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Cette année, 3 élèves de la classe dont j'étais professeure principale étaient accompagnées d'une AESH. C'est assez rare d'avoir autant de besoins dans la même classe, mais cela m'a permis de nouer encore plus de lien avec l'accompagnante de mes élèves et d'approfondir la réflexion sur l'efficacité de notre binôme.
C’est donc avec plaisir que j’ai proposé à Gwenaële Taconne, qui accompagne, de participer à la rédaction de cet article. Comme une illustration concrète de ce travail en collaboration que nécessite l’accompagnement des élèves en situation de handicap.
C’est le jour de la pré-rentrée, on vous distribue votre pochette de prof principal(e) et vous découvrez que l’un de vos élèves sera accompagné d’un ou une AESH… Que ce soit une première pour vous ou non, vous sentez bien que de vos bonnes relations dépendront en partie de l’efficacité de l’aide apportée à vos élèves. Si vous ne connaissez pas la personne en charge de cet accompagnement, filez vous présenter ! Si vous la connaissez, profitez d’un moment dans la journée pour renouer le contact. De même, si vous ne connaissez pas le rôle et les missions d'une AESH, le guide Eduscol est un incontournable.
Le lendemain, vous accueillez vos élèves dans la cour pour leur rentrée. Vous vous présentez à votre classe. C’est le moment idéal pour laisser se présenter l’AESH qui va accompagner vos élèves et lui laisser prendre sa place vis-à-vis des élèves, avec lesquels il ou elle va passer probablement plus de temps que vous ! Rapidement, l’AESH va alors pouvoir commencer son accompagnement et voir évoluer les élèves dans leur nouvelle classe.
C’est déjà une situation difficile d’avoir un handicap, alors si en plus on doit supporter les regards et critiques des autres… Il y a plusieurs années, j’ai eu du mal avec des élèves qui jalousaient d’autres élèves ayant des adaptations dans le cadre d’un PAP. Pour désamorcer la situation, j’ai créé une séance de vie de classe qui sensibilise aux troubles DYS et à la nécessité des adaptations.
Je m’en sers plus largement chaque fois que des élèves ont besoin d’une aide spéciale en classe. Cette séance peut aussi permettre à l’AESH d’expliquer comment elle ou il intervient auprès des élèves. Ce temps est parfois nécessaire pour un climat de classe serein et bienveillant. Vous pouvez retrouver cette séance sur mon blog.
Grâce à sa position privilégiée au sein de la classe, l’AESH capte des informations, est témoin de conflits, reçoit des témoignages ou des confidences qui sont des éléments importants à vous transmettre dans le but de favoriser l’ambiance de classe ou d’aider un élève dans une situation difficile. Cela peut aussi nourrir l’analyse sur les difficultés de l’élève et ses besoins d’accompagnement.
Il est parfois difficile d’accueillir quelqu’un dans sa classe, on peut avoir peur d’être jugé. Prenons la situation autrement : une AESH dans la classe, c’est un adulte de plus pour accompagner les élèves, la possibilité d’avoir un retour constructif sur un élément de la séance (si toutefois on prend le temps d’échanger). Bref, une vraie opportunité d’améliorer ses pratiques !
La fin du trimestre approche. Bientôt, vous aurez à rédiger l’appréciation générale pour vos élèves accompagnés. Et si vous aviez quelques mots de votre AESH qui vous fait un bilan de son côté ? Cela nourrira forcément votre vision d’ensemble sur les efforts et progrès réalisés par vos élèves. Partagez à votre AESH cette idée de bilan pour voir si il ou elle est dans le même état d’esprit.
Pour gagner en pertinence et avoir plus de temps d’échanges en ESS (équipe de suivi de scolarisation), un temps de discussion autour des difficultés et aménagements est intéressant à mener en concertation entre le PP et l’AESH en prévision du Geva-Sco à remplir. Parfois aussi, en présence de la famille, on ne peut pas tout dire ou disons que l’on ne peut pas dire aussi simplement les choses.
Selon les configurations et les personnalités des personnels concernés, les échanges entre le ou le PP et l’AESH peuvent être faciles et fréquents sur les temps de pause (récréation, repas). Parfois, ce n’est pas le cas, il est alors souhaitable de trouver un créneau commun où l’on pourra échanger en cas de problème ou de façon plus organisée (3 fois par an, juste avant les conseils de classe nous paraît être une fréquence intéressante et raisonnable).
