Personnaliser vos contenus
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Après plusieurs années passées en CE1 et CE2 à faire remplir à mes élèves des questionnaires format A4, suivant chaque chapitre prédécoupé d’un tapuscrit de livre, je me suis heurtée à cette terrible évidence : la lecture d’un texte, suivie d’un questionnaire, ne suffit pas à améliorer la compréhension des textes chez nos élèves.
Une déclaration avec laquelle, j’en suis sûre, chaque enseignant ou enseignante de CE1-CE2 sera certainement d’accord. C’est pourtant l'activité que nous retrouvons très souvent dans la blogosphère enseignante, et qui, par sa facilité d’accès et d’organisation matérielle et temporelle, nous attire tous à nos débuts dans le métier.
Mais en tant qu’enseignants et enseignantes ayant envie d’améliorer les savoirs et les savoirs-faire de nos élèves, nous pouvons, et surtout nous devons, trouver mieux. Quelles actions, efficientes et rapides à mettre en place, pouvons-nous proposer à nos élèves ? Petit tour d’horizon des prérequis à une bonne compréhension de textes, et présentation de 6 activités phares.
Impossible de parler de compréhension de texte sans aborder le thème de la lecture à proprement parler. Un enfant qui lit trop lentement, pour qui chaque son à décoder est en soi un exercice, ne pourra accéder au sens de ce qu’il lit en même tant qu'il le lit. Ses capacités cognitives presque entièrement tournées vers le déchiffrage, il ne sera pas disponible pour une autre tâche intellectuelle.
Il faudra donc attendre que la capacité de décodage de nos élèves soit suffisamment fluide pour leur donner accès au sens de ce qu’ils lisent : on estime qu’il faut pour cela que l’élève atteigne un score minimum de 50 mots lus à la minute, seuil en théorie atteint à la fin du CP. Alors comment faire progresser cette capacité de décodage ? Voici une première piste.
Lire beaucoup ! Plus les occasions de lire seront nombreuses, plus l’automatisation de la reconnaissance des mots sera améliorée. Mais lire beaucoup en classe, car ce travail ne pourra être délaissé au seul bon soin des familles, qui parfois ne sont d’ailleurs pas en capacité de le mener.
C'est un travail fort efficace dans cette optique : en rencontrant plusieurs fois le même texte, l’élève progresse très rapidement dans sa capacité de décodage du texte. Cette compétence mécanisée ainsi enrichie par une confrontation régulière aux mêmes mots sera transférée peu à peu aux autres textes.
Tous les textes peuvent servir de support à cet entraînement, mais il peut être profitable d’utiliser un texte déjà présent et servant de base de travail dans un autre domaine (l’étude de la langue), afin de ne pas multiplier les supports. Bien sûr, ce texte devra être annoté du nombre de mots lus à chaque ligne ! Vous en trouverez très facilement sur le net en tapant “lecture fluence” dans votre moteur de recherche.
Exemple de travail de fluence basé sur le premier texte de la méthode “Réussir son entrée en grammaire” aux éditions Retz issu du site de Maisquefaitlamaitresse.
Passons maintenant à l’autre grand frein : le contenu lexical. En effet, impossible de bien comprendre un texte si de trop nombreux mots demeurent inconnus et vides de sens. Deux activités majeures peuvent aider à remplir cette condition préalable à l’entendement d’un énoncé.
Pas de tout le vocabulaire évidemment, mais de celui qui pourra être problématique : les mots nouveaux et expressions peu usitées, ceux qui ne font pas partie de leur monde réel d’enfant, et qui les laisseraient désemparés.
Cette présentation de vocabulaire doit permettre, en plusieurs étapes, l’emmagasinement mémoriel des mots écrits et de l’image qu’ils recouvrent : il ne s’agit pas de voir seulement un “hippopotame” lorsque le mot est prononcé, mais bien de reconnaître le mot à sa lecture. Il faudra donc pour cela passer quelques instants sur les mots donnés, surtout ceux comportant des particularités grapho-phonologiques. Une trace écrite collective de ce bagage langagier tout neuf est affiché dans la classe, et sert de point de départ à toute nouvelle séance : le vocabulaire est revu, laissant peu à peu la main aux élèves qui s’en emparent et le dominent. C’est également l’occasion de présenter les personnages et lieux principaux, éléments essentiels à une bonne compréhension.
