Personnaliser vos contenus
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Article rédigé dans le cadre d'un partenariat avec la plateforme E-Inspé.
Imaginez que vous vous engagez dans une association. Dans votre nouvelle activité bénévole et associative, il vous est proposé l’une des tâches suivantes : rédiger la newsletter, animer la prochaine réunion ou relancer les membres non à jour de leur cotisation.
Pour pouvoir vous engager dans cette nouvelle tâche, il vous faut impérativement croire que vous en êtes capable. C’est-à-dire penser "je peux/je sais" écrire un texte, parler en public ou devoir convaincre des gens de payer.
Cette croyance dans votre capacité va reposer sur :
À l’inverse, si vous n’avez pas le sentiment d’être compétent pour cette tâche, vous allez vous en désengager : par exemple, proposer à quelqu’un d’autre de le faire. Le problème c’est que si ne vous sont proposées que des tâches pour lesquelles vous ne vous sentez pas compétent, vous allez de vous-même quitter cette association.
Le sentiment de compétence (ou sentiment d’efficacité personnelle) se réfère à la perception de sa propre capacité à réussir dans les tâches et les activités liées à son domaine d’études et de formation professionnelle. Sans lui, pas d’apprentissage possible ! C’est grâce à lui que l’on peut se mobiliser et commencer à produire un effort pour apprendre quelque chose.
En fait, sans que nous en ayons véritablement conscience, nous ne nous lançons dans une tâche qu’à condition de croire (même un peu) que l’on va y arriver. Nous ne pouvons pas nous engager dans un apprentissage si nous n’avons pas (un peu) la croyance que l’on peut le faire.
Il est ainsi indispensable qu’un enfant ait un sentiment de compétence pour pouvoir s’engager dans sa scolarité. Plus ce sentiment sera fort, plus son engagement et sa ténacité seront élevés. Le sentiment de compétence est donc une croyance, qui trouve sa source dans trois facteurs principaux :
Il est intéressant de noter que plus un sentiment de compétence est établi dans un domaine, plus notre intérêt pour ce domaine grandit. Autrement dit, même si performance et sentiment de compétence sont liés, un élève va surtout développer de l’intérêt pour une matière dans laquelle il se sentira compétent. Il faut avoir à l’esprit que le sentiment de compétence, bien que lié au niveau scolaire, n’est pas son équivalent.
Qu'est-ce qu'une compétence ?
Une compétence est la capacité d’un individu à savoir mobiliser ses connaissances au moment opportun et de ce fait d'adopter la bonne attitude (le bon geste, la bonne parole, etc.) Être compétent, ce n’est pas si simple ! Les élèves doivent tout d’abord comprendre et maîtriser les connaissances afin de pouvoir, dans un second temps, les mobiliser à bon escient.
On peut donc envisager que la connaissance apportée soit gardée sous les yeux afin que les élèves puissent les travailler leur capacité à l’exploiter au bon moment. On peut ainsi comprendre que certains élèves sont persuadés qu’ils ne sont pas (et ne seront jamais) compétents.
Les élèves qui ont un sentiment de compétence solide et bien établi sont plus enclins et plus déterminés à faire face aux défis et aux difficultés plutôt que d’abandonner. Autrement dit, si on pense qu'on peut y arriver, on est capable de tenir face aux contraintes et à l’adversité plus longtemps que si l’on n’en est pas vraiment certain.
C’est en cela que le sentiment de compétence est en lien direct avec l’engagement dans les études. Si je pense que je ne suis pas capable, le désengagement et la rupture scolaire seront à terme des issues plutôt naturelles de mon parcours.
Le principal indice pour repérer un élève qui manque de sentiment de compétence est sa relation au travail : il est souvent dans le refus, abandonne vite ou il n’essaie même pas d’entrer dans l’activité parce qu’il est persuadé qu’il ne sait pas et qu’il ne saura pas.
Vous pouvez par exemple constater qu’un élève ne sort pas son matériel du sac : c’est une des postures d'élèves définies par Dominique Bucheton. Le refus de travailler est sa manière à lui ou à elle de gérer ce sentiment très désagréable ressenti. L'élève adopte alors une posture de protection, qui se manifeste soit par une posture d’attaque soit par une posture de discrétion.
"La meilleure défense, c’est l’attaque" est la devise de certains élèves souffrant du manque de sentiment de compétence. Cette agressivité peut d’ailleurs être dirigée à l’égard de l’enseignant ou de l'enseignante, mais aussi des autres élèves. L'élève est ce qu’on qualifierait "d’adolescent à fleur de peau". Il est évident que cette période charnière dans l'évolution d’un être humain est un facteur supplémentaire à ce ressenti et à cette attitude.
