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Mauvaise note : définir, analyser, rebondir

Émilie Kalifa
8 février
4 mn

La mauvaise note est une expérience douloureuse. En effet, depuis longtemps déjà, notre système scolaire français a tendance à positionner l’élève dans le prolongement de la note qu’il obtient. Bonne note = bon élève ; mauvaise note = mauvais élève. Or, cette confusion fige les situations et empêche de se poser les questions essentielles

Pourquoi cet exercice a-t-il donné lieu à une mauvaise note ? Obtenir tout juste la moyenne, est-ce que ça suffit ? Quels conseils peut-on donner pour progresser à la suite d’une "mauvaise" note et s'améliorer ? ÊtrePROF propose un éclairage sur cette notion et la place de l'erreur afin d'aider chaque lecteur, qu’il soit parent, professeur ou même élève, à prendre le temps de s’interroger sur la valeur d’un résultat.

C’est quoi une mauvaise note ?

« Cette note ne te définit pas ! »

Une note, qu’elle soit bonne ou mauvaise, ne définit pas un élève. En d’autres termes, avoir une mauvaise note ne fait pas de l’apprenant un mauvais élève. Une note évalue un travail produit à un instant T, selon des attendus fixés par un enseignant ou une enseignante. La notation a pour but d'évaluer la maîtrise des connaissances et des compétences, d’établir un constat pour permettre à l’élève de savoir où il en est dans l’acquisition de ses apprentissages.

Le contexte académique

Si la notation est sur 20 points, avoir 10, c’est obtenir la moyenne. On peut donc traduire cette note par l’acquisition de la moitié des savoirs attendus. Ou du moins, c’est avoir su montrer à l’évaluateur la moitié des savoirs attendus.

En effet, le stress est un facteur qui peut intervenir de façon négative chez certains élèves. Il n’est pas rare que l’anxiété de performance diminue les capacités en contexte académique. Cette angoisse se manifeste par des troubles somatiques, tels que la migraine, les troubles digestifs, des insomnies, des trous de mémoire… et ne permet pas à l’élève d’être en pleine capacité de ses moyens. Dans ces conditions, la note ne sera pas révélatrice des connaissances réelles.

Mauvaise note : à chacun sa limite

4 sur 20 en maths, c’est grave ?

 

Matière, professeur, éducation : une réalité à prendre en compte

J’ai entendu la semaine dernière en conseil de classe de 3ème, depuis ma chaise de parent d’élèves déléguée, des enseignants parler pour leur discipline.

La prof d’EPS venait de s’indigner : "4 sur 20 en EPS, c’est vraiment qu’il met de la mauvaise volonté."

Deux tours de table plus tard, l’enseignant de mathématiques a expliqué à propos d’un autre élève : "4 sur 20 en mathématiques, les prérequis ne sont pas suffisamment solides et la compréhension des consignes semble difficile même après reformulation. Il ne doit pas baisser les bras."

Sans jugement aucun, je vous livre ces propos pour illustrer mon constat : il faut contextualiser et relativiser.
 


Le biais de la constante macabre : une réalité

Pierre Antibi est très connu pour ses essais sur la notation et notamment ses biais liés au système éducatif français qui a tendance à figer les élèves dans une catégorie. C’est ce qu’il a appelé la constante macabre. Quels que soient la classe ou le niveau dont ils ont la charge, les enseignants et enseignantes répartissent inconsciemment leurs élèves en 3 tiers : bon, moyen, mauvais.

Cette constante a été observée même lorsque le groupe classe était très homogène et ne présentait que des enfants au profil excellent. Alors que faire ? En prendre conscience est déjà un grand pas. S’interroger sur son système de notation et ses propres biais en est un deuxième.

Pour éviter cet engrenage, certains enseignants ont expérimenté différentes méthodes d’évaluation. Marie-Camille, enseignante de physique-chimie au secondaire pratique, par exemple les notes paliers et ne met jamais moins de 8/20. C’est sa manière de dire : “Tu peux y arriver, tu en es capable.” 

Réagir face à une mauvaise note

"Je suis nul, je n’y arriverai jamais." La vision qu’entretient l’élève de lui-même peut être une véritable source de souffrance et de décrochage scolaire. En effet, lorsque la marche semble trop haute, il est peu probable que l’élève redouble d’efforts, de persévérance et d’investissement. Il risque de préférer abandonner.

Côté élèves et parents, je ne peux que conseiller de procéder pas à pas dans le renforcement de l’estime de soi. Car si la niaque, la persévérance, la motivation sont des moteurs indispensables à la réussite scolaire, elles ne s’acquièrent pas du jour au lendemain. Pour être plus tenace, il est essentiel d’avoir une bonne cartographie de ses forces, de ses qualités et de ses faiblesses ou ses échecs. Cela nécessite d’explorer toutes les expériences vécues et pas seulement celles qui concernent le milieu scolaire.
 


« Qu'est-ce que je dois faire pour progresser ? » Cette question permet de rebondir instantanément et de se projeter avec confiance dans un avenir meilleur. Que la réponse soit dans la méthodologie, dans l'organisation, dans l'investissement pendant les cours ou un savant mélange de tout cela, elle doit d'abord permettre de reprendre le contrôle et d'être pleinement acteur de sa progression. Ensuite, il faut garder en tête que cette stratégie demandera peut-être un accompagnement, des essais, des erreurs, du temps, etc. Soutenir et encourager le jeune à atteindre son but sont des aides précieuses.

Apprendre de ses erreurs : quand l’échec est pédagogique

Un ensemble de notes jugées mauvaises peut aussi signifier que la méthode d’enseignement n’était pas adaptée ou que les critères d’évaluation n’étaient pas ajustés. Il peut aussi mettre en lumière un niveau d’exigence et d’attendus trop élevés ou des consignes pas suffisamment explicites. Il existe en réalité plusieurs facteurs qui peuvent expliquer un « loupé ».

Je me souviens d’avoir dit à mes élèves de CM1, suite à une évaluation majoritairement ratée, qu’ils m’avaient permis de progresser. Effectivement, au fil de la correction, j’ai constaté plusieurs biais entre ma leçon, mes critères d’évaluation et certaines consignes du contrôle. J’ai ajusté, rectifié, aligné afin de proposer une nouvelle séquence et une évaluation plus juste au regard des attendus du programme.

Un nombre reste un nombre et il ne se suffit pas à soi-même. Il est essentiel de remettre la note dans son contexte et de l’utiliser à sa juste valeur : un indicateur, une information concernant la position de l’élève sur le chemin de l’apprentissage. 

Accueillir la mauvaise note avec toute sa complexité, c’est accepter de surmonter les difficultés. Mais c’est surtout commencer à entrevoir l’évaluation comme un levier d'amélioration. Et c’est ainsi que chaque élève peut construire son propre chemin vers la réussite. 

Et pour vous, est-ce que 13/20 est une mauvaise note ?  

 

Émilie Kalifa, professeure des écoles depuis 2018

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