Pour aller plus loin dans la mémorisation, et sachant que plus un mot nouveau est revu, et surtout utilisé dans des contextes variés, plus on se l’approprie, un petit jeu facile à initier en classe : un mot nouveau est choisi par l’enseignant ou les élèves, puis au cours de la journée/de la semaine, chacun devra trouver une occasion de l’utiliser au travers d’une phrase. Cela peut même se transformer en match entre équipes, avec comptages des points - des phrases dites utilisant correctement le mot nouveau, et gagnant final, ou même en duel entre l’enseignant et la classe !
Construire une première représentation mentale du contenu de ce qui va être lu grâce à un résumé fait par l’enseignant, au groupe classe, lors de la toute première séance. En reformulant avec ses propres mots - des mots du langage courant, en faisant des liens avec des connaissances préalables ou situations vécues par nos élèves, en mimant ou théâtralisant au besoin, nous leur donnons accès de façon préliminaire au sens du texte.
Nous créons également un horizon d’attente, et donc une curiosité chez eux (à cet instant nous pouvons tout à fait leur demander de fermer les yeux pendant ce récit pour se créer “un petit film” dans leur tête). Attention toutefois à ne pas trop en dévoiler !
Ci-dessous : Présentation au vidéoprojecteur des personnages et du paysage principal de l’histoire “Le Lion qui ne savait pas écrire” : les reconnaître et les nommer (images issues du livre édité par la maison Glénat, photo gratuite issue du site Freepik).
Le contenu lexical ayant été explicité et mémorisé, nous pouvons alors proposer une nouvelle tâche fort profitable à nos élèves, afin de renforcer leur compréhension du texte : leur faire raconter l’histoire. Fort profitable car, ici comme dans beaucoup d’autres domaines, cela permet à la fois à l’enseignant, mais aussi à l’élève, de se rendre compte de ce qu’il sait, de ce qu’il a compris, et de ce qui pourrait manquer.
En rappelant à lui ses souvenirs, en mettant ses idées en ordre, l’enfant organise les connaissances qu’il a déjà acquises et les ancre en lui. À faire à chaque début de séance, avant la lecture du prochain épisode, afin de remettre en mémoire pour tous l’histoire, et faire travailler certains élèves en particulier.
En fin de séquence, le kamishibaï se prête particulièrement bien à ce type d’exercice : un ou deux élèves font défiler les illustrations de l’histoire, tout en la narrant à leurs camarades-spectateurs (on pourra d’ailleurs facilement imaginer une représentation devant une autre classe). C’est de plus un très bon exercice de langage oral, et d’auto-production devant autrui, qui pourra être traité dans la partie arts visuels de nos enseignements.
Enfin, une dernière proposition pour que nos élèves s’approprient complètement le sens des textes lus : jouer l’histoire. Que ce soit au travers de l’interprétation d'une partie du texte (les dialogues notamment) choisie par l’enseignant en mode mini représentation théâtrale, ou bien d’une boîte de jeu contenant les marottes de l’histoire, et laissée librement à leur disposition au dans le coin bibliothèque, l’idée est bien de laisser les enfants jouer avec l’histoire : la redire, en son intégralité, par petits bouts, fidèlement ou plus créativement, la détourner, la répéter, réinventer la fin… bref, la faire vivre.
C’est en faisant ces va-et-vient entre les activités de réception et de production des élèves, que nous leur donnons les moyens de réellement s’approprier le contenu et le sens des textes que nous leur proposons.
Marottes et Boîte à raconter chez Maitressesev
Petite note aux collègues en structure bilingue : n’hésitez jamais à faire des liens et des comparaisons avec la ou les autres langues pratiquées par vos élèves. C’est en créant des ponts entre ces connaissances linguistiques parallèles que nous pouvons tirer parti de l'immense richesse que nous apporte leur plurilinguisme, et ainsi affermir encore leur compréhension des textes en français.
Professeure des écoles au lycée français de Valence (Espagne) et PE depuis 15 ans
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