Atelier | Déconstruire les mythes de l’intelligence
En savoir plus
En savoir plus

Comment intégrer l’école du dehors dans ma programmation annuelle ?

Ségolène Paris
Il y a 4 heures
4 mn

"C’est décidé, l’année prochaine, je vais oser sortir de la classe avec mes élèves et tenter l’école du dehors !"

Voilà ce que j'ambitionnais en fin d’année scolaire 2022-2023.  Mais une fois cela dit, tout le travail commençait pour faire de cette pratique pédagogique un outil efficace au service des apprentissages. 

Alors dans cet article,  je vous propose un retour d’expérience pour vous aider à identifier les leviers, mais aussi les écueils de l’école du dehors, et vous montrer comment j’ai articulé toute ma programmation annuelle autour de ce thème !

L’école du dehors, ce n’est pas faire classe dehors !

Depuis 2022-2023, notre établissement possède une aire terrestre éducative. Ce sont les élèves qui choisissent un espace de nature et en assurent l’étude et la gestion. Cela a complètement changé ma façon d’envisager la façon de faire cours dehors… 

J’avais déjà souvent amené ma classe en extérieurs aux beaux jours, pour profiter d’un petit courant d’air et éviter de suffoquer entre les 4 murs de la classe. Pour autant, je n’avais, à ce moment-là, pas encore vraiment expérimenté la classe du dehors…

La classe du dehors, c’est utiliser l’espace de nature comme objet d’apprentissage

C’est se nourrir du lieu pour faire émerger des questions pédagogiques. Il ne s’agira donc pas de simplement délocaliser le cours prévu en extérieur, mais bien de s'approprier de nouvelles façons d’enseigner, d'utiliser de nouvelles activités, adaptées au lieu et au travail dehors.

Pour faire l’école du dehors, il va falloir puiser dans la créativité et dans l’imagination pour faire émerger des pistes de propositions pédagogiques. Être capable de sortir des sentiers battus et de trouver des potentialités d’apprentissage dans le lieu étudié.

par exemple...
comment se lancer ?

Associer les sorties d'école du dehors à des contenus disciplinaires

J’ai adoré voir mes élèves coopérer, adopter un comportement responsable, s’écouter… bref, développer des CPS lors de nos séances d’école du dehors. Mais je voyais déjà les questionnements de ma hiérarchie : 

"Et les programmes alors ? Aurez-vous le temps de les traiter ?"

Dans le secondaire, nous ne pouvons pas profiter des sorties pour travailler différentes matières, ce qui rend le travail d’exploitation pédagogique d’une sortie plus facile. Aussi, il va falloir utiliser chacune des sorties pour travailler des éléments du programme, d’autant plus si vous voulez réaliser plusieurs sorties dans l’année. Pour en savoir plus, voir l'article de mon blog dédié au projet !

comment se lancer ?

Répartir les sorties en fonction des conditions météo

"Madame, c’était l’enfer !"

Voilà, en gros, le retour de mes élèves lors d’une sortie où la pluie ne nous a pas lâchés... Une vraie catastrophe pour la motivation des élèves, mais aussi pour les apprentissages, car bien évidemment, difficile de se concentrer sur les explications dans cette situation... 

Alors si on ne peut pas choisir la météo, on peut statistiquement éviter les moments les moins favorables de l’année. Pour la métropole, je vous déconseille les mois de novembre et décembre et de mars- avril, souvent plus pluvieux. Le froid n’est pas un obstacle à condition de prévoir des activités où les élèves vont pouvoir bouger - voire courir - pour se réchauffer.

Une fois les périodes favorables identifiées, vous pouvez positionner, organiser la succession de vos chapitres en veillant à bien répartir les sorties sur les mois favorables.

Il peut y avoir aussi des saisons qui sont plus propices à l’étude de tel ou tel phénomène, où le site peut être plus ou moins praticable. Intégrez-le dans votre réflexion, afin de ne pas vous retrouver empêchés sur le moment.

un exemple ?
comment je me lance ?

S'adapter aux sorties en extérieur

Quel ne fut pas mon étonnement lors des premières sorties, en voyant mes élèves chipoter pour s’asseoir sur le sol en extérieur ! Un vrai frein à toute possibilité de concentration et une bataille continuelle pour avoir tout le groupe assis en même temps… 

Et je ne vous parle pas des averses de 2 min qui suffisent à tremper tout le monde ! Eh oui, l’école du dehors, c’est s’adapter aux contraintes naturelles… Bien anticipé et équipé, ce n’est pas bien difficile.