L'élève peut également, pour éviter de se confronter à ce sentiment désagréable de manque de compétence, se coucher sur la table pour dormir. On le perçoit comme une provocation, mais ce serait plutôt un appel à l’aide. Il faut le comprendre et discuter avec l'élève pour saisir les motivations de cette attitude et l’accompagner dans un début de travail. Celui-ci se fait avec des feedbacks positifs réguliers, pour casser cette image que l'élève a de lui ou d'elle-même. Le manque d’estime de soi peut alors évoluer, sur un temps long.
D’autres élèves, pour ne pas être exposés à ces difficultés, adoptent une attitude de discrétion maximale : ils deviennent invisibles. Ce profil est le profil des potentiels décrocheurs. Il convient de les accompagner discrètement, afin de ne pas le stigmatiser. Si ces élèves sentent que la classe remarque cette incompétence, il est probable qu’ils ou elles ne viennent plus en cours.
Enfin, un autre comportement à prendre en compte est celui des élèves anxieux. Ce sont ces élèves qui vous posent mille questions : vous n’avez même pas fini de présenter la consigne que vous êtes assailli d'interrogations. Or, l’angoisse génère des barrières qui nuisent à la bonne compréhension. Il s’agit du sentiment d’impuissance acquise ou un manque de sentiment d’efficacité personnelle.
À noter que l’angoisse peut parfois être somatisée. Certains élèves, de manière récurrente, souhaitent se rendre à l’infirmerie ou prétendent ne pas pouvoir travailler en raison d’une douleur. Ils tentent par tous les moyens d’esquiver : ce profil correspond aux élèves qui ont une faible estime d'eux-mêmes. Ils ont tendance à se dénigrer et n’arrivent pas ou peu à être contents d’une réussite. Ils considèrent que s’ils ont su faire, c’est parce que l’activité était simple.
Vous pouvez agir sur les trois variables mentionnées : le soutien social, vivre des expériences de réussite et le niveau d’attente.
Ainsi, vous jouez un rôle crucial en fournissant des opportunités d'apprentissage significatives et en guidant les élèves vers la maîtrise de ces compétences. Par ailleurs, recevoir des commentaires positifs et constructifs de la part des enseignants et des pairs peut renforcer la perception de compétence d'un élève.
Il ne serait pas pour autant judicieux de dire et de répéter à un élève "qu’il est capable" ou "qu’il a du potentiel, si seulement il travaille un peu plus ou qu’il se motive". Si cela peut partir d’une bonne intention, lui répéter trop souvent pourrait avoir des effets contre-productifs et mettre l’élève en difficulté.
Imaginez que vous décidiez de vous remettre un peu au sport, mais vous n’êtes pas certain de votre réussite, vous doutez un peu sur le fait d’en être capable. Tous les matins, une personne de votre entourage vient sonner à votre porte pour vous dire "tu es capable de courir un marathon, tu vas y arriver, il suffit juste de te motiver et de t’entraîner". À la fin de la semaine, ces encouragements incessants vont être très agaçants, ou pire, ils risquent de vous démotiver.
Parce qu’il ne dépend pas que de vous et que c’est un sentiment qui bouge assez lentement dans le temps, le sentiment de compétence est le fruit d’une longue histoire de l’élève, aussi nourri par des facteurs externes à l’école (famille, environnement social, stéréotypes). Les croyances d’un élève sur ses compétences ne changent donc pas facilement.
Notre cerveau aime confirmer ce qu’il sait déjà. Il est programmé pour sélectionner dans notre environnement tous les arguments et éléments en faveur de notre croyance, et dans le même temps négliger tous les arguments qui l’infirment (on appelle cela le biais de confirmation). Par exemple, si un élève ayant le sentiment d’être "nul à l’école" obtient une bonne note, il sera plus enclin à dire qu’il a eu de la chance, que c’était facile, que ça ne veut rien dire ou encore que ça ne se reproduira pas.
Si un adolescent ou une adolescente se retrouve confronté(e) à plusieurs situations d’échec, il ou elle risque de développer des croyances assez rigides. Le principal problème est qu’il est très difficile de faire marche arrière… mais c’est possible ! Seulement, il faudra beaucoup d’expériences positives et significatives pour pouvoir développer de nouvelles croyances sur ses compétences.
À lire aussi :
Marie Gallé-Tessonneau, psychologue clinicienne, psychothérapeute, docteure en psychologie, formatrice et chargée d’enseignement à l’université de Bordeaux
Aline Chudy, professeure de lettres-histoire et formatrice académique
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