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En maternelle comme en élémentaire, consacrer du temps dans son enseignement pour les CPS est un enjeu de santé publique et une priorité affirmée de l’Éducation nationale.
Les CPS, comme la gestion des émotions, l’empathie, la coopération ou la pensée critique, participent au développement du bien-être psychique des élèves et favorisent des interactions sociales plus constructives.
Leur apprentissage est un soutien à un climat scolaire plus serein. Appuyées par les neurosciences et des approches comme la méthode SAFE, ces compétences doivent être enseignées de façon progressive et structurée.
Se former et être formé à ces démarches devient essentiel pour les enseignants, qui témoignent des effets positifs au quotidien. Car mieux se sentir, c’est aussi mieux apprendre !
Quand on parle de CPS (compétences psychosociales) aux enseignants, on peut parfois entendre tout et son contraire :
"C’est la lutte contre le harcèlement.
C’est dans l’enseignement moral et civique.
C’est encore une nouvelle mode."
Pourtant, la définition des CPS et les enjeux inhérents à leur développement sont clairs et prennent aujourd’hui appui sur des expérimentations et données scientifiques abouties.
Donc : les CPS se définissent, selon Santé Publique France, comme :
"un ensemble cohérent et interrelié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus intrapsychiques et des comportements spécifiques, qui permettent de renforcer le pouvoir d'agir, de maintenir un état de bien-être psychique (empouvoirement), de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives."
Une classification a été établie par l’OMS : 9 CPS générales, regroupées en 3 grandes familles, ont pu être identifiées :
De l’international au national, depuis 1986 et la charte d'Ottawa, les études et méta-analyses sur l’impact des CPS sur les individus alimentent la réflexion sur le développement des CPS à l’école. Toutes tendent vers un même constat : le développement des CPS de manière explicite à l’école favorise la réussite académique puis professionnelle des individus.
Le bien-être à l’école est donc bien un levier essentiel de la réussite de nos élèves. C’est pourquoi la stratégie interministérielle (2022-2037) souhaite que la Génération 2037 sortant de l’école ait pu être formée aux CPS durant sa scolarité.
Ceci est en lien avec la réponse aux besoins psychologiques fondamentaux dont parle Christophe Marsollier, IA-IPR spécialiste de la question. Mais aussi avec la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan.
Avec les enquêtes récentes sur le climat scolaire et les situations de harcèlement, nous, enseignants, sommes amenés à se former et être formés sur :
… et à faire évoluer nos gestes professionnels pour intégrer ces nouvelles données dans notre pratique quotidienne.
Alors, si nous sommes partants pour nous mettre en mouvement, faire de l’école un lieu d’apprentissage mais aussi un espace de bien-être pour les élèves, comment procéder ? Que doit-on faire évoluer ? Avons-nous le temps d’opérer cette évolution au vu de notre charge mentale quotidienne ?
Ces questions sont bien légitimes mais trouvent des réponses finalement peu coûteuses pour nous, autour d’une méthodologie de mise en œuvre : la méthode SAFE.
Voici les critères d'efficacité d'une intervention CPS selon la méthode SAFE :
Les experts de la question expliquent que les actions coup de poing, uniques, ne sont que peu efficaces dans le développement des CPS. Il s’agit donc bien d’offrir à nos élèves une dizaine d’heures d’enseignement explicites, focus, actives et structurées par année scolaire.
… Ceci en adaptant à l’âge, mais aussi aux besoins repérés par l’enseignant chez ses élèves ?
Ici, plusieurs outils vont pouvoir nous aider : Scholavie, Le Cartable des CPS, ÊtrePROF bien sûr, ou le Kit Empathie d'Eduscol. Des activités pour tous les âges, toutes les appétences, tous les besoins y sont recensées.
Les élèves construisent peu à peu leurs compétences psychosociales de manière claire, séquencée, dédiée. Ils conscientisent peu à peu leur propre fonctionnement, leur personnalité, leurs forces, leur sociabilité et peuvent ainsi apprendre à réguler leurs éventuelles fragilités avec bienveillance et sécurité.
