant la journée, et vous verrez que pour la majorité, il est très compliqué de s'en souvenir, et encore plus de ce qu’ils ont appris et acquis. 

Pourtant, être conscient de ce que l’on fait et de ce que l’on apprend est un des piliers du métier d’élève. C’est le rôle de l'enseignant ou l'enseignante d’exprimer clairement ce que les élèves vont apprendre et de les aider à se repérer dans les différents apprentissages. Un des points du socle commun précise que l’enseignant doit « organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant l'apprentissage et la socialisation des élèves ». Pour favoriser l’apprentissage, il est nécessaire qu’il soit le plus explicite possible, mais aussi que les attendus le soient !

Il est important que chaque élève puisse exprimer ce qu’il ou elle a compris lors de la journée. Pour cela, voici des habitudes à mettre en place pour aider les élèves à ancrer leurs apprentissages et éviter les « J’ai juste joué à l’école. » quand leurs parents posent la question du contenu de la journée. 

• Au début de chaque séance
  Indiquez clairement à vos élèves ce qu’ils et elles vont faire et apprendre. Cela leur permettra d’être au clair sur les apprentissages qu’ils vont entreprendre.
   
• Au terme de votre séance
  Prenez 2 minutes pour leur demander ce qu’ils et elles ont réellement compris et appris : « Qu’avons nous appris en grammaire aujourd’hui ? ». Cela peut même devenir un rituel, où un ou une élève sera responsable pour la journée et indiquera à toute la classe ce que l'on a appris.
   
• Faites le bilan en fin de journée
  Prenez 5 minutes avant la sortie et faites le bilan de ce qui a été fait depuis le matin. Pour les petits, il est bien de le faire dans un ordre chronologique et avec des supports visuels pour les aider à se repérer. 
   

Être élève, c’est également savoir se débrouiller un peu seul lorsque l’enseignant ou l'enseignante n’est pas disponible immédiatement pour aider. Cette étape est également un grand chamboulement pour certains élèves, qui n’ont pas l’habitude de développer leurs compétences sans être accompagnés constamment. 

L’autonomie est une construction qui se développe au fil des années, c’est une compétence à acquérir et qu’il est nécessaire d’entraîner dès le début de l’année. Elle fait même l’objet d’un paragraphe entier dans le socle commun : la compétence 7, l'autonomie et l'initiative.
Il existe différentes sortes d’outils à mettre en place pour permettre aux élèves de se sentir rassurés et pour les faire évoluer seuls sans avoir besoin d’un recours constant à l’adulte référent : 

• Mettez en place des outils simples et efficaces pour favoriser l’autonomie
  Il est possible de créer des affichages ou des fiches-outils avec vos élèves, ce qui leur permettra d’avoir un autre référent que l’adulte. On peut imaginer un outil pour se souvenir de la méthode pour poser une addition, il y aura chaque étape détaillée pour permettre de se remémorer la procédure.
   
• Renvoyez vos élèves vers ces outils dès que cela est possible
  En leur apprenant à les utiliser et à se débrouiller un peu seuls pour chercher la réponse à leurs questions, ils et elles seront de plus en plus autonomes sur ces recherches.
   
• Utilisez le tutorat
  Vous avez forcément un ou plusieurs élèves plus à l’aise avec les outils que vous avez créés ensemble, cet élève pourra alors être référent et montrer à quel endroit gérer les bonnes informations si un camarade est en difficulté.
   

Les écoles élémentaires sont toutes différentes les unes des autres. Il en existe des petites, assez confidentielles, où tout le monde se connaît, et d’autres qui peuvent rassembler des centaines d’élèves et où il peut être compliqué pour les enfants de repérer quels adultes sont disponibles pour répondre à leurs besoins. Or, il est important, pour devenir élève, de savoir à qui se référer si l’enseignant ou l'enseignante n'est pas là à un moment précis. 

En prenant en compte ces différents contextes, il est primordial de donner en début d’année des informations utiles aux élèves sur les adultes référents et de leur présenter rapidement :

• Présentez les adultes qui sont présents dans l’école
  Il est possible de le faire en présentiel, dans ce cas, demandez à votre direction de passer dans votre classe pour se présenter si elle ne le fait pas déjà, ou encore aux collègues des mêmes niveaux que vous. N’oubliez pas de présenter également les AESH, qui sont très importants au cours de l’année. Si le présentiel n’est pas possible, envisagez de faire un petit trombinoscope pour présenter tout le monde et que chaque élève mette un nom sur un visage.
   
• Faites des projets avec les autres classes, enseignants et enseignantes
  Si cela est possible dans votre école, il est toujours intéressant de mélanger deux classes et de travailler ensemble pour un projet. Cela permet de changer de référent et d’habituer les élèves à voir d’autres personnes que leur référent.
   
• Faites des changements de service
  Il peut être très intéressant, notamment au cycle 3, d’échanger vos classes avec celles de vos collègues pour que les élèves prennent l’habitude d’avoir différentes personnes et différentes méthodes d’enseignement en face d’eux. Cela leur donnera des habitudes pour le collège.
   

La gestion des émotions est un apprentissage long et complexe à faire pour des enfants encore jeunes. Il est important de travailler dessus rapidement et tout au long de leur scolarité pour qu’ils et elles puissent ensuite savoir comment réagir face à des situations spécifiques. L’école a un réel rôle à jouer dans ce développement et cette gestion, car cela permettra à l’enfant de devenir un élève confiant, mais aussi un citoyen responsable et réfléchi. 

