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La problématique du bruit n’est pas moindre dans notre métier. De nombreux articles foisonnent à ce sujet, en salle des professeur·e·s on se refile des astuces pour faire baisser le volume sonore de nos classes et, à certaines périodes de l’année, on est même tenté·e·s par l’usage de bâillon !
Mais en fait, pourquoi le bruit nous "prend la tête" ? À quoi renvoie-t-il dans notre imaginaire ou notre inconscient collectif de profs ?
Soyons honnêtes, très souvent, il est assimilé au bazar, à des élèves qui n’écouteraient pas le cours, manqueraient de concentration et surtout, par effet miroir, à un professeur sans autorité, "qui ne saurait pas maîtriser sa classe" (ô infamie !) ou dont le cours serait inadapté. Et ça, ça fait du mal à notre ego d’enseignant.
Il y a bien sûr des élèves perturbateurs, des classes parfois agitées qui se mettent difficilement au travail, on ne va pas nier ces problèmes. Mais si on n’y réfléchit bien, qu’est-ce que représenterait une classe totalement silencieuse pendant une heure ? Une classe parfaitement au travail ou une classe qui s’endort ? Pourquoi les collègues s’approchent-ils de nous, gênés, en disant « Désolé·e, aujourd’hui on a fait un travail de groupe / de l’argile / une expérience d’observation / une répétition de théâtre (...), on a fait du bruit. »
Comme beaucoup, je conçois mon enseignement de telle façon que mes élèves soient actifs dans la découverte et l’appropriation des notions : je fais des dictées négociées, des débats mouvants, des séances de vocabulaire en ateliers. Et ça, c’est bruyant.
Je mets en place le tutorat, la coopération entre élèves, le travail en îlots. Et ça, c’est bruyant. Je fais des projets sur le sexisme, des séances de jeux sur la gestion des émotions, de la co-correction… Et ça, c’est bruyant.
Les premières années, j’avais un peu honte, mais aussi peur de ce qu’on allait penser et puis, avec l’expérience, j’ai compris qu’en fait, j’aime le bruit du travail ! J’aime que ça piaille grammaire entre Mohamed et Jacques sur la différence entre les homophones, que ça roucoule sur l’argumentation, que ça zinzinule quand Stefan réexplique les consignes à Mounia, que ça pépie dans un groupe d’élèves sur le bon mot à choisir pour le titre de l’exposé.
J’aime favoriser et orchestrer toutes ces interactions qui sont, pour moi, autant de traces de l’activité d’apprendre. Évidemment, ce faisant, il faut essayer de cadrer le volume sonore et pour cela, il y a de nombreux moyens à notre disposition :
Tout au long de l’année, il vous faudra d’ailleurs certainement utiliser plusieurs de ces dispositifs.
Bien sûr, certaines fois, ça ne fonctionnera pas : il y aura trop de bruit ou alors les élèves feront des digressions sur des sujets qui n’auront rien à voir avec le cours. Soit. Ce sont des inconvénients que l’on apprend progressivement à gérer. Je préfère m’y exposer et continuer encore longtemps à entendre le chant des méninges qui s’agitent !
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Je trouve que cet article qui décomplexe la présence du bruit en classe est très intéressant. Un adjoint qui passe près de votre cours, un collègue qui ouvre la porte de votre classe et qui s'interroge sur la présence de bruit dans la classe d'un collègue. Premier effet: "où est le prof? C'est quoi ce bazar? Ils ne travaillent pas ces gosses? Ils bavardent?". La question de l'autorité du prof, de sa place dans la classe et de sa réputation sont toujours centrales. Une nuance sur cet article: la forme. J'essaie d'inclure tout le monde dans la vie: mais pourquoi cette écriture inclusive qui ressemble à une écriture 2.0. et n'est pas jolie graphiquement. Mon avis.
Bonjour Laurence, merci beaucoup pour ce retour. Concernant l'écriture inclusive, notre choix éditorial se porte désormais sur les formules épicènes mais il peut arriver que vous trouviez des points médians, que nous avons préférés aux tirets et parenthèses.