Évidemment, c’est à la fois le bien-être individuel et le bien vivre ensemble qui sont visés, tout cela au regard d’apprentissages de plus en plus efficaces. Car on le sait, les élèves ayant des CPS développées et conscientisées obtiennent de meilleurs résultats académiques que les autres.
Au sein de ces séances totalement dédiées, ayant pour objectif de développer une CPS choisie et structurée, les élèves expérimentent, débattent, verbalisent, leurs CPS.
Peu à peu, une connaissance de soi, de son fonctionnement, de ses forces, de sa confiance en soi se met en place et permet à l’élève de percevoir qui il est de manière fine et efficiente.
Au sein des autres disciplines, nous devons aussi intégrer ce travail dans nos séquences au travers d’une double valence : l’objectif disciplinaire et l’objectif CPS.
On peut demander aux élèves de positionner sur une réglette des émotions leur ressenti vis-à-vis d’une tâche proposée. Ils peuvent la réévaluer en fin de séance et avec l'aide des pairs et de l'enseignant trouver des leviers pour améliorer le cas échéant des ressenti désagréables.
Permettre aux élèves de s’auto-évaluer positivement, ("j’ai tout de même réussi 67 % du travail demandé"), au lieu de percevoir uniquement ce qui manque ou les erreurs, est une étape à franchir.
Évaluer ses compétences cognitives avec un curseur en début de séance est aussi un indicateur qui permet à l’élève, mais aussi à l’enseignant de réguler l'activité de l’élève, de le rassurer, de lui apporter un étayage.
La réglette des émotions et le curseur de compétences : deux outils au service de l'apprentissage des CPS.
Cela ne peut que répondre aux besoins exprimés par les élèves et les enseignants et entre dans le cadre des différents référentiels institutionnels, mais aussi dans le projet de mise à jour du socle commun de connaissances, de compétences et de culture d’avril 2025, qui font des CPS un des piliers de l’école de demain.
Ces temps d’apprentissage dédiés ou intégrés ne peuvent être efficaces s’ils sont menés de manière ponctuelle. Seules la répétition de la posture, la mise en œuvre d’une méta analyse des comportement en classe et de l’évolution des pratiques pédagogiques permettront un développement efficace des CPS à l’école. Cela apaisera les conflits entre élèves, facilitera leur régulation et améliorera le climat scolaire.
Comment les impliquer, comment les acculturer à ses données institutionnelles et scientifiques sans les faire culpabiliser, sans qu’ils ne se sentent juger ?
La mutualisation de nos connaissances, des projets de classe autour des CPS, des temps de café des parents thématiques faisant intervenir des spécialistes (médecins scolaires, infirmières, enseignants spécialisés) facilitent ce travail mené en classe pour développer les CPS de nos élèves.
Les découvertes en neurosciences, en psychologie de l’enfant, et les principes de la neuroéducation s’invitent de plus en plus dans les classes. De nombreux enseignants s’interrogent sur le comment apprendre, la métacognition.
En comprenant comment fonctionne le cerveau — notamment l’attention, la mémoire, les émotions ou encore les fonctions exécutives — les profs adaptent leurs pratiques pour mieux répondre aux besoins des élèves. Nous nous sommes toutes deux intéressées aux neurosciences afin de pallier aux difficultés auxquelles nous étions confrontées au quotidien dans nos classes (difficultés scolaires, problèmes relationnels, difficultés émotionnelles).
Cette approche a des effets visibles : meilleure concentration, réduction du stress, plus grande persévérance, gestion apaisée des conflits. En classe, cela se traduit par des routines attentionnelles, des temps de recentrage, ou encore des moments pour apprendre à identifier et réguler ses émotions. Il a fallu tester les approches qui convenaient le plus à nos élèves ou à une cohorte.
