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Monsieur Z est bien embêté. Car le projet de départ de cette chronique était bien de défoncer allègrement la dernière pépite de la première chaîne d’Europe. Une mini-série présentant la dernière singerie de notre beugleur au grand cœur Didier aka Joey Starr, troquant l’habit du flic désabusé pour celui de prof réenchanté. Donc un lycée, des profs, une pédagogie le lundi soir 21h15. J’avais sorti mon attirail pour sulfater « Le Remplacant » comme j’avais atomisé cette dinde de « Sam ».
Pourquoi est-il si méchant ce Monsieur Z, me direz-vous ? Parce que j’en avais marre. Marre de voir s’étaler sur nos forums péda cet OVNI filmique vraiment identifié. Parce que j’en avais marre qu’on parle de moi, de vous, de nous entre deux coupures pour le jambon Madrange. Ça m'agaçait. Donc voilà : un stylo, une gomme, une tranche de jambon et c’était parti. Et puis là...
Alors oui bien sûr, ils sont tous là :
OK. Mais au-delà de ça, il y a tout de même du gris entre ce paysage bicolore : une CPE à la cool, une directrice sympa, des élèves de Seconde pas si caricaturaux même s’ils ne vaudront jamais LES NÔTRES. Comme s’il était impossible de capter et de reproduire l’atmosphère intrinsèque d’une salle de classe. Le parler vrai. Mais je mets quand même un 7/10.
Notre film de prof de chevet, c’est toujours le cercle “ Oh capitaine mon capitaine”, paquet de kleenex en main. Mais bon, il faut bien un jour dépoussiérer nos idoles. Et ne tortillons pas du popotin plus longtemps : Nicolas Valeyre a de la gueule. Alors oui, il dort dans une caravane car bon le gel de l’indice fait des ravages. Oui, il met des tartes quand il est pas content (allez avouons que cela reste très fantasmatique, je vous vois frissonner de ce plaisir coupable). Oui, il se fait même virer à la fin comme Keating mais tout de même… Cet enseignant-là, dans la maîtrise de la classe, dans ses errements, dans son rapport avec les jeunes, dans son lexique décalé, cela fonctionne. Crédibilité. Émotion. Il se passe quelque chose. Un vrai, un beau 8/10.
Bien entendu il y a une formule magique dans les films ou séries d’école. Pour que ça fonctionne, il ne faut pas faire cours. Alors oui, on oublie tout concept de programmes, de séances ou de séquences. On va au tableau, on parle et on lance des activités disparates. Ne cherchez pas de lien ou de liant. Faut que ça expérimente et, pour cela, mieux vaut SORTIR. Keating, encore lui, l’avait déjà saisi. Si vous voulez capter vos jeunes, lancez sur le pas de la porte un “Ben alors, suivez-moi…” et là vous les amenez n’importe où :
D’où cette espèce de bilan : pourquoi ne pas supprimer la salle de classe, puisque tout fonctionne mieux ailleurs ? Vous avez deux heures. Et un 6/10.
Il n’y a rien de plus terrible que de regarder notre quotidien mimé par des « De Niro » locaux (voir low cost) et de souffler la quasi totalité du temps devant des inepties. Bon, ne rêvons pas, il y a ici aussi des aspects totalement farfelus qui font bondir un enseignant lambda de son canapé.
Par exemple, notre héros occupe des fois son temps à voir (ok espionner) ses élèves sur les réseaux sociaux, voir comment ils occupent leurs soirées. Bon d'accord, autant se crever les yeux avec des cuillères à gâteau que de faire ça le soir à la sortie d’une journée de taff.
Et pourtant, il y a parfois des phrases qui trouvent du sens à nos yeux : « La pédagogie, c’est de la manipulation soft ». Évidemment : QUI ne manipule pas impunément ses apprenants ? Qui n’a jamais menti ou torturé la vérité pour arriver à ses fins ?
Ou encore « Un projet interdisciplinaire ? Comme si on n’avait pas assez d’emmerdes… » Mon préféré. Allez un petit 7,5/10.
C’est à la mode : le Grand Oral, le chef d'œuvre... Le ministère nous fait clairement du pied en nous indiquant assez fortement que le 21ème siècle sera oralisé. Alors les plus chagrins diront que cela permet de lever le pied sur les fautes d’orthographe, « Mais vous croivez bien qu’à l’oral aussi vous en disez des erreurs ».
Je pense qu’en regardant cette mini-série, chaque enseignant, éteignant son poste, aura à cœur de participer à un concours de ce genre avec ses Troisièmes criards, ses CAP bizarres ou ses Premières babillardes. Vraiment, ça va lancer des vocations. Reste tout de même, a contrario du scénario, de ne pas forcément laisser l’élève choisir la thématique. Non parce que de l’éloquence sur les Marseillais, Jul, Tiktok ou le dernier Avengers… Enfin… après tout pourquoi pas. 9/10.
Voilà, Monsieur Z ne peut que vous conseiller donc de mater ces deux épisodes, ne serait-ce que pour en discuter entre nous en commentaire… Et puis, une salle de classe et des profs sans masque, ça ne fleure pas un peu la nostalgie ?
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