Personnaliser vos contenus
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Cette année, vous avez une classe d'élèves de maternelle. Vous vous rendez vite compte que la gestion des émotions, ce n’est pas leur fort… Comment faire pour travailler dessus, et que ça ait du sens ?
Je me posais la même question. Il y a quatre ans, je me suis lancée... J’ai décidé d’allier pédagogie de projet et travail sur les émotions. Depuis, je ne peux plus m’en passer !
C’est donc avec ma passion pour la pédagogie de projet que je vous propose de vous lancer. Vous allez apprendre à penser, structurer votre projet. Et, enfin, vous verrez comment le clôturer et le partager autour de vous.
En début de carrière, j’ai connu un élève qui avait du mal à rentrer dans les apprentissages. Il n’arrivait pas encore à y mettre du sens. Et puis, j’ai mis en place un projet dans ma classe. En quelques séances, tout a changé. Il arrivait à l’école motivé, curieux et prêt à découvrir de nouveaux enseignements. Cela m’a convaincue d’utiliser la pédagogie de projet chaque année !
Ce concept ne date pas d’hier… De Freinet à nos jours, les sciences de l’éducation et la psychologie se sont penchées sur la question et nous offrent une littérature scientifique riche et variée. Il en ressort deux points importants, qui j’en suis sûre, vont vous convaincre.
En alliant plusieurs domaines, vous allez voir vos élèves s’émerveiller en se rendant compte qu’on peut compter, chanter, et peindre sur le même sujet. Donner du sens améliore la motivation et permet de mettre les élèves en action plus facilement. Et quand on a des élèves motivés, on l’est aussi !
Évoluer dans une communauté d’apprentissage
Travailler en projet force à travailler ensemble. Vous allez voir vos élèves se mettre à échanger et coopérer pour faire avancer le projet. Quoi de mieux pour développer le langage ? Pour ma part, la pédagogie de projet a été approuvée dans toutes mes classes dès la petite section et les élèves, comme les parents, en redemandent.
Une élève tombe dans la cour de récréation et vient me voir en larmes. Impossible de la faire se calmer pour m’expliquer où a-t-elle mal et ce qu’il s’est passé. Et là, je dis un mot magique : "tu as eu peur en tombant ?” Elle s’est calmée instantanément, avec un simple mot sur ses émotions. À cet instant, j’ai compris l’importance d’apprendre, le plus tôt possible, à mes élèves à reconnaître et nommer leurs émotions.
Nous ressentons tous des émotions, mais en maternelle, ce n’est pas si facile de les identifier et de les comprendre. Nous avons tous déjà été confrontés à un enfant en pleine crise de colère ou de larmes, et pourtant incapable de nommer son émotion et d’exprimer d’où elle provenait. C’est tout à fait normal.
Le cerveau des enfants entre 3 et 6 ans n’est pas encore totalement développé. C’est une période d’apprentissage intense : identifier et réguler les émotions en fait partie. C’est donc notre rôle de les accompagner pour mieux identifier, nommer, comprendre et réguler ses émotions.
Évidemment, ce n’est pas une mince affaire ! Réaliser un projet à ce propos ne veut pas dire condenser le travail des émotions sur une période et ne plus jamais en parler.
Il est nécessaire de les aborder régulièrement.
Ce projet va vous permettre une importante et riche introduction (en petite section, ou si les élèves n’ont jamais entendu parler des émotions) et/ou un approfondissement (pour les élèves déjà sensibilisés aux émotions).
En réalisant ce projet sur les émotions, vous allez participer au développement des compétences psychosociales (CPS) de chaque élève. Etre capable d’identifier son émotion et de la nommer permet non seulement de s’autoréguler, mais également de reconnaître les émotions des autres et ainsi ouvrir la voie vers l’empathie.
Des élèves qui savent reconnaître et gérer leurs émotions, et celles des autres, sont des élèves mieux armés pour gérer des conflits. Cela a des conséquences directes sur le climat de classe voire de l’école.
Il me semble pertinent de commencer par les émotions de base, à savoir : colère, tristesse, peur, joie et sérénité. Lorsque ces émotions sont reconnues, on peut alors ajouter, dans un second projet, des émotions plus complexes comme la jalousie, l’amour (amitié, famille, etc.), la déception, la timidité, etc.
Envie d'en savoir plus sur les compétences socio-émotionnelles ? On vous dit tout dans une vidéo expert de 2 minutes :
En maternelle, chaque nouvelle période est un nouveau départ avec sa classe. Cela m’a donné l’idée d’organiser mon projet sur le rythme d’une période. C'est une organisation pratique, claire et fluide pour moi, comme pour les élèves et leurs parents. La seule question qui m’a été posée à la fin de la période était : “C’est quand le prochain projet, maîtresse ?”.
C’est l’été, vous préparez votre année et vous avez envie de faire un projet. Oui mais quand ? Pour y avoir réfléchi pendant de longues heures, j’ai opté pour la mise en place de ce projet en période 2.
À mon sens, la période 1 n’est pas propice pour la mise en place d’un long projet. C’est une période intense, il faut prendre ses marques et c’est le moment d’instaurer les pratiques de la classe, surtout en petite section ! Quant aux autres périodes, il me paraît dommage d’attendre janvier, voire mars pour parler des émotions, alors que le sujet ce sera certainement déjà présenté à plusieurs reprises.
