J’ai commencé par chercher ce qui existait sur le sujet. J’ai trouvé un article fort intéressant : Soft skills : la liste complète des 27 compétences douces à privilégier. Je me suis inspirée de ces 27 compétences pour les adapter à mon fonctionnement de classe. Puis, je me suis demandé ce que je voulais évaluer.

J’ai sélectionné et adapté 8 items afin d’en faire une grille d’évaluation critériée :

• la motivation ;
• la ponctualité ;
• la communication ;
• l’équipement (matériel) ;
• le comportement général ;
• le travail en silence ou en chuchotant ;
• l’autonomie ;
• l’utilisation du téléphone.

Après quelques semaines de réflexion et d'ajustements des critères d'évaluation, j'ai décidé de passer à l'action. Voici les 3 étapes de la mise en place de l’outil :

• Présentation aux apprentis

 J’ai commencé par informer les apprentis que j'allais évaluer les compétences douces développées en classe. Je leur ai présenté la grille d’évaluation (voir plus bas) et leur ai expliqué que le but était bien sûr de les évaluer mais surtout de les faire progresser. 

Je leur ai montré le site internet cité précédemment pour leur faire comprendre que ces compétences étaient essentielles pour être intégré dans le monde du travail - monde auquel ils appartiennent déjà en étant salariés. Les employeurs sont très attachés à ces savoir-être et nous le font très souvent remarquer lors de visites en entreprises.

• Évaluation par les apprentis

À la fin du semestre, lors de la semaine du conseil de classe, j’ai expliqué aux jeunes qu’ils allaient devoir s’évaluer afin de faire preuve d’esprit critique par rapport à leur travail et à leur comportement. Je leur ai demandé d'être les plus honnêtes possible. Ils ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme et se sont empressés de remplir la grille d'évaluation avec application.

• Évaluation par le formateur

J’ai ensuite récupéré ces grilles et je leur ai expliqué que j’allais reprendre leurs évaluations et faire des ajustements si cela me semblait nécessaire. Cette évaluation sera portée sur le bulletin et fera l’objet d’une note à part entière.

Les apprentis ont complètement adhéré à l’idée de s’auto-évaluer. Il faut signaler qu’ils ont l’habitude de le faire en entreprise et savent parfaitement si leur travail est de qualité ou pas.

Certains jeunes m’ont fait des remarques que j’ai trouvé fort intéressantes : "Madame, si on s’évalue bien, est-ce qu’on a un bonus ?". Je leur ai dit que je prenais en compte leur remarque et que j’allais y réfléchir pour le second semestre.

Globalement, les apprentis ont été satisfaits de leur note, qui correspondait très généralement à celle qu’ils s'étaient attribuée. Certains ont même été très sévères envers eux-même. 

D’autres, à ce moment-là, ont pris conscience qu’ils perdaient des points car ils ne respectaient pas toujours les règles de savoir vivre en classe : bavardages, oubli de matériel, non rangement du téléphone portable, etc. Je les ai encouragés en leur disant qu’ils pouvaient faire des progrès afin d’avoir une meilleure évaluation au semestre suivant.

Comment améliorer la grille en tenant compte des remarques des jeunes ? Suite à leurs remarques, j’ai décidé de modifier ma grille en ajoutant 2 items :

• la coopération en classe (très importante en classe flexible) ;
• un bonus, à savoir la justesse dans l’auto-évaluation. Il me semble important de valoriser les jeunes qui ont un regard objectif sur leur comportement.

À l’heure actuelle, les jeunes sont surtout évalués sur leurs connaissances scolaires. Certains, en difficulté, souffrent de cette situation. Mettre en avant d’autres compétences, indispensables pour une intégration dans le monde professionnel, peut leur permettre de s’épanouir et d’avoir la volonté de s’investir.

Cette expérience enrichissante sera renouvelée au sein de ma classe. Pourquoi ne pas songer à utiliser cette évaluation dans tout l’établissement scolaire ?

Anne-Marie Charrier, formatrice de français/histoire-géo depuis 1991