Les mots estime de soi, confiance en soi et émotions sont des termes qui figurent dans les programmes et sont d’autant plus importants à prendre en compte lors de nos enseignements. Il est donc très important de travailler en profondeur sur ce thème. Voici quelques pistes qui peuvent vous aider à démarrer sur ce thème : 

• Aidez les élèves à définir leurs émotions
  Un petit rituel peut être mis en place, où chaque matin, chaque élève désigne une image pour exprimer son état. Il ou elle explique ensuite pourquoi avoir choisi ce dessin. Travailler au quotidien sur les émotions permet à l’élève, au moment de l’apparition d’une émotion forte, de savoir exprimer ce qu’il ou elle ressent.
   
• Aidez-les à expliquer la cause de ces émotions
  Une fois l’émotion mise en mot, il est important pour l’élève d’arriver à expliquer pourquoi celle-ci est intervenue à ce moment. Cette étape peut être faite individuellement à l’écart du groupe. L’adulte référent écoute l’élève et le guide vers les causes.
   
• Proposez des outils pour gérer les émotions
  Une fois que votre élève s’est exprimé, il est important de lui laisser un peu de temps pour récupérer avant de se remettre au travail. Prévoyez dans votre classe un coin calme où il ou elle pourra se retrouver au calme, avec peut-être des outils pour se recentrer, comme des boules anti-stress par exemple. L'élève reviendra ensuite vers le groupe classe.
   

Faire attention aux autres et leur demander leur aide lorsque l’on en a besoin est un des fondements de nos sociétés. ll est important que nos élèves développent ces compétences pour évoluer dans leur scolarité et dans leur métier d’élève. Il en est même question dans une des compétences du socle commun, avec la compétence 3, la formation de la personne et du citoyen : ce domaine vise un apprentissage de la vie en société, de l'action collective et de la citoyenneté.

Coopérer, c’est discuter et travailler avec les autres pour mener à bien un projet commun. La coopération au sein d’une classe peut être entraînée lors de diverses activités et notamment en jouant sur les modalités de travail. Tout le monde doit s’investir pour que le groupe puisse évoluer. Pour ce faire, nous pouvons dans un premier temps proposer des activités en binôme, en expliquant bien à chaque participant que l’investissement doit être égal et que chaque personne apporte quelque chose de différent. 

Nous n’avons pas tous les mêmes connaissances ni les mêmes façons de les utiliser. Il est important dans ce cas de bien écouter les autres et de prendre connaissance de leur façon de travailler. Il faut également faire un effort pour associer les idées et évoluer vers un projet global qui ressemble à chaque participant. Tout cela regroupe des compétences importantes à développer et demande beaucoup de temps. Voici un exemple de progression qu’il est possible de mettre en place avec vos élèves pour les aider à coopérer : 

• Proposez des activités en duo
  Commencez déjà par faire travailler vos élèves par deux. Ils et elles pourront s’aider, partager leurs idées et produire un petit travail commun.
   
• Proposez des activités sportives collaboratives
  Il existe de nombreux jeux à faire ensemble pour arriver à une tâche commune. Le jeu du monstre peut être très intéressant. Il s’agit de mettre les élèves par groupe de 4 à 6 et de leur donner des contraintes pour créer un monstre : « Votre monstre aura 6 pieds et 2 mains. » À elles et eux de s’organiser pour que le monstre créé corresponde aux contraintes.
   
• Proposez des jeux de société coopératifs
  Il en existe beaucoup qui peuvent être achetés ou fabriqués. Ces jeux permettent aux élèves de jouer de façon différente, ils et elles ont en général l’habitude de jouer pour gagner et aussi en voyant les autres perdre. Dans un jeu coopératif, il est important de leur faire comprendre que l’on gagne ensemble.
   

Être élève, c’est aussi respecter des règles définies par la communauté. C’est un point extrêmement important qui permet de mettre en sécurité les élèves et de leur assurer une scolarité sereine. Ce point est bien indiqué dans le référentiel des compétences du professeur, dans le domaine Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques, « contribuer à assurer le bien-être, la sécurité et la sûreté des élèves ».

En arrivant en classe, lors des premières heures ensemble, vous avez en tête de travailler sur les règles de classe et de l’école. C’est en effet un travail très important pour que chacun et chacune ait à l’esprit ce qu’il est possible de faire ou non. 

Il est intéressant de voir ces activités sous un autre angle. Le plus important est d’impliquer les élèves dans ces règles. Il faut qu’ils soient conscients qu’elles sont érigées pour le bien et le confort de tous au sein de la classe. Il est préférable de les construire avec elles et eux, et même de les faire évoluer au cours de la période et/ou de l’année. Prendre un temps à la rentrée pour mettre au point en collectif ces règles est essentiel, les ajuster au fil des situations en expliquant aux élèves pourquoi nous devons le faire est bénéfique pour tous. Comment faire ? 

• Listez les règles incontournables et expliquez-les aux élèves en les impliquant au maximum : « C’est mon travail d’écouter mes camarades quand ils parlent. », par exemple.
   
• Ajustez vos règles au fil des jours
  Gardez une place sur votre affichage pour compléter vos règles au fur et à mesure des situations qui peuvent se présenter. Vous pourrez alors les travailler immédiatement ou y revenir plus tard lors d’une séance d'EMC.
   
• Faites des pauses
  Une nouvelle situation se présente, elle nécessite d’être mise en lumière et une règle doit être mise en place. Arrêtez votre activité en cours et expliquez à vos élèves que la situation actuelle ne vous convient pas et que vous pensez qu'elle ne convient pas à d’autres personnes dans la classe. Il est donc important d’en discuter et de fixer une nouvelle règle.
   

Élodie Sighele

Professeure des écoles en élémentaire depuis 2013