L’approche par les neurosciences et les CPS ne remplace pas les autres leviers pédagogiques, mais elle les complète. Elle redonne du sens à des principes déjà éprouvés : bienveillance, confiance, répétition, coopération.
Cela donne aux équipes pédagogiques un langage commun et un socle scientifique solide pour bâtir une école plus équitable et efficace, et permet de répondre à des difficultés durables auxquelles nous n'arrivons pas à trouver de réponses depuis des années.
Former les enseignants aux apports des neurosciences et les accompagner dans la mise en œuvre de gestes professionnels éclairés devient un enjeu majeur. En tant que formatrices, nous avons pu constater les effets sur la pratique pédagogique des collègues, leur bien être et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Au-delà des apprentissages, c’est tout le climat scolaire qui s’en trouve amélioré. Une meilleure compréhension de soi et des autres favorise la coopération, l’empathie et un cadre plus serein, propice à l’épanouissement de chacun.
Les neurosciences et le développement des CPS ne sont pas une recette miracle, mais elles offrent des outils concrets et validés scientifiquement pour construire une école plus humaine, plus efficace et plus attentive aux rythmes des enfants.
Le climat scolaire ne dépend pas uniquement de la discipline ou de l’aménagement des espaces. Il repose aussi sur les relations interpersonnelles, le respect de soi et des autres, et sur la capacité à comprendre et à réguler ses propres réactions.
En intégrant la neuroéducation et l’enseignement des CPS dans notre quotidien, ainsi que dans celui de nombreuses classes d’enseignants que nous avons rencontrées, nous avons ouvert la voie à une école plus attentive aux rythmes des enfants, à leurs émotions, et à leur bien-être.
Une école où chacun trouve sa place, et où l'on apprend à vivre ensemble — de façon plus apaisée et plus consciente. Et cela se met progressivement en place, de la maternelle au lycée. C’est donc bien en faisant évoluer l’ensemble du système éducatif que les progrès se feront sentir et que la génération d’élèves de 2037 aura pu développer ses CPS.
"Depuis que j'ai intégré des séances régulières sur les compétences psychosociales dans ma classe, j'ai observé une réelle évolution dans le comportement de mes élèves. Par exemple, lors des moments de gestion des conflits, je vois que mes élèves sont en mesure d’identifier les émotions de leur camarade et peuvent faire preuve d’empathie.
Un élève qui avait des difficultés à exprimer ses émotions a progressivement gagné en confiance, et aujourd'hui, il participe peu à peu aux discussions de groupe, participe à l’oral. Avec mes élèves de moyenne section, je peux mettre en place des travaux de groupe et je vois se mettre en place différentes stratégies de coopération et de collaboration."
N., enseignante en maternelle
"Je suis convaincue de l'importance de travailler les compétences psychosociales avec mes élèves. Cette année, nous avons abordé la gestion du stress et des émotions dans le cadre de notre programme. Ces dernières années, nous constatons de plus en plus de situations de harcèlement et de difficultés relationnelles au sein des écoles.
Nous avons également mis en place des jeux de rôle, des espaces libres de discussion, une multiplication des débats et la possibilité de liberté de parole. La valorisation de chacun et la prise en compte de l’autre sont devenues centrales. "
C., enseignante en cycle 3.
Les témoignages ci-dessus illustrent comment l'intégration des CPS en classe peut transformer l'atmosphère scolaire, renforcer la collaboration entre élèves, et améliorer leur bien-être général.
Ces séances ne sont pas seulement un moyen d'améliorer la gestion des conflits ou de favoriser l'empathie, mais elles contribuent également à la réussite scolaire, en permettant aux élèves de se sentir plus à l'aise, écoutés et respectés.
En impliquant les élèves dans des activités pratiques et des moments d'échange, nous leur donnons les clés pour évoluer sereinement dans leur environnement scolaire et construire des citoyens -adultes de demain plus épanouis et heureux.
Claire Le Gall-Donot, professeure des écoles en élémentaire depuis 23 ans
Natacha Cazogier, professeure des écoles depuis 18 ans
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