Il faut accorder un temps plus important lorsque les créneaux d’accompagnement de l’AESH ne se déroulent pas sur des cours du PP, et donc lorsque les occasions d’échanger rapidement mais régulièrement sont moins faciles.
Quoi de plus désagréable pour l’AESH que de découvrir en arrivant dans l’établissement que la classe n’est pas là, car en sortie scolaire ou en intervention ? Malheureusement, ce scénario est assez fréquent car associer les AESH à la vie de la classe n’est pas toujours un réflexe. Une attention est à porter sur ce point pour concrétiser dans les faits cette notion d’équipe et éviter de créer du ressentiment chez l’AESH qui peut, à juste titre, se sentir comme la 5ème roue du carrosse.
De ces petits riens, mais aussi de situations plus compliquées liées à la place de chacun ou même à des personnalités difficiles à concilier, peuvent naître des sentiments négatifs, voire de réels conflits. C'est la communication et la coopération qui seront des leviers importants pour favoriser une aide efficace pour les élèves. Une relation de confiance, dans une ambiance conviviale et apaisée, ne peut que faciliter les choses !
Ségolène Paris, professeure de sciences au collège depuis 2007, professeure principale de 6ème depuis 2012
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Cet article est intéressant parce que désastreux et donc révélateur. On y voit très bien le souci n°1 de l'enseignante : trouver une place à cet alien qu'est l'AESH afin de minimiser les problèmes relationnels d'adulte à adulte qui sont la hantise de tout professionnel. On voit donc bien que l'adaptation pédagogique à destination de l'élève concerné ne fait pas partie des préoccupations de l'enseignante alors qu'elle devrait être l'objectif premier de la coopération "en binôme" avec l'AESH. Lorsque psychologue de l'éducation nationale j'ai expliqué, années après années, à mes collègues du primaire que l'AESH n'était PAS un "patch" qui permettait de considérer l'élève concerné comme n'étant plus handicapé de sorte qu'on pourrait s'adresser à lui comme à tous les autres élèves, j'ai toujours eu espoir que les enseignants en viendraient à reconnaître la nécessité de concevoir pour chacun de ces élèves une pédagogie différenciée que l'AESH mettrait simplement en application, après que ses différentes modalités aient été explicitées et convenues. Il va de soi que pour certains handicaps spécifiques de nature purement sensorielle ou motrice l'AESH sait mieux que l'enseignante ce qu'elle a à faire mais pour l'accompagnement de l'élève dans le champ des conduites mentales ou comportementales, il est de la responsabilité de l'enseignante de déterminer précisément les modalités de l'accompagnement par l'AESH. Quelles qu'elles soient, ces modalités doivent satisfaire au principe cardinal de l'accompagnement qui est d'AIDER AUTANT QUE POSSIBLE L'ELEVE A SE PASSER DES QUE POSSIBLE DUDIT ACCOMPAGNEMENT. Loin de l'en rendre dépendant, il s'agirait d'aller, avec le consentement de tous, élève y compris, vers l'autonomisation de ce dernier selon un rythme qu'il sera mis lui-même en position de déterminer. Voilà ce que j'ai toujours défendu et que je regrette de ne pouvoir défendre à présent étant donné que je suis à la retraite. Je suis extrêmement inquiet concernant l'efficacité des modalités actuelles de l'accompagnement par l'AESH. Une révision de fond en comble me semblerait nécessaire car il faudrait absolument en finir avec ce quiproquo. La pédagogie différenciée est une obligation professionnelle générale. Elle l'est a fortiori dans le champ du handicap.
Bonjour Luc-Laurent, merci pour ton commentaire argumenté ! Le lien présenté dans cet article est entre PP et AESH et ne concerne donc pas les adaptations pédagogiques qui sont décidées en concertation AESH enseignants dans les différentes disciplines. De plus, est évoquée la rédaction commune du Gevasco qui est l'outil justement dédié à recenser l'ensemble des adaptations mais aussi évaluer comment le jeune évolue et si il est possible de diminuer l'accompagnement si l'élève a gagné en autonomie. En fait le PP est juste le coordinateur de l'équipe pédagogique et assure le lien avec la famille. A ce titre il doit associer l'AESH mais pas se substituer à ses collègues pour ce qui relève du travail en classe :)