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Théorique Pratique

Comprendre l'importance de la régulation des interactions sociales

Isabelle Peloux
7 septembre 2021 16:42
5 mn

Ce contenu fait partie du parcours Gérer les émotions pour favoriser l'apprentissage

Le conflit, c’est la vie.

C'est ce que nous dit Bernard André, docteur en sciences de l'éducation.
Vouloir éviter le conflit est illusoire. Il est cependant vital pour notre vie en société, avec les autres, d’apprendre à rendre ce conflit constructif, faisant place à chacun des interlocuteurs pour permettre à la diversité de nos points de vue de vivre ensemble :

« Ainsi il nous faudrait apprendre à les apprivoiser [les conflits], à les traverser, pour traverser les turbulences qu’ils créent ou laissent sur leur passage, pour tracer des chemins permettant de construire avec et malgré eux, et surtout pour éviter de les laisser dégénérer en violence, qui ne fait alors que des perdants. »
Bernard André, Les conflits c'est la vie - Oser les désaccords et avancer quand même, éditions La Boîte à Pandore.

Comprendre les mécaniques du conflit pour le comprendre et le réguler

Un conflit vient d’un désaccord, d’une mauvaise compréhension dans le lien avec l’autre. L’émotion m’indique que je suis touché : cela me fait peur, m’attriste ou me met en colère. Cette émotion se manifeste car j’ai un besoin qui n’est pas satisfait.

À l’école, nous apprenons donc à repérer les émotions, puis à les calmer pour préserver le lien à l’autre et apprendre à bien vivre ensemble. Cette gestion du bien-vivre permet, par effet de rebond à l’élève, d’être  disponible aux apprentissages

Il semblerait qu’à l’école on préfère ignorer certains problèmes avec l’espoir qu’ils disparaissent d’eux-mêmes. On entend encore trop souvent ceci dans les cours de récré :

« Madame, il y a untel qui m’embête.
_ T’as qu’à pas faire attention ! »
ou pire : « Débrouille-toi ! »

Ici, nous proposons juste d'écouter ! Écouter, ce n’est pas sauver l’autre ni toujours trouver une solution. Écouter, c’est laisser la personne qui parle organiser sa pensée, mettre du verbe, du logos sur ce qu’elle vit afin qu’elle puisse faire un pas de côté et bien souvent trouver la solution toute seule !

Écouter pour comprendre l’autre

Avant tout, je vous propose de découvrir ce qu’est l’écoute active de Thomas Gordon.
Toute la journée, on entend ce qui se passe autour de nous et, lorsque cela est utile, on écoute. Écouter est donc un geste d’attention volontaire. 

Se mettre en écoute active est un travail encore différent. Il s’agit de  mobiliser toute son écoute au service de la compréhension de l’autre. On cherche à comprendre ce qu’il a dans sa tête, sans a priori. Aller sur la colline de l’autre pour voir comment on y pense, voit…

Les principes sont simples, mais se placer en écoute active reste difficile. Il est important de s’entraîner à l’écoute active avant de l’apprendre aux enfants. En effet, nous devons prendre conscience que nous sommes habités de réponses toutes faites, de conseils, de jugements qui nous empêchent de bien écouter l’autre.

Prenons un exemple

Deux enfants se disputent. L’un d’eux vient vous voir, vous le savez maladroit et facilement bagarreur. Vous l'écoutez avec cet a priori au lieu de l’écouter activement. Cette fois-ci, peut-être n’y est-il pour rien. Il pourrait trouver votre comportement  injuste et pourrait trouver légitime de faire mal aux autres puisque, quand on lui fait mal, personne ne le protège.

Autre exemple

A tape B. Comme A est un grand bagarreur, vous défendez B sans vraiment prendre le temps d’écouter activement A. Hors ce jour-là, B l’avait taquiné verbalement, l’avait blessé. Une écoute active aurait permis d’être plus juste et de relever qu’une mauvaise blague peut être aussi blessante qu’un coup.  Bien que la blessure ne se voie pas.

Des outils au service de la régulation des conflits

Comprendre ce qui s’est passé grâce à l’écoute active permet de mobiliser trois dispositifs : le message clair, la médiation entre pairs  ou la médiation éducative.

Quelques définitions pour savoir de quoi on parle :

  • le message clair : quelqu’un m’ennuie, je vais clairement lui énoncer ce qui se passe pour moi : « Ce que tu fais m’embête et me blesse. Je te demande d’arrêter. Stop. Arrête ! » ;
     
  • la médiation entre pairs : la médiation est menée par un enfant, formé à cet exercice et mandaté par les élèves en conflit ;
     
  • la médiation éducative : l'enseignant voit une dispute importante ; il intervient pour séparer les élèves. Pour commencer, il veille à ce qu’ils ne soient pas blessés. Lorsque les émotions sont retombées, l’adulte convoque une médiation éducative pour travailler à une réparation. S’il y a trop d’émotions, il propose une médiation le lendemain, mais il ne faut pas oublier de la faire. L'enseignant porte la responsabilité de la conduite de la médiation : les élèves n’ont pas le choix. Le déroulé est identique à celui d’une médiation entre pairs, sauf que c’est l’adulte qui en porte l’intention. Attention : ne faites pas de médiation pour les petits conflits, juste pour ceux que vous pensez sérieux et qui demandent qu’interviennent compréhension et réparation.

 

Gérer les émotions dans les interactions sociales par les messages clairs et la médiation

Retrouvez cet article téléchargeable en format PDF.

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