Annuler s’il pleut 

Cela peut paraître évident, mais quand tu as préparé ta séance, que tu as calé les modalités d’organisation et mobilisé des collègues, annuler n’est pas toujours aussi simple. Pourtant, c’est impératif pour ne pas donner une image désastreuse à tout le monde de l’école du dehors. Avec des petits de maternelle toujours enthousiastes et bien équipés, je pense que c’est possible, mais avec des ados à tendance ronchons , je vous le déconseille.

Prévoir des bottes 

Si vous avez la possibilité d’en avoir par les familles de vos élèves ,c’est parfait. Dans mon établissement, seulement un tiers des élèves avaient une paire de bottes à leur taille (pourtant, nous sommes assez proches de la mer). Alors, nous avons investi dans un lot de bottes de tailles variées.

Prévoir une bâche 

Elle servira à asseoir vos élèves pour travailler dans des conditions plus sereines, mais aussi à vous protéger en cas d’averse (en mode tortue).

Avoir un accompagnateur 

C’est évident, mais en secondaire, ce n’est pas toujours simple. J’ai fonctionné cette année en demandant à des parents d’accompagner et/ou à des collègues en partant sur 2 heures de cours et en leur laissant animer une activité sur site en lien avec leur discipline. Un bon moyen d’engager les collègues à s’emparer de l’école du dehors. Tout le monde était ravi !

La bâche tout terrain in situ…

comment me lancer ?

Profiter des effets positifs sur les élèves

Il y a 2 ans, voyant l'intérêt que mes élèves portaient à notre aire éducative, j’ai fait un petit sondage à main levée : plus de la moitié des élèves s’était rendue sur le site avec leur famille ou des amis, en dehors du travail avec la classe !

Cette curiosité et la façon avec laquelle les élèves s’approprient le lieu est un formidable levier pour les apprentissages. Cela crée une telle motivation que l’attention et l’engagement dans les activités sont facilités.

Mais les élèves profitent aussi d’un moment en mouvement. Cela paraît anecdotique, mais passer 6 heures par jour assis sur une chaise ne correspond pas vraiment, ni à leurs besoins physiologiques, ni à leur envie, ni même à leur capacité de concentration (car pour certains, cela demande des efforts de rester assis, immobile).

Le groupe classe sort plus solide de ces temps de classe du dehors 

Vivre ces moments en extérieur est un bon ciment qui fédère le groupe. La coopération, l’entraide, l’autonomie et la gestion de sa sécurité, plus largement les CPS sont souvent mobilisées lors des sorties. Les élèves apprennent, progressent et c’est donc plus facile de réinvestir ces compétences ensuite en classe. 

Et enfin, le contact avec la nature apaise. Il invite à prendre son temps et du recul. Il nous relie à des choses simples, vitales, naturelles. Il permet de passer un moment agréable loin des écrans et génère une forme d’harmonie.

comment me lancer ?

Je fonctionne depuis de nombreuses années avec une programmation annuelle scénarisée. L’école du dehors est le thème qui a le plus engagé mes élèves dans les apprentissages. Cela demande pas mal d’adaptations et de temps au début pour l’enseignant.e mais vraiment cela en vaut la peine.

Le projet de nouveau socle commun  évoque la responsabilisation des élèves notamment à travers un espace de nature ou une aire éducative.  Parce qu’on protège mieux ce que l’on connait bien, et parce que les besoins physiologiques de nos élèves l’appellent, il me parait essentiel de  s’emparer de l’école du dehors dans nos pratiques !

Pour plus de conseils, vous pouvez télécharger le guide pratique complet :

 

Ségolène Paris-Lefel, professeure de sciences au collège depuis 2007, autrice du blog Le boulot pédago de Ségo

:

1 prof a trouvé ce contenu utile

PARTAGER

Commentaires

Aucun commentaire n'a encore été publié.

Vous devez être connecté-e pour publier un commentaire.

Me connecter pour réagir

utile

Des articles pratiques et concrets !


pertinent

Un contenu sélectionné par des enseignants


éclairé

Une aide dans le quotidien des enseignants


adapté

Des contenus adaptés à votre profil