La période 2 se place donc au bon moment de l’année pour parler des émotions. Au passage, vous changerez un peu des sapins et boules de neige habituels…
Ensuite… de quoi parler ? Des émotions, oui, mais dans quels domaines ?
Les élèves vont apprendre à exprimer leurs émotions. C’est le moment parfait pour leur faire découvrir un vocabulaire varié autour de chaque émotion et diverses structures de phrases pour les exprimer (je me sens en colère / je suis énervé / je suis furieuse, etc.). On travaille également l’écriture et la phonologie avec la création d’affiches récapitulatives pour chaque émotion.
Comment mieux vivre ses émotions qu’avec son corps ? Les élèves vont pouvoir expérimenter chaque émotion en salle de motricité : crier de colère, sauter de joie, se mettre en boule pour pleurer, se cacher quand on a peur, se coucher pour se détendre.
Laissez vos élèves vous proposez des actions et des mouvements pour représenter chaque émotion. En un rien de temps, vous obtiendrez une chorégraphie complète. Il ne reste plus qu’à choisir des musiques adaptées à chaque émotion et vous voilà avec un spectacle de danse !
Si vous avez choisi une couleur pour chaque émotion, il n’y a plus qu’à les utiliser dans vos activités d’arts visuels. Les possibilités sont illimitées ! Déchirer ou trouer la feuille pour libérer sa colère ? Fusains ou encre pour dessiner une forêt effrayante ?
Vous pouvez également jouer avec le numérique. Laissez vos élèves se prendre en photo en exprimant une émotion. Il n’y a plus qu’à les imprimer et leur faire réaliser un cadre avec la couleur de l'émotion choisie.
Ce projet peut être complètement réalisé autour de ces trois domaines. Je vous conseille d’ailleurs de débuter avec ceux-là. Si vous avez plus de temps et/ou d’expériences, il est bien entendu possible d’intégrer les autres domaines d’apprentissage.
Quelques exemples pour les intégrer dans votre projet :
J’avais devant moi mes 5 émotions à traiter et une période scolaire de 6 semaines, dont une était dédiée aux préparatifs des fêtes de fin d’année. La structuration de mon projet s’est imposée d’elle-même : 1 semaine, 1 émotion. De fil en aiguille, mon projet s’est structuré autour de chaque semaine et depuis je n’ai jamais changé !
D’après mon expérience, pour qu’un projet fonctionne, il doit être structuré à la manière d’une progression. Il est important de savoir où vous allez du début à la fin et d’avoir anticiper les réponses et propositions de vos élèves.
Prenez le temps de décortiquer chaque émotion et de réfléchir à la manière dont vous allez l’introduire. Allez-vous parler de toutes les émotions dès le début de la période ou au contraire les répartir sur chaque semaine ? Présenterez-vous chaque émotion à travers un seul support ou allez-vous alterner entre images, dessins, photographies, vidéos, etc. ?
Je sais que de nombreuses idées vont vous passer par la tête et qu’il est difficile de savoir laquelle est la bonne. Rassurez-vous, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solution. L’important, c’est que votre fonctionnement vous convienne et fasse sens pour vous. Vous serez alors plus à l’aise en classe et le projet fera aussi sens pour vos élèves.
Pour ma part, j’ai opté pour une structuration de mon projet au fil des semaines. J’utilise un album jeunesse sur les émotions comme fil rouge. Chaque semaine, nous découvrons une nouvelle émotion et avançons petit à petit dans le livre. Les activités de la semaine sont dédiées à l’émotion choisie. Le suspens à la fin de la semaine pour savoir quelle sera la prochaine émotion est alors à son comble !
Concernant les supports, il me semble important de débuter avec des outils concrets (photographies d’expressions faciales) puis d’évoluer vers des représentations plus abstraites (dessins, musique, etc.).
Ça y est, votre projet est prêt. Il vous reste à déterminer un dernier élément : comment le clôturer ? En reprenant tout ce que vous avez déjà fait, évidement ! Les affiches et œuvres réalisées en classe sont à mettre à la vue de tous et surtout des parents. Ils pourront ainsi voir l’évolution du projet dont leur enfant leur parle tout le temps. L’idée est qu’il reste quelque chose de ce projet.
Pour mon premier projet, mes élèves s’étaient tellement investis que j’avais eu envie de les féliciter en leur offrant quelque chose. Ils sont tous repartis avec un diplôme “Champion / Championne des émotions”. L’idée a germé et depuis, je conclus chacun de mes projets avec un petit souvenir à emporter à la maison.
Vous pouvez aussi faire un imagier souvenir avec les photos des élèves mimant chaque émotion. Dans ma classe, j’adore clôturer ce projet avec une vidéo de la danse des émotions de mes élèves. Chaque enfant a ainsi un souvenir à partager avec sa famille juste avant les fêtes de fin d’année !
Se lancer dans un projet peut faire peur et démotiver, mais avec un peu d’organisation et de créativité tout est possible !
Et si quelques idées vous manquent, n'hésitez pas à en discuter autour de vous. Qui sait, peut-être que vos collègues voudront participer à votre projet et en faire un pour toute l’école !
Fiona Fiorentino, professeure des écoles en maternelle depuis 2019
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